Nervous Decay - Nervous Decay
Chronique
Nervous Decay Nervous Decay
Depuis plusieurs années la région Nantaise est devenue un des bastions de la jeune scène extrême hexagonale, tant le secteur a vu émerger nombre de formations intéressantes et inspirées qui font progressivement parler d’elles en sortant des albums de qualité. Si ces derniers temps on a pu entendre parler de WAR INSIDE, MALKAVIAN ou encore DEFENESTRATION, il va falloir désormais composer avec NERVOUS DECAY qui n’a rien à envier côté qualitatif à ces noms-là, tant leur premier opus va se montrer très bien foutu et surtout porté par une certaine originalité, ce qui n’est pas désagréable. Si la base générale reste un Death à l’ancienne assez classique celui-ci se voit régulièrement complété par quelques relents Thrash pas dégueulasses et une bonne base Heavy d’où émergent une mélodie et un côté guerrier particulièrement bienvenus. Tout ceci permet donc d’avoir un disque assez dense et porté par des morceaux relativement longs (qui ne descendent jamais sous les cinq minutes), un choix certes osé mais aussi relativement casse-gueule. Il est en effet souvent facile de tomber dans le piège de vouloir caser le maximum de choses en minimum de temps, au risque de créer un ensemble qui tombe comme un cheveu sur la soupe et finit par se montrer indigeste et fade. Mais heureusement ici les gars évitent parfaitement ces écueils même s’il faut bien reconnaître que par moments certains passages et plans auraient gagné en force et densité en étant un peu raccourcis.
Ce sentiment va être présent dès le début avec « Cerberus Brace » qui va montrer d’emblée toute la panoplie technique du quatuor qui manie autant la douceur que la violence, preuve en est cette introduction lente et relativement paisible qui sert de mise en bouche avant que les chevaux ne soient lâchés sous forme de riffs agressifs et d’une haute vitesse d’influence thrashisante. N’hésitant pas ensuite à jouer sur l’alternance entre passages enlevés et d’autres plus lents ce qui marque également c’est cette production brute de décoffrage qui donne l’impression d’avoir été enregistrée live, qui amène de surcroît un vrai bonus au niveau de l’authenticité. Si on pourra reprocher à cette compo d’avoir un peu de mal à se terminer ceci n’est finalement qu’un détail mineur tant le reste montre une vraie qualité technique sans tomber dans la démonstration stérile, où l’on s’aperçoit du niveau de chacun des gars et notamment du frontman dont la basse est mise bien en avant (et dont le jeu n’est pas sans rappeler par moments celui de Raphaël Couturier de CARCARIASS). Si l’on entend un peu de l’œuvre des francs-comtois dans la musique du combo on peut aussi retrouver des passages proches des vosgiens de DUNGORTHEB, notamment de par les leads très souvent portés vers le côté mélodique et au son relativement éthéré, surtout quand les mecs lèvent le pied comme sur le très bon « Daily Poison ». Mettant en avant les parties mid-tempo propices au headbanging ceux-ci ne vont pas hésiter non plus à alourdir leur propos afin de le densifier de façon supplémentaire (afin de créer un rendu plus noir mais pas moins intéressant), tant le sens du riff sait provoquer quelque chose de remuant autant que rampant. C’est d’ailleurs ce schéma qui va perdurer jusqu’à l’ultime seconde de cette galette, et en particulier sur l’excellent « Mirrors Of Pain » où tout le panel de jeu est ici de sortie pour le plus grand bonheur de l’auditoire.
A la fois militariste, épique, violent et explosif ce morceau (à l’instar de « Doomsday Clock » à la construction pratiquement similaire et aux quelques relents Prog’) montre une véritable cohésion et une écriture sans failles, où quelques accents de la grande époque de la New Wave Of British Heavy Metal (principalement sur les solos) se font entendre et donnent clairement envie d’aller en découdre. Jouant sur tous les tableaux ces deux plages se montrent hyper addictives sans fautes de goût et sans longueurs majeures ni répétition des idées, et ce même quand le tout se montre plus direct et primitif, comme sur l’écrasant « Nervous Decay » aux riffs découpés et au grand-écart assumé. Allant ici plus à l’essentiel l’entité n’en perd pas pour autant sa ligne directrice où le tabassage incessant côtoie facilement des passages au ralenti plus obscurs et inquiétants… rendu qui va clôturer cette galette avec « Lobotomy » bas du front et vindicatif. Néanmoins là-encore malgré une violence directe et sans concessions le tout va se calmer un peu pour laisser de la place à des arpèges doux et froids qui se font entendre dans la nuit, et permettent ainsi de souffler un peu avant que la brutalité ne revienne conclure les débats de façon dépouillée et radicale. Si le Royaume-Uni, comme la Floride ou encore les Pays-Bas (principalement via PESTILENCE) ont eu droit de cité jusqu’à présent, il ne faut pas oublier la Suède via SOILWORK et IN FLAMES dont on peut entendre des bribes sur l’introduction de « Shield Of Delusion » à la fois aérée, moderne et légèrement mélancolique.
Bref c’est un vrai melting-pot auquel on a droit durant presque trois-quart d’heure mais sans jamais tomber dans le plagiat ou la redondance, une des forces de cette livraison malgré ses imperfections et petites erreurs de jeunesse déjà évoquées précédemment. Si l’on aurait aimé entendre plus de solos et que parfois ça peut sonner légèrement brouillon et interchangeable cela n’est absolument pas rédhibitoire (malgré une pochette pas vraiment engageante – un classique chez Great Dane Records), tant on sent que les mecs en ont gardé sous la semelle et qu’ils sont capables de faire encore mieux avec un peu plus de vécu et d’expérience. Sans être le disque de l’année on appréciera quand même tous les bons points présents ici, et surtout cette personnalité qui a tendance à se faire de plus en plus rare aujourd’hui prouvant qu’il est possible d’obtenir une musique accrocheuse et fluide tout en étant complexe… tout n’étant qu’une question de dosage et d’équilibre, ce à quoi la formation y arrive ici sans peine et avec un plaisir non-dissimulé. S’il reste encore du boulot aux p’tits gars pour grimper dans la hiérarchie nationale ceux-ci ont quand même toutes les cartes en main pour y parvenir, tant le sérieux et l’application sont déjà flagrants ici et nul doute que la prochaine sortie sera encore plus équilibrée et marquante, c’est tout ce qu’on leur souhaite.
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