S’il y a bien un groupe qui ces derniers mois à fait sienne la devise "battre le fer tant qu’il est chaud" c’est bien Tomb Mold. En quatre ans d’existence, le groupe originaire de Toronto s’apprête à sortir dans quelques jours ce qui sera déjà son troisième album. Un rythme de parution particulièrement soutenu d’autant plus que l’on trouve entre chaque disque quelques démos, une compilation et même un EP... Bref, Tomb Mold ne semble pas vouloir prendre le temps de souffler et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre étant donné la qualité de ses précédentes sorties.
Intitulé
Planetary Clairvoyance, ce nouvel album se voit une fois de plus marqué par le sceau du label américain 20 Buck Spin qui depuis deux ou trois ans maintenant commence sérieusement à affoler les compteurs à coup de sorties toutes plus recommandable les unes que les autres (Magic Circle, Foreseen, Fetid, Superstition, Cerebral Rot, Ossuarium, Witch Vomit, Obsequiae...). Après avoir eu recours aux services de Yuri Kahan et Brad Moore, les désormais quatre garçons de Tomb Mold ont fait appel au talent d’un jeune illustrateur encore inconnu dans le milieu du Metal extrême du nom de Jesse Jacobi. Le résultat, même s’il rappelle quelque peu celui de Michael Whelan sur
Arise, n’en reste pas moins une invitation à plonger dans l’univers dégoulinant et grouillant de Tomb Mold. Enfin, côté production, les Canadiens renouent avec le duo Sean Pearson/Arthur Rizk pour un résultat évidemment très proche de
Manor Of Infinite Forms.
D’ailleurs, on ne va pas se mentir mais avec autant de sorties en si peu de temps, l’effet de surprise a naturellement fini par s’estomper. Pour autant, mon enthousiasme vis-à-vis de Tomb Mold n’a pas failli et c’est avec précipitation et en toute connaissance de cause que je me suis rué sur ce
Planetary Clairvoyance. Et bien m’en a pris puisqu’encore une fois, force est d’admettre que les petits gars de Tomb Mold et notamment le duo Max Klebanoff/Derrick Vella semblent une fois de plus touchés par la grâce. Non pas parce que ce troisième album brille par une quelconque originalité ni même par un degré d’audace particulièrement élevé mais tout simplement parce que les titres qui le composent attestent une fois de plus d’un talent de composition rarement mis en défaut offrant notamment un équilibre parfait entre efficacité, brutalité, atmosphères viciées et baveuses et groove absolument irrésistible.
Pourtant, "Beg For Life" qui ouvre l’album n’a pas cette immédiateté ni même ce petit côté "facile" qui caractérisait des titres tels que "Intro - They Grow Inside" et
"Manor Of Infinite Forms", précédents "opener" qui d’emblée donnaient envie d’adhérer aux propos de Tomb Mold. Plus tortueux mais également plus ambitieux, ce premier titre de près de sept minutes révèle en filigrane une envie de s’essayer à de nouvelles sonorités avec notamment ici à 3:58 un passage acoustique fort sympathique que je n’avais pas vu venir. On pourrait également citer "Phosphorene Ultimate", titre instrumental (en lien avec ces quelques plages sonores proposées ici et là en guise d’introduction ou de conclusion) qui retranscrit plutôt bien l’atmosphère étrange (quelque part entre le film d’horreur et le film de science-fiction) dégagée par cet artwork des plus réussis. Bref, pas de grands bouleversements à l’horizon mais quelques « extravagances » qui ne sont pas dénuées d’intérêt.
Pour le reste, même punition qu’en 2017 et 2018 grâce à un Death Metal toujours autant marqué par ce riffing protéiforme et tarabiscoté rappelant ce que l’on peut trouver chez des groupes comme Timeghoul ou Demilich et ce groove naturel qui en découle, notamment sur des titres comme "Planetary Clairvoyance (They Grow Inside Pt 2)" et "Accelerative Phenomenae" qui ne devraient pas manquer de donner à certain l’envie de se déhancher avec ferveur. Ainsi, entre accélérations infernales tout en blast et en tchouka-tchouka, riffs éclairs et tortueux à ne plus savoir où donner de la tête et autres séquences nettement plus lourdingues sur lesquelles Tomb Mold va mettre l’emphase sur ces atmosphères grouillantes de bestioles immondes et certainement peu amicales, le groupe prouve avec une aisance insolente qu’il est aujourd’hui l’une des formations les plus excitantes parmi toutes celles arrivées du continent nord-américain ces dernières années. Enfin mention spéciale aux leads et autres solos qui, parfois tout en fulgurance, parfois de manière beaucoup plus mélodique, apportent définitivement une saveur bien particulière à l’ensemble de l’album grâce à un feeling des plus redoutables.
Trois albums en trois ans et pas l’ombre d’un quelconque manque d’inspiration dans ce que propose aujourd’hui Tomb Mold avec ce
Planetary Clairvoyance. Si le groupe ne remet rien en cause de sa formule, il y apporte cependant quelques subtiles nouveautés qui ne devraient pas manquer de ravir les amateurs de la formation canadienne sans pour autant les bousculer dans leurs habitudes. En tout cas, si vous avez réussi jusque-là à passer à travers le Death Metal putride et dégoulinant de ce groupe haut en couleurs, je vous encourage vivement à vous y intéresser de près car on a rarement fait aussi savoureux ces dernières années.
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