Si de prime abord les trois garçons d’Of Feather And Bone ne paient pas de mine, quiconque les a déjà vus sur scène sait pourtant à quel point le groupe de Denver s’avère être une machine de guerre absolument redoutable. Et quand je dis "redoutable", sachez que je pèse mes mots… Aussi, après un deuxième album voyant le groupe bifurquer d’un Hardcore des plus virulents (
Embrace The Wretched Flesh) vers un Death Metal particulièrement impitoyable (
Bestial Hymns Of Perversion), les Américains confirment aujourd’hui ce changement de cap avec la sortie de
Sulfuric Disintegration, troisième album paru il y a quelques jours sur Profound Lore Records.
Soucieux d’apporter un brin de fraîcheur à une recette qui n’a pourtant pas changé d’un iota depuis l’album précédent, Of Feather And Bone s’est adjoint ici les services du producteur Arthur Rizk (Black Curse, Eternal Champion, Power Trip, Inquisition, Tomb Mold...). Résultat des courses,
Sulfuric Disintegration bénéficie d’une production toujours aussi abrasive bien qu’elle soit dorénavant moins dense et opaque que celle de
Bestial Hymns Of Perversion. Si la lisibilité et la compréhension s’en trouvent ainsi améliorées, le travail d’Arthur Rizk n’a pas estompé pour autant le caractère intense et explosif qui faisait le charme (au moins en partie) de son prédécesseur. Néanmoins, je trouve que celle-ci manque tout de même un peu de personnalité et qu’elle aurait méritée d’être un peu plus travaillée, notamment sur ce son de batterie trop plat et quelconque à mon goût. Certes le sentiment d’en prendre plein la tronche n’est pas diminué pour autant mais une oreille attentive au son du couple caisse claire / grosse caisse laisse tout de même un petit goût amer dans le fond de la gorge.
Plié en tout juste trente minutes (et dix-neuf secondes), ces six nouvelles compositions renouent ainsi sans grande surprise avec ce Death Metal intransigeant et excessif dont l’intensité doit encore aujourd’hui énormément aux premières heures Hardcore du trio. On va effectivement retrouver dans la musique d’Of Feather And Bone cette énergie et cette force explosive des débuts, que ce soit dans ce jeu de batterie frôlant constamment l’hystérie, dans ce riffing particulièrement nerveux ou dans cette manière d’amener ces transitions brise-nuques toujours aussi bien senties. Un héritage passé depuis quelques années à la moulinette Death Metal mais qui n’en reste pas moins perceptible tout au long de cet album mené bille en tête.
Comme cela a été évoqué un petit peu plus haut, rien n’a changé du côté des Américains qui nous servent ici la même tambouille toujours aussi épaisse et bouillonnante. Mené la rage au ventre avec à chaque instant la furieuse envie d’en découdre,
Sulfuric Disintegration ne fait ainsi aucun cadeau. On trouve évidemment là encore quelques séquences plus modérées permettant notamment, malgré cette lourdeur qui s’en dégage, de sortir l’espace d’un instant la tête de l’eau ("Regurgitated Communion" à 2:49, "Entropic Self Immolation" à 3:49, "Noctemnania" à 2:30, les premières selon des plutôt tranquilles de "Consecrated And Consumed" ainsi qu’à 3:09, "Sulfuric Sodomy (Disintegration Of Christ)" à 3:25, "Baptized In Boiling Phlegm" à 3:06) mais ces moments sont finalement si brefs qu’en dépit de leur bienfaits avérés c’est comme s’ils n’avaient jamais existé. L’auditeur subit alors les attaques incessantes d’un trio remonté à bloc et bien décidé à nous faire mordre la poussière à coups de riffs sinistres et diaboliques exécutés à toute berzingue, de blasts punitifs quasi ininterrompus et autres accélérations particulièrement soutenues. Une débauche de violence excessive qui ne connait pas la demi-mesure et s’avère de fait des plus jouissives.
Sans bouleverser la donne, on note enfin que le guitariste Dave Grant s’autorise désormais, outre quelques descentes de manche à la Revenge, une tripotée de solos plus ou moins chaotiques tout au long de l’album ("Regurgitated Communion" à 2:42, "Entropic Self Immolation" à 2:14, "Consecrated And Consumed" à 3:09 et 4:14 ou "Baptized In Boiling Phlegm" à 1:39). L’apport mélodique, bien que limité, n’est pas anodin d’autant plus qu’à la manière de ces quelques séquences plus mesurées, ces derniers apportent un léger bol d’air frais lors de ces attaques radicales menées le couteau entre les dents !
Impitoyable de bout en bout,
Sulfuric Disintegration monte ici d’un cran dans le degré de sauvagerie déployé par Of Feather And Bone, en grande partie grâce à cette lisibilité accrue et ces quelques solos évoqués un tout petit peu plus haut. Alors pourquoi au moment de faire les comptes celui-ci n’arrive-t-il pas à surpasser, même de peu, son prédécesseur ? Et bien justement à cause de cette même production que je trouve un peu trop proprette et qui souffre de la comparaison avec celle beaucoup plus dense et compacte de
Bestial Hymns Of Perversion mais également à cause de ce son de batterie quelque peu feignant et qui manque selon moi d’attaque et de dynamisme. Certes, ça cogne fort, tout le temps, partout, mais on aurait vraiment aimé se sentir écrasé par cette batterie. Quand on sait comment Preston Weippert, freluquet aussi sympathique que talentueux, cogne comme un sourd sur son instrument, il est dommage d’en arriver à faire ce genre de constat… Malgré ces quelques critiques,
Sulfuric Disintegration n’en demeure pas moins un très bon album défouloir qui en l’espace de trente minutes ne manquera pas de mettre KO les plus coriaces d’entre vous. Sauvage !
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo