Depuis la sortie de l’excellent
Primordial Malignity il y a un peu plus d’un an, les Canadiens de Tomb Mold ont doublé leur effectif, changé de label et sorti un deuxième album intitulé
Manor Of Infinite Forms. Devant tant de changements aussi soudain et face à ce que certains pourraient voir comme de l’empressement, il était facile d’imaginer le pire quant à la suite des événements. Fort heureusement il n’en est rien puisque ce nouvel album marche avec un naturel déconcertant dans les pas de son prédécesseur, c’est-à-dire avec autant de talent, de fraîcheur et d’efficacité que ce premier album qui m’avait fait alors si bonne impression.
Sorti sur 20 Buck Spin Records et illustré par le torturé Brad Moore (Argus, Morpheus Descends, Züül…), ce deuxième album marque officiellement le début de cette première collaboration entre le duo Max Klebanoff/Derrick Vella, membres fondateurs de Tomb Mold, et les deux petits nouveaux fraîchement débarqués que sont Payson Power (guitare) et Steve Musgrave (basse). Cependant, et vous l’aurez déjà compris, leur arrivée n’est pas synonyme de grands bouleversements puisque les seuls maîtres à bord et aussi uniques compositeurs restent bel et bien la paire Klebanoff/Vella.
Produit par Arthur Rizk (Power Trip, Pissgrave, Inquisition, Eternal Champion...),
Manor Of Infinite Forms bénéficie d’une production limpide mais au caractère bien trempé. Si l’on reste ainsi assez proche dans l’esprit de ce que proposait déjà le groupe sur son prédécesseur (growl caverneux bardé de réverb et légèrement en retrait dans le mix, basse saturée ultra Punk, riffs nerveux et abrasifs ainsi qu’une impression générale de masse dégoulinante et rampante), le producteur américain a néanmoins permis à Tomb Mold de franchir un cap supplémentaire en leur offrant un son particulièrement lourd et imposant. Bien plus que sur
Primordial Malignity qui pourtant n’avait déjà pas spécialement à rougir en la matière.
Ainsi doté d’une production en béton armée, tout en puissance et à la lisibilité sans faille, Tomb Mold va se "contenter" de reprendre les choses là où ils les avaient laissés l’année dernière en mettant une fois de plus l’accent sur la qualité des riffs et sur ce groove insolent. Et à ce titre, les exemples sont légions. De "Manor Of Infinite Forms" (0:51 et 2:44) à "Blood Mirror" (2:38 et 4:43) en passant par "Abysswalker" (0:27), "Final Struggles Of Selves" (2:44) ou bien encore "Gored Embrace (Confronting Biodegradation)" (3:10), il y a peu de chance pour que vous restiez de marbre face à ce genre de séquences fiévreuses donnant envie de chalouper. Surtout que Tomb Mold n’est jamais là où on l’attend. S’il donne l’air de pratiquer un Death Metal relativement classique empruntant aux standards finlandais des années 80/90 (Adramelech, Funebre, Purtenance, Demilich...) et américains (le parallèle avec Autopsy ne m’avait pas sauté aux oreilles sur le premier album alors qu’il est pourtant assez évident, notamment dans cette approche finalement très dépouillée), on constate assez vite que la structure rythmique de chaque morceau est bien souvent assez inattendue et en tout cas plutôt imprévisible d’autant plus que les titres se sont largement allongés dans la durée (on passe de titres souvent en dessous des quatre minutes à des morceaux flirtant en moyenne au-delà des cinq minutes si ce n’est plus). Ainsi les séquences mid-tempo (rampantes ou plus groovy) se succèdent aux passages plus soutenus (blasts, tchouka-tchouka, chaotiques...) sans forcément crier gare, insufflant à l’ensemble une frénésie particulièrement appréciable.
Après la question du rythme largement développée ci-dessus, passons à celle des riffs qui constituent généralement le nerf de la guerre car, et vous le savez déjà, il n’existe pas de bon album sans bons riffs (j’attends vos contre-exemples avec impatience). Heureusement, Tomb Mold se présente comme un très bon pourvoyeur en la matière et n’a jusque-là jamais eu à souffrir de riffs moyens.
Manor Of Infinite Forms regorge ainsi de moments d’anthologie comme ces riffs incroyables sur "Manor Of Infinite Forms" (0:51 et 2:44) et "Abysswalker" (0:27) qui puent le souffre et les profondeurs inquiétantes de la Terre. Il y en a d’autres, plein d’autres, tout au long de ces quarante minutes et je ne vais pas passer mon temps à tous vous les citer. On appréciera également le travail de Derrick Vella sur tous les solos et autres leads de l’album. Pas forcément toujours très longs, ces derniers amènent avec eux un vent chaud et putride là encore du meilleur effet ("Manor Of Infinite Forms" à 2:35, "Blood Mirror" à 3:20, la toute fin d’"Abysswalker" et de "Final Struggles Of Selves", "Chamber Of Sacred Ootheca" à 3:42... Autant de passages à voir ses poils se hérisser tout en faisant un brin de air guitar en toute décontraction…
Si peu de temps entre deux albums aussi réussis, s’en est presque indécent. Pourtant il faut bien se rendre à l’évidence tant il ne fait aucun doute que les Canadiens de Tomb Mold viennent d’accoucher de leur meilleur album à ce jour et très probablement de l’un des meilleurs albums de Death Metal de l’année 2018. Plus lourd et beaucoup plus dominateur, plus approfondi aussi avec des morceaux denses, relativement longs et fourmillant de séquences différentes et cependant cohérente, une frénésie quasi constante...
Manor Of Infinite Forms est assurément l'album de la confirmation pour Tomb Mold. Encore une fois, chapeau bas messieurs.
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