Après un début de carrière compliqué et une longue période d’inactivité le quatuor de Bologne a enfin trouvé sa vitesse de croisière, et semble désormais pressé de rattraper le temps perdu vu qu’il nous gratifie dorénavant d’une sortie chaque année au printemps. Après l’excellent long-format « Speech Of The Flame » en 2016, c’est le tout aussi réussi EP
« Seal Of Phobos » qui a vu le jour l’an dernier à la même période et finissait de convaincre les derniers sceptiques sur le renouveau et la pérennité du combo. Affublé désormais d’un line-up solide il confirme sa créativité avec ce troisième album, qui bien que reprenant les mêmes bases du Death floridien des années 90, montre également une facette plus éthérée et spatiale qui va surprendre au départ, mais finalement se greffer parfaitement à sa musique qui allie touche personnelle et hommage à un genre décidemment en plein renouveau.
Cependant si les italiens évoluent avec le temps ils n’en oublient pas (et heureusement) la brutalité et l’efficacité, et le moins que l’on puisse dire c’est que cette nouvelle offrande va démarrer en fanfare car « Victorious » en à peine trois minutes chrono, balance la sauce de manière frontale et directe. Pas de place ici pour du sentiment vu que pendant toute la durée ça envoie un mélange de blasts et de parties rapides où la double est ultra-présente, avec en prime des passages mid-tempo assez remuants où l’efficacité prime sur la subtilité, le tout avec une voix qui n’est pas sans rappeler à certains moments celle de Mark Grewe (ex MORGOTH). Après ce départ en trombe la vitesse va rester élevée avec le surpuissant « Sunken Temple Of Initiated » qui va conserver cette orientation franche et radicale (avec entre autres l’apparition de hammerblast) où le jeu précis et en mouvement de Gianmarco Agosti derrière son kit fait des merveilles, tout en montrant un léger virage plus aérien notamment par les solos nombreux et mélodiques. Ceux-ci vont être un des gros points forts de cet opus, car rarement les transalpins se sont autant lâchés dans cet exercice, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils apportent une vraie plus-value à l’ensemble, étant à la fois d’une précision redoutable tout en rajoutant une touche de lumière dans cet océan de noirceur, sans jamais tomber dans le surplus de technique, à l’instar des parties rythmiques.
En effet sur « Third And Last » les gars ont sorti l’artillerie lourde tant ici les variations sont de mise et montrent ainsi deux facettes opposées où la lourdeur prend plus de place qu’auparavant, ce qui se confirme avec le morceau-titre aux nappes de claviers discrètes mais perceptibles. Car hormis un court moment d’excitation durant lequel les leads vont retentir, les deux extrémités vont rester bien plus lentes et étouffantes que tout ce qui a été entendu jusque-là, osant ainsi le grand écart au niveau du rythme dont le résultat est à la hauteur de la prise de risques. D’ailleurs hormis les brutaux et réussis « Sacrificial Journey » et « The Fist » qui ne débandent pas un instant, la suite va rester sur ce schéma de montée en pression progressive avec tout d’abord le plus mélodique « The Empire Burns » où l’alternance ne cesse de se mettre en valeur, tout en conservant la force de frappe et l’explosivité globale. Ce constat va s’affirmer encore plus durant le triptyque de conclusion intitulé « Last Angel » qui va pousser plus loin la ligne directrice de ses créateurs, en premier lieu sur « (Into The Unknown) » qui outre l’absence de blasts inclut même quelques influences Thrash bien marquées au niveau du jeu de batterie comme du riffing rapide et énervé, tout en n’oubliant pas des passages marqués par un tapis de double écrasant et toujours ces solos nuageux et planants, qui tranchent avec l’agressivité générale. Sur « (The Psychonaut) » c’est le côté martial qui ressort au début comme à la fin, le tout entrecoupé de quelques fulgurances au milieu d’un océan d’étouffement qui ravage tout sur son passage, sans jamais en faire trop en durée comme en quantité, avant qu’en guise de clôture « (Hades Horseman) » ne pointe le bout de son nez, histoire d’offrir une ultime dose de plaisir joué à fond. Ici on pense que l’album va se terminer comme il a commencé car c’est une vraie déferlante de fureur et de solos qui arrive de tous les côtés, juste ralentie en son milieu par un calme de courte durée et par une outro au piano qui emmène l’auditeur loin vers les étoiles, comme après l’explosion d’une supernova où la galaxie retrouve son silence assourdissant.
Après trois-quarts d’heure on ne peut que s’incliner devant le boulot effectué par le groupe qui signe tout simplement sa meilleure sortie à ce jour, sa plus homogène, surprenante et personnelle. Sans souffrir de longueurs inutiles ni être remplie de passages moins inspirés, cette galette trouve l’équilibre parfait entre les différentes envies et influences de ses géniteurs, qui correspondent à la thématique présente sur la pochette. Avec en prime une production naturelle et équilibrée qui met en valeur chacun des instruments sur un même pied d’égalité (et qui sonne moins synthétique que celle du dernier EP en date), on est en présence d’une des grosses sorties Death de cette année, et surtout on a la sensation que la bande a franchi un cap (que l’on sentait déjà poindre l’an dernier). Ceci n’est d’ailleurs que justice pour le fondateur et guitariste Massimiliano Elia qui après tant d’années d’obstination et de motivation intacte voit logiquement ses efforts récompensés, lui qui n’a jamais renoncé malgré tous les coups durs auquel il a eu à faire face, et auquel il faut rendre un grand coup de chapeau.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo