Anatomical Amusements - Corporal Kaleidoscope
Chronique
Anatomical Amusements Corporal Kaleidoscope
Ayant récemment bouclé la discographie de Pharmacist, je peux désormais m’atteler à la chronique du premier album d’Anatomical Amusements qui me faisait de l’oeil depuis déjà un petit moment. Naturellement, j’aurai pu m’en charger depuis belle lurette mais la vérité c’est que je m’étais juré d’en finir d’abord avec Pharmacist avant d’évoquer avec tout tout autre projet lié de près ou de loin à sa tête pensante, monsieur Kyrylo Stefanskyi.
Originaire de Tokyo, Anatomical Amusements se révèle au grand public en juin 2022 avec la sortie de Corporal Kaleidoscope sur le label tchèque Bizarre Leprous Production. C’est à ce moment là que l’on apprend qu’il s’agit du groupe de celui qui se fait ici appeler SK et que pour l’occasion il est accompagné d’un batteur de chair et de sang en la personne de Takahiro Okada. Un line-up qui ne doit rien au hasard puisque les deux garçons évoluent déjà ensemble depuis un moment au sein du groupe Crash Syndrom.
Alors on aurait pu croire que l’idée de monter un nouveau groupe serait l’occasion pour Kyrylo Stefanskyi d’explorer et découvrir de nouveaux horizons mais il faut croire que lui non plus n’avait pas spécialement envie de se risquer à autre chose que ce qu’il sait faire le mieux. Du coup, pas de surprise puisqu’entre le nom du groupe, le titre de l’album, celui des chansons et l’artwork signé une fois de plus Adam Medford aka Strange Creature Collages, vous serez ici comme à la pharmacie... Car c’est une fois encore du côté de Carcass que verse Anatomical Amusements, ce dernier rendant une fois de plus hommage à la période allant de Necroticism - Descanting The Insalubrious à Heartwork.
Produit par Kyrylo Stefanskyi et enregistré au Void)))Lab Studio de Tokyo, Corporal Kaleidoscope bénéficie d’une production relativement similaire à celles des dernières sorties de Pharmacist. Seule différence de taille, cette batterie tenue par Takahiro Okada qui a le bon goût de ne pas sonner comme une boîte à rythme mais bien comme cet instrument qui, avouons-le, fait tout de même cruellement défaut au vrai-faux duo.
Bouclé en un tout petit peu plus de trente-six minutes, ce premier album renoue également avec ces compositions au long-cours puisqu’à l’exception d’un "Decay Fever" expédié en tout juste deux minutes, Kyrylo Stefanskyi et Takahiro Okada prennent le parti de s’exprimer sur des compositions s’étalant entre cinq et dix minutes. Bien que la durée allongée de "Close The Chapter - Farewell In Crematory Stoves" puisse paraître surprenante, rappelons tout de même que le groupe de Liverpool était déjà largement coutumier du fait, notamment sur leur troisième album Necroticism - Descanting The Insalubrious.
Bref, vous l’aurez compris, ce premier album d’Anatomical Amusements n’a rien de bien nouveau à proposer lui qui s’inscrit dans la continuité des précédents travaux de Pharmacist qui eux-même doivent tout ou presque aux Anglais de Carcass... La formule est ainsi la même avec ce mélange d’accélérations Punk et de fulgurances bien plus soutenues (les premiers instants de "Decay Fever", "Fatal Scenarios" à 1:22, "Trends In Pathology" à 1:35, l’introduction en fanfare de "Suppurative Fugues And Purulent Etudes" et j’en passe), de séquences aux mid-tempos ciselés et au groove particulièrement contagieux ("Decay Fever" à 0:35, "Fatal Scenarios" à 0:37 et 3:38, les premières notes de "Trends In Pathology" ou bien un petit peu plus loin à compter de 1:55, "Close The Chapter - Farewell In Crematory Stoves" à 2:58...), de riffs nerveux qui tricotent à qui mieux-mieux et bien évidemment de mélodies à l’efficacité chirurgicale (l’excellente introduction de "Fatal Scenarios" ainsi qu’à partir de 2:52, "Trends In Pathology" à 3:16, "Suppurative Fugues And Purulent Etudes" à 4:04, "Cadaverism" à 4:24). Pour exécuter ce dernier point, Kyrylo Stefanskyi a fait appel non pas à Andrew Lee, musicien américain (Azath, Ripped To Shreds...) largement mis à contribution chez Pharmacist, mais au Coréen Chuck Jenga des groupes Butcher ABC et Fecundation. Ce dernier, entre leads et solos de très bonne facture, signe là un travail soigné qui évidemment entretien ce lien entre la musique d’Anatomical Amusements et celle de Carcass.
Surprenant dans la mesure où l’on ne pensait pas voir débarquer Kyrylo Stefanskyi avec un projet aussi proche que ce qu’il fait déjà avec Pharmacist mais aussi parce qu’il y fait cette fois-ci appel à un véritable batteur qui, reconnaissons-le, change tout de même pas mal la donne, Corporal Kaleidoscope navigue pourtant en terrain connu. Cependant, cela n’enlève rien à son charme ni à ses qualités évidentes qui font de lui un premier album particulièrement solide, offrant en effet à l’auditeur une relecture aussi fidèle qu’efficace du Carcass de la grande époque. Si vous êtes alors sensible à ce genre de Death Metal clinique, jeter une oreille attentive à ce premier album devrait s’avérer une idée des plus judicieuses. Une décision que vous ne devriez pas avoir à regretter.
| AxGxB 6 Mars 2023 - 619 lectures |
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