Les quinze mois qui séparent la sortie de ce deuxième album de cette chronique tardive ne sont pas dûs à un manque d’intérêt de ma part à l’égard de Nocturnus AD mais plutôt au fait que je n’ai pas réussi à l’époque à véritablement rentrer dedans et à ressentir le même degré excitation qu’à l’époque de l’excellent et plutôt improbable
Paradox. J’ai donc fait ce que tout le monde d’à peu près sensé fait généralement dans ce genre de cas, remiser cette nouvelle offrande pour y revenir (bien) plus tard avec l’espoir d’avoir cette fois-ci le déclic ou a minima un petit peu plus d’appétit pour ce deuxième album qui pourtant ne démérite pas.
Sorti sur Profound Lore Records,
Unicursal est le fruit d’un groupe dont les effectifs n’ont pas bougé mais dont les rôles ont été quelque peu chamboulés. En effet, si sur son prédécesseur chaque musicien avait sa fonction attitrée, ce n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui. Pour commencer, il semble que presque tout le groupe (à l’exception du guitariste Demian Heftel et du bassiste Daniel Tucker) se soit initié à la pratique du... djembé. Alors oui, il y a de quoi être surpris et s’interroger sur les drogues reniflées par l’ami Mike Browning et ses camarades de jeu mais contre toute attente, cet instrument s’intègre plutôt bien à la seule composition où celui-ci est utilisé ("Mesolithic"). Plus surprenant encore, ces Chajchas constitués de sabots de chèvre que l’on vient agiter de la main et que l’on peut entendre sur ce même morceau. Pour le reste, chacun y va de sa contribution aux synthétiseurs (Demian Heftel (guitare), Belial Koblak (guitare) et bien entendu Josh Holdren dont c’est la mission principale ici) ou à la basse (Belial Koblak (guitare) ayant vraisemblablement pris le relai alors que Daniel Tucker pliait ses gaules durant l’enregistrement).
Produit une fois de plus par Adrian Jarrett Pritchard (guitariste de Brutality et Eulogy) et illustré par l’artiste allemand Uwe Jarling spécialisé dans les illustrations pour groupes de Heavy / Power / Speed (Grave Digger, Heavens Gate, Mystic Prophecy, Desert Sin mais aussi Fleshcrawl),
Unicursal n’est pas un album particulièrement facile d’accès. La faute en premier lieu à une durée un brin excessive puisque celui-ci frôle tout de même les soixante minutes... Si de telles durées ne sont pas nécessairement un frein à l’appréciation d’un album (même si pour du Death Metal c’est tout de même un peu longuet), elles sous-entendent tout de même de la part de l’auditeur un certain niveau d’attention et d’engagement qui, soyons francs, ne sont en 2025 peut-être plus aussi élevés qu’à une certaine époque... Autre spécificité qui rend l’écoute d’
Unicursal assez peu évidente (en tout cas de prime abord), la nature même de ce Death Metal toujours très atypique.
En effet, cela a toujours été le cas, que ce soit sur
Paradox ou bien du temps où le groupe n’avait pas encore besoin de suffixe. Mais s’il n’y a rien de surprenant à retrouver sur ce deuxième album tout ce qui a toujours fait le charme de la formule Mike Browning, il n’en reste pas moins que ces compositions aux structures et aux rythmiques alambiquées, l’omniprésence de synthétiseurs aux sonorités épico-rétro-futuristes et ce chant autoritaire au phrasé si particulier nécessitent toujours un petit peu (beaucoup) de temps afin d’être apprivoisés.
Unicursal ne déroge pas à cette règle d’autant plus que cinq de ces dix nouvelles compositions s’étirent aujourd’hui sur plus de six minutes ("Mesolithic" et "Hod, The Stellar Light" frôlant même de près les neuf minutes). Marchant dans les pas de son prédécesseur (autant dans les thématiques abordées puisqu’une partie de l’album va conter les nouvelles aventures du Docteur Magus alors qu’avec "Mesolithic" Mike Browning poursuit son exploration de ces différents âges préhistoriques ayant façonné notre Terre que dans la manière si personnelle d’approcher ce genre qu’est le Death Metal), ce nouvel album ne suscite évidemment pas la même surprise que
Paradox qui marquait le retour, vingt-neuf ans après la sortie de
The Key, d’un groupe toujours au sommet de son art. On va donc retrouver tout au long de cette petite heure ce qui fait la particularité de Nocturnus AD à commencer par ces riffs infernaux qui évidemment évoquent toujours autant un certain Morbid Angel qui, rappelons-le, a été en partie fondé en 1983 par Mike Browning alors sur les bancs de l’école. Des riffs frénético-techniques que Belial Koblak et Demian Heftel tricotent à qui mieux-mieux, changeant ainsi de motifs et de rythmes au gré de leurs envies. Derrière les fûts et autres cymbales, le père Browning cravache sans s’essouffler, alternant lui aussi accélérations thrashisantes, passages tout en blasts et moments plus en retenue afin d’accompagner tous au mieux ces riffs nerveux et ciselés. Là-dessus viennent se poser ces nombreuses nappes de synthétiseurs qui sont depuis toujours (ou presque) l’une des marques de fabrique de Nocturnus et donc de Nocturnus AD. Des nappes extrêmement présentes qui contribuent grandement au caractère mélodique du Death Metal des Floridiens même si là encore les deux guitaristes ne sont bien évidemment pas en reste avec de nombreux leads et autres solos dispensés tout au long de ces cinquante-neuf minutes. Une chose est sûre, si la présence de ces claviers synthétiques a toujours été rédhibitoire pour vous, ce n’est pas la peine de tenter le coup ici, il y en a encore partout. Seule petite ombre au tableau, une basse aux abonnés absents que l’on aurait aimé entendre vibrer et prendre sa place d’autant plus que le caractère progressif du Death Metal de Nocturnus AD se prête bien à la mise en avant de cet instrument et de ce genre de lignes pleines de groove...
S’il n’a pas su faire mouche tout de suite (en tout cas en ce qui me concerne) et s’il n’est pas exempt de quelques petits défauts (un poil long, une basse que l’on entend pas ou bien très peu et un effet de surprise désormais passé),
Unicursal se révèle être pourtant un excellent album pour qui apprécie le Death Metal si atypique de Nocturnus AD. Car en dépit de quelques parallèles plutôt faciles et évidents avec Morbid Angel, il n’en reste pas moins que Mike Browning a toujours su avec ces deux entités (Nocturnus puis Nocturnus AD) se porter à l’écart du reste de la scène. Une particularité qu’il continue d’entretenir aujourd’hui avec autant de pertinence que d’efficacité ce qui n’est plus forcément le cas d’un Morbid Angel justement... Bref, destiné à un public averti qui sait où il met les pieds,
Unicursal ne devrait pas décevoir ceux qui s’étaient déjà montrés enthousiastes à la découverte de
Paradox car si la surprise est effectivement bel et bien passée, la qualité d’écriture et d’exécution est quant à elle bien restée.
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