Suffering Sights - When Sanity Becomes Insanity
Chronique
Suffering Sights When Sanity Becomes Insanity
Honteux. Oui, c’est le mot. Honteux d’avoir mis autant de temps à pondre cette chronique alors que pas loin d’une année s’est écoulée depuis la sortie du premier album des prodiges chiliens (vise le pléonasme) de SUFFERING SIGHTS, When Sanity Becomes Insanity chez Burning Coffin Records. D’autant plus honteux qu’on s’y met à deux pour en accoucher. La sempiternelle mauvaise foi des chroniqueurs nous fera dire que nous avons volontairement attendu pour coller à leur actualité, certes confidentielle, en annonçant la bonne nouvelle aux amateurs européens : ladite pépite est rééditée ce jour par le label allemand Dying Victims Productions (CD et vinyle).
Revenons au 27 septembre 2021 : l’orage gronde en Amérique du Sud, la tempête fait rage et un vent furieux apporte jusque dans nos contrées une tourbillonnante création de Death Metal, rageuse, fougueuse, d’une fraîcheur incomparable. Old School ? Sur le qui-vive, mais prudents : les étiquettes OSDM ou Proto-Death Metal ont bien trop souvent été collées sur tout et n’importe quoi. Mais dans le cas présent, il ne nous viendrait pas l’idée de contredire, on est en plein dedans, pas de doute possible, et saperlipopette, qu’est-ce que c’est bon !
Décomplexé, c’est le premier mot qui vient à l’esprit quand on pense à SUFFERING SIGHTS. Mate la photo de nos quatre lascars, et comprends que l’on a affaire à des minots : au moins deux d’entre eux sont nés au début du troisième millénaire selon les infos dénichées sur Metal Archives. Fichtre ! Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas à rougir de leur évidente juvénilité, ils mettent même à l’amende une palanquée de vieux briscards sûrs de leur souveraineté, les reléguant au rang de cacochymes au seuil de la maison de retraite. La jeunesse ne fait pas tout. Sinon, elle ne tiendrait pas la distance. Dans le cas présent, elle est même loin devant et a laissé les encroûtés et les feignants derrière eux sur le bord de la route. SUFFERING SIGHTS est la preuve vivante que l’on peut saisir, comprendre, assimiler et digérer l’essence de ce Death Metal primitif, encore fortement mâtiné de Thrash (dans son registre le plus technique) sans en avoir vécu la genèse, ni singer bêtement les maîtres incontestés du genre. Cette jeunesse nous scotche littéralement par son assurance bravache, sa fougue généreuse, qui relève d’ordinaire de l’instinct et de l’inné.
Quand à cela s’ajoute un efficient travail sur les compositions, foisonnantes d’idées, ne laissant aucune place à la moindre baisse de régime ou d’intensité, que l’on serait aussi bien en peine de juger dénuées de finesse et de subtilités, un riffing agressif et riche à vous démonter la caboche (le final de "The Great Filter", maman mes cervicales !) et une rythmique, jamais chiante, à l’efficacité redoutable, et par-dessus tout ça, ce chant hargneux, qui bien que dégoisé en angliche, transpire cette sauvagerie toute sud-américaine… Alors, qui pourra résister ? D’autant que la production elle aussi fait un sans-faute, technique comme artistique, alliant naturel, tradition, dynamique et percussion.
Non contents d’avoir mis toute la hardiesse dont ils étaient capables dans ces dix titres (Pfiou ! Cette ouverture tapageuse sur le titre éponyme !), les Chiliens se paient en plus le culot d’être d’excellents techniciens : en témoignent les savoureuses lignes de basse (Non, mais tu l’as écouté sur "Desperate Search", ou bien encore sur le petit bijou final "Corrupted Childhood "?!... ici on en a encore des frissons) et les nombreuses leads et soli, dont on ne raffole pourtant pas habituellement, mais qui sont judicieusement mêlés à l’intérieur des compositions, formant un tout franchement ébouriffant. Vraiment, ils ont placé la barre très haut, les saligauds ! De quoi faire enrager pas mal de monde au sein de la pléthorique concurrence.
Tu l’as d’ores et déjà compris, ce premier opus nous a immédiatement conquis, et malgré un nombre incalculable d’écoutes, la flamme n’a pas vacillé une seule fois depuis. Preuve d’une réussite totale, fruit d’un travail acharné fourni par de véritables passionnés, pétris de talent, maîtrisant à la fois l’écriture et la technique instrumentale, dévoués à la cause avec une foi inébranlable, quelque peu insolents, mais sans une once de fatuité. When Sanity Becomes Insanity serait-il le Beneath the Remains de la nouvelle génération de metalleux en devenir ? Un brillant objet musical capable de faire sortir les vieux de la vieille de leur catatonie nostalgique ? Les deux, sans l’ombre d’un doute.
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