Infernal Torment - Birthrate Zero
Chronique
Infernal Torment Birthrate Zero
Infernal Torment fait partie de ces groupes qui ont une histoire peu commune. Ils se sont formés en 1992, ont splitté 7 ans plus tard, et n’ont sorti que deux albums, Man’s True Nature (1995) et Birthrate Zero (1998), qui n’ont rien, mais alors rien à voir l’un avec l’autre. Certes, à travers les titres et paroles des deux opus, le même fil rouge est conservé : désespoir face à la nature humaine, haine et incitation à la violence contre l’humanité,… En bref, le genre de types qu’on n’aimerait pas croiser le soir dans une ruelle sombre.
Infernal Torment, avec leur deuxième et dernier album, Birthrate Zero, est une réelle énorme surprise. Alors que Man’s True Nature (1995) est pour moi une belle erreur ou une tentative de lapidation du Death des 90’s (ou alors n’est-ce qu’une performance d’art contemporain visant à jouer de tous les instruments très fort et n’importe comment ?), le groupe prend ici un virage à 180°. Ils s’essayent à autre chose, tout bêtement.
A première vue, le changement est très net : ils semblent avoir revêtu leur plus beau Stetson et ciré leurs vieilles santiags pour pouvoir nous jouer un Death Groovy suédois couillu. Assez étrangement, l’intro de « The Razor Twist » de nos amis danois semble avoir inspiré Hellyeah pour leur morceau « Matter Of Time » qui lui ressemble de manière assez effrayante. Mais ne réduisons pas Infernal Torment, trop méconnu, à ces poseurs texans, car cet album est finalement une mine d’or d’imprévisibilité et de références étonnantes, diverses et variées.
Ils ont donc entamé cet album en délaissant leur Brutal Death légèrement incompréhensible pour un Death’n’Roll nettement plus intéressant et explorer de nouvelles voies. Ainsi, même si on est bien loin de samples de clavecin et banjo, Birthrate Zero trouve son originalité dans des petits ajouts de synthé indus (dans le titre éponyme, « Birthrate Zero », et « Eliminate »), ainsi qu’en s’essayant à la guitare acoustique (« Inhaled »). C’est surprenant, réussi, bien placé : tout va bien. Cependant, l’expérimentation coule parfois dans une dissonance assez douloureuse pour l’appareil auditif, comme dans le morceau « Race », ou dans les bruitages plutôt déroutants de « The Razor Twist » dont je ne suis personnellement pas fan.
L’opus compte néanmoins dans sa setlist deux titres carrément exceptionnels qui ne me lasseront jamais : « Product Of Society » dont le solo grandiose souligne parfaitement le refrain purement sexuel, et « Eliminate », réel ode aux rythmiques qui rendent fou. De plus, les danois ont pensé à notre petit palpitant en intégrant au centre de l’album un titre doux et instrumental ('443556') qui nous laisse reprendre notre souffle pour le deuxième round. L’œuvre est donc parfaitement équilibrée, et, pour une fois – c’est rare -, je n’ai rien à redire sur la production qui est plutôt satisfaisante.
Cependant, on arrive ici au moment pénible : le gros point d’interrogation de la chronique. Qu’est-ce qu’il se passe réellement avec le dernier morceau de l’opus ? Le titre « Fuck The Whales » me laisse déjà assez perplexe. Mais c’est surtout la démarche qui me déroute. Tout commence comme un morceau tout simplement bon : une intro envoûtante, un riff très entraînant, et le chant aboyé de Scott Jensen qui sublime l’ensemble. Puis, le morceau semble se finir, trois secondes de pause (mais pas assez pour que ce soir un titre caché !), et commence une sorte d’OVNI musical (edit : on me dit dans l'oreillette que c'est, en fait, une reprise de "Seventh Son Of A Seventh Son" de Iron Maiden). Que ces deux morceaux soient sur la même piste me désoriente totalement. Je suis tout bonnement mal à l’aise. Je me mets à avoir trop chaud et à trembler, à la limite de la convulsion, c’est affreux. Mais quand, en plus de ça, Infernal Torment se transforme en une… chose ressemblant à un groupe de pagan/folk allemand à la Elivagar, ou PIRE, à Sonata Arctica, avec un refrain aux chants clairs à mi-chemin entre un chœur glam/gay des 80’s et une complainte bigoudène, je me sens carrément défaillir. L’ensemble de l’album, pourtant parfait jusqu’à là, se termine sur un solo interminable et mielleux à souhait, nous rappelant les meilleurs hits de Dragon Force. Le dépit total.
Je suis pourtant de ceux qui saluent les initiatives, la création pure et spontanée. J’aime qu’on me surprenne, qu’on me désarçonne. Mais là, je me sens... comme si Infernal Torment m’avait menti pendant tout l'album, qu’il m’avait trahi en couchant avec ma meilleure amie, en tuant mes parents, ou un truc dans le genre. Bref, j’ai mal, et, à chaque écoute, je m’empresse de couper le son arrivée à 45 minutes et 47 secondes de l’album, juste avant cette chose étrange.
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