Ad Vitam Infernal - Le Ballet Des Anges
Chronique
Ad Vitam Infernal Le Ballet Des Anges
Après s’être fait remarquer avec un
« Infernal Comedy » de très bonne tenue l’heure est venue pour le projet mené par le binôme Samuel Girard/Jérôme Mahé de refaire parler de lui, quasiment cinq ans après ce coup d’essai ambitieux et réussi. N’ayant nullement changé son fusil d’épaule le combo désormais signé chez Dolorem Records revient aux affaires avec un second chapitre dans la lignée totale du précédent, mais qui va néanmoins se montrer plus consistant et mieux écrit... avec en prime une pochette absolument magnifique et digne des grandes heures des peintres romantiques exposés au musée du Louvre. Si l’on regrettera une fois encore l’absence d’un humain derrière la batterie (même s’il faut reconnaître que la boîte à rythmes est impeccablement programmée), pour le reste on va avoir droit à neuf morceaux super consistants et très solides où ça balance du riff à tire-larigot sur fond de solos de toute beauté qui ne sont pas sans rappeler une fois de plus ceux des débuts de MORBID ANGEL, pour au final un enchaînement imparable et impeccable montrant que l’entité a encore progressé et qu’elle se place dans celles à suivre au sein de l’hexagone.
Difficile en effet de résister à l’appât proposé par le désormais trio (l’expérimenté bassiste Christophe Helwin - WITHDRAWN, ex-FALL OF SERAPHS - ayant rejoint l’aventure), qui après une introduction visiblement inspirée par le Requiem de Mozart va nous balancer à la figure des parpaings massifs en continu. Et le premier d’entre eux se nomme « And The Watchers Will Be Frightened » qui va directement nous happer avec son tabassage incessant, où noirceur et violence s’affrontent sans laisser de place à autre chose... et ce malgré un court solo qui permet de voir émerger un soupçon de lumière au milieu de ces ténèbres omniprésentes, vu que la thématique générale de cet opus nous provient du livre d’Hénoch où est racontée l’origine des démons et des Nephilim, ainsi que celle des anges déchus. Il ne faut donc pas s’étonner qu’avec des paroles provenant de cette source l’heure ne soit pas à la gaieté ou à la subtilité et ça n’est pas « Shemihazah The Great » qui va nous contredire, surtout avec un titre pareil qui ne laisse pas de doute quant à ce qui est abordé textuellement. Quant au rendu musical il propose de son côté un panel classique où la brutalité exacerbée côtoie des plans plus lourds et rampants, parfaits donc pour renforcer ce sentiment d’oppression qui ne nous quittera pas jusqu’à l’ultime seconde.
Car au fur et à mesure de l’avancée de cette galette l’attractivité va être de plus en plus impressionnante, que ce soit via l’homogène et équilibré « Asael (God Has Made...) » où un groove incandescent va faire son apparition pour le plus grand bonheur des nuques en tous genres, ou via le suffocant « Enchain Them All ! » aux accents pachydermiques exacerbés. Si cette dernière plage mettait plus fortement en avant une rythmique bridée au train de sénateur, les choses vont encore aller plus loin dans la foulée avec le pénétrant « Peacefull Place To Wait... » qui lorgne sur certains passages quasiment vers le Doom, créant ainsi un malaise encore renforcé tant la pression y est incroyable et seulement relâchée lors de quelques courtes bribes explosives où ça tabasse comme il faut pour ne pas créer un sentiment de lassitude. Néanmoins tout cela n’était visiblement pas encore suffisant pour ses auteurs qui vont encore amplifier ce ressenti avec « Free Will Has Set Us Free » où nulle pointe de vitesse n’est à l’ordre du jour, ajoutant ainsi à la froideur déjà immensément présente mais qui ici va totalement pénétrer l’auditeur qui va être paralysé de par cette sensation désagréable. Cependant l’ensemble se montre toujours aussi remuant dans ce maelström où nul espoir de renouveau ou d’espérance n’apparaît, mais sans pour autant que la fluidité et l’accroche ne baissent en intensité... permettant ainsi de garder toute sa cohésion initiale.
Du coup après toute cette pression il est de bon aloi d’aérer un peu tout cela, et ça va être le cas du dernier tiers de ce long-format où la durée globale de chacune des compositions va se raccourcir, histoire d’offrir un sursaut bienvenu sans y perdre en puissance ni lourdeur. Car entre le dense et varié « Wandering Spirits », le simple et direct « I Saw Everything » (particulièrement frontal et rentre-dedans) ou l’équilibré « Everyone, Everywhere » tout est fait pour que l’écoute se termine tranquillement sans prise de tête dommageable. Et c’est effectivement un autre des gros points positifs ici que ce rendu général largement satisfaisant, qui malgré une certaine complexité de façade finit néanmoins par rapidement s’estomper tant l’écriture est assez directe et sobre sans excès techniques à foison pour qu’on y adhère aisément, et ce même si à la longue on pourra trouver que les plans et riffs se ressemblent un petit peu.
Néanmoins cela n’aura aucune influence sur le rendu final de cette galette impeccable, qui se place facilement dans le haut du panier des sorties venues de notre beau pays en cette année 2024 décidément très riche en qualité comme en quantité. Proposant donc un enregistrement qui demandera du temps pour être totalement assimilé (et de la patience pour se laisser totalement pénétrer par ces tourbillons désespérés, où règnent le néant et la peur dans ce qu’elle a de plus primale), la formation de l’ouest de la France confirme l’essai et le transforme aisément en prouvant encore une fois que le Death national n’a rien à envier à ce qui se fait de l’autre côté de l’Atlantique. S’il aura fallu être patient pour découvrir ce ballet des anges diabolique et malsain cela en valait heureusement la peine, du coup on pourra aisément supporter dans le futur une durée semblable voire même supérieure pour la suite des aventures des vétérans... surtout si le résultat est du même acabit que celui-ci. Pépite à la virulence rare mais beaucoup plus travaillée et profonde qu’on ne pourrait le croire initialement, elle est le signe d’une vraie qualité et d’une expérience commune de ses auteurs qui se bonifient avec le temps, et confirment au passage que la jeunesse c’est bien mais que le vécu et l’âge c’est quand même mieux.
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