Réglés comme du papier à musique, les Finlandais de Krypts nous reviennent aujourd’hui après trois ans d’absence et un
Remnants Of Expansion qui avait suscité chez moi quelques légères frustrations, notamment à cause de sa propension à traîner la patte là où son prédécesseur montrait davantage de vitalité. Du coup, celui-ci avait perdu un demi-point dans la bataille malgré des qualités toujours aussi évidentes et une identité plutôt marquée qui depuis le début en fait un groupe relativement à part en dépit du style assez balisé dans lequel il évolue.
Baptisé
Cadaver Circulation, ce troisième album célèbre à nouveau l’union entre Krypts et le label Dark Descent Records. Une collaboration qui dure depuis maintenant quelques années et qui n’a semble-t-il aucune raison de s’arrêter. Toujours du côté des choses qui ne bougent pas, c’est une fois de plus Otso Ukkonen (batteur de Krypts donc) qui s’est chargé de l’enregistrement et de la production de l’album. Le résultat, très proche de ce que l’on pouvait trouver sur
Remnants Of Expansion, dégage cette même toute-puissance absolument terrifiante. Enfin, puisqu’il semblerait que l’on ne change pas une équipe qui gagne, c’est Timo Ketola (sous le nom de Davthvs) qui signe pour la troisième fois consécutive l’artwork de ce nouvel album. J’ai bien faillit me faire berner mais c’était sans compter sur son coup de pinceau si caractéristique.
Calqué sur le même format que ses prédécesseurs avec six titres pour moins de quarante minutes,
Cadaver Circulation ne ressemble pourtant ni exactement à
Unending Degradation ni tout à fait à
Remnants Of Expansion mais plutôt à une parfaite combinaison des deux. La formule dispensée par les Finlandais n’a donc absolument pas changé d’un iota, seul le dosage a une fois encore été revu. Là où son prédécesseur prenait ainsi des allures de longue procession funéraire secouée de temps à autre par quelques soubresauts nécessaires,
Cadaver Circulation semble marqué par un certain regain de vitalité même s’il conserve pourtant cette apparence de cortège funèbre.
Plus franches et plus appuyées, ces quelques séquences dispensées toujours avec retenue donnent à entendre un Krypts plus conquérant et plus agressif. Un postulat, somme toute, évident à l’écoute de l’excellent "Sinking Transient Waters" qui ouvre ainsi l’album tambour battant. Du haut de ses sept minutes et quelques secondes, ce titre est probablement l’un des plus nerveux et rentre-dedans que le groupe ait jamais composé à ce jour. Et, cerise sur le gâteau, on retrouve même un peu de ce groove qui faisait selon moi défaut à son prédécesseur (notamment sur ces passages entamés à 0:22 et 4:16). Les titres restant ne suivent bien évidemment pas le même schéma mais possèdent néanmoins pour la plupart leurs lots d’accélérations plus ou moins franches (ces tapis de double sur "he Reek Of Loss" à 1:08, "Mycelium" à 1:03 et "Echoes Emanate Forms" à 3:56 ou ces courtes séquences tout en blasts sur "Mycelium" à 2:29, "Vanishing" à 1:36 ou bien encore "Circling The Between" à 2:20 et 4:53) et de passages plus ou moins groovy comme sur "The Reek Of Loss" à 1:59 ou "Mycelium" à 1:13.
A l’opposé de ces accélérations (bien qu’intrinsèquement lié), ce fameux Death/Doom atmosphérique aux progressions subtiles et envoûtantes. Cela peut paraître particulièrement cliché à écrire mais Krypts semble bien avoir atteint ici une certaine maturité en conjuguant avec talent ce qui faisait le charme de son premier album, encore un petit peu brut de décoffrage, et ces atmosphères plus travaillées qui constituent l’essentiel de son prédécesseur. De ce riffing tout en pesanteur se dégage grâce à ce mélange d’harmonies travaillées et autres leads sinistres un profond sentiment de désespoir, non pas celui empreint d’un certain romantisme comme ont pu le faire quelques groupes anglais au début des années 90 mais plutôt celui marqué par une triste fatalité. Cette même fatalité qui caractérise les thèmes abordés par les Finlandais, qu’il s’agisse d’histoires inspirées de la mythologie de Lovecraft ou d’autres sujets plus concrets. Quoi qu’il en soit, un titre tel qu’"Echoes Emanate Forms" symbolise parfaitement cette sensation tant il semble vouloir nous aspirer par le fond, quoi qu’il en coûte. Mais les passages de ce genre sont nombreux à l’écoute de
Cadaver Circulation faisant de cette impression la composante principale de ces atmosphères développées tout au long de ces trente-sept minutes.
Sous le charme de ce nouvel album dès les premiers instants, seules quelques écoutes supplémentaires ont été nécessaires pour que soit confirmée cette première bonne impression. Par contre, plus je le fais tourner et plus je l’apprécie, en grande partie grâce à cet équilibre fragile sur lequel il repose mais aussi grâce à la qualité de ses riffs, les atmosphères qui s’en dégagent et la puissance implacable de ces compositions. Entre ces riffs funéraires plombés desquels émanent une ambiance de mort, ces soubresauts retrouvés insufflant une bonne grosse dose d’énergie et un soupçon de brutalité à l’ensemble ainsi que ces quelques moments au groove typiquement finlandais, Krypts n’a rien changé de sa formule et livre pourtant ici son meilleur album à ce jour. Quelque peu frustré par le pourtant fort sympathique
Remnants Of Expansion, je retrouve ici un Krypts à l’image de ses prestations scéniques : charismatique, imposant et absolument implacable.
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