Malgré un détail qui me chiffonne à chaque fois que je pose mon regard sur elle (ce non-sens architectural que représente cette porte accolée aux trois premières marches d’un escalier), force est de reconnaître que cette oeuvre signée Markus Vesper (Attic, Denial Of God, Gorephilia, Manilla Road...) est ce que l’on peut appeler une véritable réussite. Réalisée dans un esprit évoquant les plus belles affiches du cinéma d’horreur et d’épouvante des années 80, cette dernière attrape effectivement le regard dès le premier coup d’oeil et cela grâce à plusieurs éléments. Tout d’abord ce spectre bleuté situé au premier plan, puis ce décors de manoir hanté où rôdent créatures étranges et autres entités menaçantes et pour finir ce logo affûté certes convenu mais néanmoins très efficace. Bref, on a qu’une envie en la voyant, se plonger dans la musique qu’elle sert à illustrer.
Apparition, pour celui qui nous intéresse ici, est ce groupe espagnol dont je vous parlais il y a de cela quelques semaines maintenant et dont la première démo éponyme avait su faire bonne impression. Paru en juillet 2023 sur Headsplit Records puis quelques mois plus tard (février 2024) sur F.D.A. Records,
Fear The Apparition est le premier album de ce trio mené, je vous le rappelle, par deux membres d’Ataraxy (Edu et David). Composé de huit morceaux, celui-ci va "malheureusement" reprendre deux titres de cette fameuse démonstration ("Demonic Torment" et "Vanquished In Scorn") naturellement réenregistrés pour l’occasion. Le tout culmine à un petit peu plus de trente-six minutes, une durée idéale pour ce genre de Death Metal à l’ancienne naturellement très peu porté sur l’originalité.
En effet, rien n’a évidemment changé du côté d’Apparition qui continue de puiser l’essentiel de son inspiration chez des groupes tels que Morbid Angel, Possessed ou le Pestilence de la première heure. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne c’est une fois de plus leur compatriote Javier Félez Rodríguez qui signe l’enregistrement de la batterie (avec le soutien là encore de Juan Miguel Sánchez) mais aussi et surtout le mixage et le mastering de ce premier longue durée. Moins abrasive et un petit plus épaisse qu’autrefois, la production de ce premier album conserve néanmoins son aspect naturel et parfaitement équilibré même si à titre personnel je trouve que la batterie et notamment les cymbales auraient mérité de respirer davantage (la faute à un trigg un petit peu trop synthétique à mon goût)... Cependant, soyez rassurés, il n’y a clairement pas de quoi crier au scandale puisque de manière générale cette production sert parfaitement le propos des Espagnols. Un propos toujours autant inspiré par la fin des années 80, époque où le Death Metal était encore largement infusé d’éléments en provenance du Thrash dont le déclin n’était pas encore tout à fait amorcé.
Comme sur
Apparition,
Fear The Apparition se caractérise par un rythme globalement soutenu même si une fois de plus le trio espagnol n’est ni le groupe le plus rapide ni le plus virulent qu’il vous aura été donné d’entendre. Une cadence malgré tout haletante avec évidemment tout plein d’accélérations thrashisantes simples mais toujours aussi efficaces ("A Haunting Reflection" à 1:20, "The Black Witch" à 1:52, "Mummified Sanctity" à 2:24 et 3:348, "Soldier Of Death" à 2:05,
"Apparition" à 1:27...) mais également quelques démonstrations de force un poil plus brutales et soutenues comme l’attestent ces blasts ou ces salves de double entendus notamment sur "A Haunting Reflection", "The Black Witch", "Demonic Torment", "Soldier Of Death", "Vanquished In Scorn" ou "Quest For Blood".
Naturellement, ces coups de bambou et autres secousses de tamtam ne seraient pas grand chose sans les riffs primitifs mais toujours aussi bien ficelés d’Iván. Un riffing qui comme précédemment n’a rien de très technique ni de très compliqué mais dont le feeling et les mélodies suffisent à le rendre particulièrement convaincant et mémorable. Ainsi, outre "Demonic Torment" et "Vanquished In Scorn" que l’on connait déjà, il n’y a effectivement rien à jeter ici grâce à tout un tas de séquences particulièrement bien troussées. De "A Haunting Reflection" à "The Black Witch", en passant par "Mummified Sanctity", "Soldier Of Death" ou "Quest For Blood", le riffing à trois notes (façon de parler hein) mais néanmoins varié de l’Espagnol sait toujours comment s’y prendre pour faire mouche.
En dehors de ces attaques plus ou moins frontales, Apparition se plait également à lever le pied le temps de passages plus lourds. Des moments qui ne sont pas sans rappeler un certain Asphyx ("Demonic Torment", "Mummified Sanctity", "Vanquished In Scorn
", "Apparition") pour ce côté rouleau-compresseur implacable et ces mélodies sinistres et faisandées. Une clin d’oeil habilement renforcé par le chant âpre d’Eduardo qui sans jamais tomber dans le gimmick éhonté possède bel et bien quelques caractéristiques similaires (tonalité, abrasivité, clarté, etc).
Suite logique de cette première démo particulièrement sympathique,
Fear The Apparition ne viendra pas bouleverser le petit monde du Death Metal avec sa formule simple et épurée effectivement calquée sur celles de quelques grands anciens. Alors effectivement, on pourra peut-être lui reprocher un certain manque d’originalité mais je ne pense pas trop me tromper en vous disant que là n’est pas le propos des Espagnols dont le but est plutôt de rendre hommage à ces groupes ayant permis d’ouvrir la voie tout en prenant plaisir à le faire. Car si l’on met de côté ce manque flagrant de personnalité, ce premier album reste heureusement d’une efficacité à toute épreuve. Simple, direct et ne s’embarassant d’aucun faux-semblant,
Fear The Apparition concentre sur trente-six minutes la base de ce qu’est le Death Metal. Un rappel aux fondamentaux qui peut paraître anecdotique voir complètement vain mais qui, croyez-moi, ne l’est absolument pas.
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