Of Feather And Bone - Bestial Hymns Of Perversion
Chronique
Of Feather And Bone Bestial Hymns Of Perversion
Originaire de Denver dans le Colorado, Of Feather And Bone a débuté sa carrière en 2012 comme un groupe de Punk/Hardcore avant d’entamer quatre ans plus tard un virage vers des sonorités beaucoup plus Death Metal. Un changement de cap qui va lui permettre de signer un deal avec les Canadiens de Profound Lore Records pour la sortie au printemps dernier d’un deuxième album intitulé Bestial Hymns Of Perversion.
L’aura du label étant ce qu’elle est, nombreux sont ceux à s’être penchés avec intérêt sur le cas de ces Américains jusque-là ignorés. Il faut dire aussi que l’artwork de Stefan Todorović, actuel chanteur de Gorgoroth mais également illustrateur à ses heures perdues sous le pseudonyme de Khaos Diktator Design (Arditi, Nordjevel, Oraculum, Saor...) a su attiser la curiosité d’un certain nombre d’entre nous. Quoi qu’il en soit, on ne peut nier que ces deux facteurs ont été des éléments déterminants dans le développement de la carrière du trio dont le nom a pas mal circulé l’année dernière (en tout cas beaucoup plus que durant ses cinq premières années d’existence).
Enregistré par Steve Goldberg de Cephalic Carnage et masterisé par Dan Lowndes de Cruciamentum, Bestial Hymns Of Perversion bénéficie d’une production moderne et compacte qui s’inscrit parfaitement dans l’air du temps en offrant une certaine puissance à l’ensemble sans pour autant dénaturer l’atmosphère cauchemardesque qui se dégagent de chacune de ces sept compositions. En cela, la batterie conserve un son très naturel alors que les guitares possèdent cette nature tourbillonnante et infernale que l’on va retrouver chez des groupes tels que Portal, Antediluvian, Mitochrondrion, Abyssal et toute la compagnie…
Auteur d’un disque expéditif (trente-deux minutes, pas plus), Of Feather And Bone ne s’embarrasse que de bien peu de fioritures puisqu’à l’exception de ces samples de mouches en guise d’introduction ("Repulsive Obscurity" et de conclusion ("Throne Of The Serpent"), rien ne vient bêtement surcharger cette petite demi-heure déflagratoire. De même, le trio de Denver ne cherche pas à faire preuve d’une grande originalité mais plutôt à marquer le coup grâce à une succession de compositions toutes plus efficaces et redoutables les unes que les autres. Alors certes, Bestial Hymns Of Perversion montre ses faiblesses assez rapidement (un manque flagrant d’originalité, une personnalité réduite à peau de chagrin) mais si ce critère de sélection n’en est pas un pour vous, je vois mal ce qui pourrait alors vous empêcher d’apprécier ce nouvel album.
Après avoir pratiqué durant quelques années un Punk/Hardcore sombre et virulent pouvant faire penser à des groupes tels que Nails, All Pigs Must Die ou Cursed, Of Feather And Bone a donc choisi de revoir sa copie afin de se réorienter vers un Death Metal qui va naturellement conserver certaines de ses premières prédispositions tout en les adaptant à un propos plus lourd et oppressant. Le groupe conserve ainsi cette dynamique qui caractérisait ses premiers enregistrements ainsi que ces guitares (dont on discerne encore quelques réminiscences Punk/Hardcore) au son très gras et ces larsens que l’on retrouve beaucoup chez les quelques groupes précités. Une approche explosive marquée notamment par des accélérations et des passages rapides pas très finauds (blasts pied au plancher, tchouka-tchouka entrainants, riffs qui tourbillonent) mais alors particulièrement efficaces. Têtes dans le guidon, les trois américains blastent, grattent et éructent le tout avec un sentiment d’urgence évident et palpable à chaque instant ou presque. Car Of Feather And Bone n’est pas non plus sans lever le pied de temps à autre, notamment lors de séquences plus martiales qui me font parfois un peu penser à Revenge (le break de "Repulsive Obscurity" à 3:49, "Throne Of The Serpent" à 2:57) ou de passages tout simplement plus lourds ("Resounding From The Depths" à 0:57 et 3:01, "Lust For Torment" à 0:56 et 2:18, la dernière partie de "Mockery Of The Ascension", "Pious Abnormality" à 0:38...).
On a donc vu pire comme reconversion même si quelques-uns y verront peut-être un certain opportunisme. En tout cas, le Death Metal pratiqué ici par Of Feather And Bone possède largement de quoi convaincre les moins réfractaires d’entre vous. Sa recette n’est pas nouvelle et encore moins originale (grosso modo un mélange de Nails et de Portal) mais le contenu est suffisamment bien fait pour se laisser séduire au moins le temps de ces trente-deux minutes menées le couteau entre les dents. Bestial Hymns Of Perversion est un album dynamique et suffisamment varié pour faire de chaque écoute un moment agréable pour tenter de se débarrasser de ces quelques kilos superflu après les fêtes de fin d’année. Probablement pas l’album de l’année mais une bonne charge de violence condensée.
| AxGxB 8 Janvier 2019 - 1465 lectures |
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