Tommi Grönqvist qui en 2021 ne semblait vraisemblablement pas pressé de rempiler pour un énième album à la tête de Desecresy a néanmoins sorti deux nouveaux disques depuis. Le très bon
Unveil In The Abyss dont je vous parlais avec un enthousiasme non feint il y a de cela deux ans déjà ainsi que
Deserted Realms, nouvel album paru en septembre dernier chez Xtreem Music. Une collaboration qui malgré des moments de doutes exprimés clairement à l’issue d’une pandémie mondiale particulièrement étouffante perdure aujourd’hui depuis bientôt quinze ans. Comme quoi, remettre les choses à plat afin de se poser les bonnes questions a généralement du bon...
Mené en solo depuis le départ de Jarno Nurmi (Serpent Ascending, ex-Nerlich, ex-Slugathor...) en 2016, Desecresy continue donc son petit bonhomme de chemin dans l’ombre des plus grands aujourd’hui encore en activité mais également dans celle de ces groupes dotés d’une aura beaucoup plus sexy, qu’elle soit liée aux labels avec qui ces derniers fricotent (20 Buck Spin, Dark Descent Records, Profound Lore Records, Me Saco Un Ojo Records...) ou bien tout simplement à la résonance de précédentes réalisations encensées par à peu près tout le monde au sein de l’underground Death Metal. Un sacerdoce mené à contre-courant des « modes » et autres sensations du moment mais qui à quelques exceptions près (le moins bon
The Mortal Horizon chroniqué ici-même qui n’avait pas su convaincre aussi efficacement) s’avère pourtant particulièrement digne d’intérêt si tant est que l’on soit client de ce genre de formule portée ni sur la vitesse, la technique, la brutalité, la variété ou bien encore l’originalité...
Oui, je sais, écrit comme je viens de l’écrire, on peut comprendre qu’il n’y ait jamais eu foule pour s’intéresser à ce one-man band finlandais. Si à cela vous y ajoutez des illustrations systématiquement peu engageantes (à l’exception de celles qui ornent les deux premiers albums du groupe et que je trouve personnellement plutôt réussies), jeter intentionnellement son dévolu sur la musique de Desecresy tient en règle générale d’un bouche à oreille ayant su viser juste plus que d’un quelconque facteur chance... Cela a été le cas pour moi aussi j’espère que ce nouvel écrit saura convaincre quelques lecteurs prêts à succomber aux charmes faisandés de Tommi Grönqvist et de son Death Metal mid-tempo.
En effet, l’une des principales caractéristiques du Death Metal de Desecresy est son rythme relativement lent empreint d’un groove rampant particulièrement délectable. Originaire de Finlande, la formation porte bien évidemment en elle les traces de cet ADN si particulier ayant contribué à la spécificité de la scène finlandaise, celui de groupes tels que Demigod, Abhorrence, Depravity, Purtenance ou bien encore Slugathor dont Tommi Grönqvist a fait partie pendant un petit peu plus de dix ans. Aussi, malgré plusieurs soubresauts et autres coups de boutoir toujours très bien sentis mais qui ne s’attardent jamais trop longtemps ("Approaching Sound" à 1:48, l’entame tonitruante de "Spirits At The Cursed Ruins", "Green Monolith" à 3:21, les premières secondes bien musclées de "From Beneath The Horizon", "Shroud Of Mist" à 1:00, "Deserted Worlds" à 1:51), attendez-vous à dodeliner tranquillement de la tête plutôt qu’à vous rompre les cervicales comme des demeurés...
Mais ce groove, aussi redoutable soit-il, n’est pas le seul facteur de réussite de Desecresy. Il convient en effet d’y ajouter un riffing conquérant qui, s’il n’a jamais rien eu de bien compliqué à faire valoir, possède un côté belliqueux et lourd comme un char d’assaut qui naturellement n’est pas sans évoquer encore une fois mes chouchous de Coventry. En effet, le parallèle avec Bolt Thrower semble une fois de plus inévitable ici, que ce soit effectivement à travers ces riffs plombés et finalement très répétitifs contribuant à donner l’impression de se faire rouler dessus ("Approaching Sound" à 0:48, "Spirits At The Cursed Ruins" à 0:57, "The Cosmic Crypt" à 1:19, "Shroud Of Mist" à 1:24, « Deserted Worlds » à 1:36…) ou bien à travers tout ces leads sinistres et désabusés qui ponctuent chaque titre ("Approaching Sound" à 1:06, 2:20 ou 3:28, "Spirits At The Cursed Ruins" à 1:59 et 3:50, toute la première partie de "Dark Chambers" puis de nouveau plus loin à compter de 2:55 , "Green Monolith" à 0:29, 1:50 et 3:55, "From Beneath The Horizon" à 0:57 et 3:08 et ainsi de suite jusqu’à l’issue de ces trente neuf minutes). Certes, Desecresy se contente en effet de se reposer uniquement sur ses acquis mais il le fait avec tellement de réussite qu’on ne peut lui en tenir rigueur.
Hormis quelques bidouillages synthétiques amenés ici dans le but d’étoffer ces atmosphères désolées et solitaires, on ne peut pas dire que
Deserted Realms apporte quoi que ce soit de nouveau à la discographie de Desecresy. Ceci étant dit, après un coup de mou compréhensible (difficile effectivement d’être constant avec une productivité comme celle de Tommi Grönqvist) qui lui avait valu à l’époque un disgracieux 6,5/10, le groupe finlandais nous a prouvé depuis maintenant deux albums que celui-ci n’était heureusement que passager. Alors ce n’est pas encore aujourd’hui que Desecresy ira susciter "hype" et autres chroniques dithyrambiques à son sujet mais pour tous les amateurs de Death Metal mid-tempo belliqueux et conquérant le cul coincé entre Bolt Thrower et la scène Death finlandaise du début des années 90, nul doute que cette "nouvelle" livraison devrait faire mouche. Et si ce nouvel album n’est peut-être pas tout à fait aussi convaincant que son prédécesseur, celui-ci n’en reste pas moins particulièrement plaisant.
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