Sorti en catimini au printemps 2022 en autoproduction,
Aperture Of Body est un EP de Tomb Mold longtemps resté proposé au seul format cassette. Cependant, en dépit de trois pressages différents dispensés en l’espace de trois mois seulement, nous étions encore nombreux à exprimer une certaine frustration à l’égard de cette unique proposition matérielle. Des "pleurs" et autres "lamentations" vraisemblablement entendus puisqu’un an plus tard (septembre 2023), 20 Buck Spin annonçait un pressage vinyle limité afin de satisfaire à la demande de tous les collectionneurs incapables de se contenter d’une page Bandcamp ou d’une modeste cassette... Une annonce accueillie avec enthousiasme et qui, malgré un certain retard, me donne aujourd’hui l’opportunité de me pencher enfin sur cette sortie jusqu’ici passée sous silence.
Pour ma défense, je n’aime pas le format cassette et j’étais surtout convaincu à l’époque de sa sortie que les trois titres qui y figurent seraient présents sur le quatrième album de la formation. Cependant, 20 Buck Spin n’a pas manqué de mettre rapidement les choses au clair en précisant que ce n’était pas le cas faisant ainsi de cette réédition une sortie définitivement incontournable pour n’importe quel amateur de la formation de Toronto...
Pour cet unique pressage vinyle (une version noire et quatre variantes colorées), le label a fait le choix de disposer l’intégralité des trois titres de
Aperture Of Body sur la seule face A d’un vinyle 12" (la face B étant vierge, une gravure n’aurait probablement pas été de trop). L’illustration a également été revue et corrigée afin de mieux correspondre au format et un insert y a été ajouté sur lequel on peut y retrouver les paroles. Bref, ça valait bien le coup d’attendre une année et de ne pas se presser pour tenter de mettre la main sur une version cassette originale…
Bouclé en un petit peu plus de treize minutes,
Aperture Of Body s’ouvre sur un titre instrumental intitulé "Final Assembly Of Light". Deux minutes et seize secondes en mode "full synthétiseurs" pour un rendu évoquant avec une pointe de menace aussi bien l’immensité de l’espace dans ce qu’il a de plus envoûtant et de plus cruel que la solitude vertigineuse de ces immenses cités Cyberpunk que l’on peut par exemple retrouver dans des films comme Blade Runner, Ghost In The Shell, Dark City, Metropolis ou bien encore Akira...
À mi-chemin entre
Planetary Clairvoyance et
The Enduring Spirit, "Aperture Of Body" et surtout "Prestige Of Rebirth" laissent effectivement entrevoir la tournure plus progressive et mélodique que prendront les choses un an plus tard sur le dernier album du groupe mais sans pour autant y aller aussi franchement. On va en effet déceler ici est là quelques évocations, qu'elles soient mélodiques ou rythmiques, à des groupes tels qu’Atheist et Cynic. Rien de trop flagrant même si après avoir bien poncé ce dernier album ces réminiscences ne font désormais ici aucun doute. Citons par exemple sur le morceau-titre ces leads étranges à la tonalité quelque peu différente entendus à partir de 1:21 ou bien encore cette séquence entamée à 2:42 et où, sur une cadence plus posée, le riffing va alors se faire plus complexe et enchevêtré. Même constat à peu de choses près sur le titre « Prestige Of Rebirth » avec ce passage débuté à 1:32 auquel va succéder à compter de 3:06 une séquence bien plus mélodique sur la base d’un solo prenant plaisir à s’étirer en longueur avant de finalement muter aux alentours de 3:58 en une longue séquence progressive et quasi-instrumentale où en plus de ces guitares aux notes éthérées et rêveuses résonnent également les notes particulièrement envoutantes d’une basse aux rondeurs chaleureuses et réconfortantes.
Cette évolution encore relativement modérée va forcément avoir un impact sur la dynamique de ces deux titres même si ces derniers n’en restent pas moins très efficaces avec toujours ce qu’il faut d’attaques frontales et autres coups de boutoir pour espérer séduire certains amateurs de la première heure peu sensibles à ce type de changement... Outre le growl profond et peu nuancé de Max Klebanoff, on va donc retrouver une fois de plus ces accélérations menées à grands coups de riffs techniques et autres salves de blasts et de tchouka-tchouka. Du tricotage particulièrement jouissif car bien souvent amené avec une pointe de groove loin d’être désagréable. Même constat du côté de la batterie (tenue, je vous le rappelle, par le chanteur Max Klebanoff) qui se montre toujours aussi tentaculaire et variée avec notamment des cymbales expressives et des changements de rythmes nombreux et bien sentis.
Annonciateur des choses à venir pour les Canadiens de Tomb Mold,
Aperture Of Body n’est pas ce que l’on peut appeler un EP dispensable que l’on peut se contenter d’occulter en attendant une sortie plus consistante. Les trois titres proposés sont tous d’excellente facture, de cette introduction Cyberpunk particulièrement bien troussée qui va nous plonger dans l’univers de la formation à ces titres Death Metal aux tournures plus progressives et/ou mélodiques, on trouve sur ces treize minutes un Tomb Mold en grande forme bien décidé à marquer le coup en laissant traîner quelques indices sur la suite de ses aventures qui n’étaient alors pas encore annoncées. Bien sûr, on choisira ou non d’adhérer à son propos quelque peu remanié mais difficile de ne pas voir toutes les qualités et autres atouts de ce Death Metal frais sans pour autant être novateur. Bref, ce EP est grand et ce pressage vinyle absolument providentiel et surtout immanquable.
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