Cystic - Incineration Rites
Chronique
Cystic Incineration Rites (EP)
Continuons notre exploration de l’underground américain en abordant aujourd’hui le cas de Cystic, jeune formation qui nous arrive tout droit de Seattle et dont les premiers balbutiements remontent à 2018 et la sortie en cassette de leur toute première démo intitulée The Last Days. À celle-ci succèdera en janvier 2020 un premier album baptisé Sworn Enemy Of Life sorti chez Goat Throne Records puis, quasiment dans la foulée (avril 2020), un EP trois titres intitulé Incineration Rites.
Proposé tout d’abord au seul format numérique, ce dernier a finalement été pressé en vinyle par le label américain Life After Death Records (Leprophiliac, Mortuary Descent, Mutilatred, Writhing Shadows...). Un pressage limité à seulement 250 exemplaires et qui aujourd’hui affiche quasiment sold out chez les quelques crémeries à l’avoir eu en stock. Côté programme, ce seven inch of death propose trois titres d’un Death Metal qui, vous vous en doutez probablement vu la tronche de l’artwork qui transpire la fin des années 80 par tous les pores, ne fera plaisir qu’à ceux qui n’en ont jamais assez de cette formule pour le moins passéiste.
Trois titres, douze minutes et trente-trois secondes. Voilà en quelques chiffres ce que vous réserve ce Incineration Rites qui n’entend absolument pas bouleverser le petit monde du Death Metal avec cette relecture d'une formule affichant aujourd’hui plus de trente ans d’âge. On passera donc une fois encore sur la notion d’originalité ici totalement absente de l’équation pour se concentrer uniquement sur ce que ces quelques titres ont de meilleur à offrir. Comme toujours, cela va se jouer sur la qualité et l’efficacité des riffs dispensés par Cystic, sur l’intensité et la dynamique de ces quelques compositions et, par la force des choses, sur ces atmosphères résolument rétrogrades et primitives qui vont naturellement en découler.
L’inspiration, le trio américain la puise pour l’essentiel du côté de Repulsion et des premiers Carcass qu’il va régurgiter dans une version à la fois moins intense (on n’est pas tout à fait ici au même niveau de blasts qu’avec Dave Hollingshead) mais également moins dégueulasse. Alors je vous vois venir en me hurlant dessus : "mais alors quel intérêt ?" Bah je n’ai pas vraiment de réponse si ce n’est que malgré tout la formule aux accents plus Death Metal que Grindcore n’en reste pas moins diablement efficace. On va ainsi retrouver tout ce qui fait notamment le sel du célèbre groupe de Flint avec pour commencer ces fameux riffs Punk passés ici à la moulinette Death/Thrash. Des riffs à trois notes pas plus compliqués que deux plus deux font quatre mais qui procurent l’irrépressible envie de se cogner la tête contre les murs et de foutre en l’air les meubles du salon. Balancés le plus souvent à toute berzingue, ces riffs primitifs sont accompagnés par une batterie volontaire qui ne va s’exprimer qu’à travers de longues séances de blasts menées tête dans le guidon et par quelques passages Punk à la sauce tchouka-tchouka histoire de varier un petit peu les plaisirs. D’ailleurs, en parlant de varier les plaisirs, on appréciera (outre ces samples à la sauce film d’horreur des années 80 servi en guise d’introduction) les quelques moments plus en retenue que Cystic va dispenser sur "Incineration Rites" à partir de 3:03 le temps d’une longue séquence bien pesante sur laquelle va venir se poser un lead sinistre ainsi que sur "Blood Of The Heretic" à 2:07 avec ce passage au groove putride qui en fera chalouper plus d’un, moi le premier. De quoi offrir d’autres perspectives sans pour autant contrarier cette dynamique qui caractérise ce EP.
Mais comme évoqué un petit peu plus haut, la relecture que fait Cystic de ces éléments agencés dès le milieu des années 80 par Repulsion et Carcass passe aujourd’hui par une approche plus Death Metal. La production, naturelle et bien équilibrée avec ce qu’il faut de crasse pour offrir authenticité et atmosphère se veut évidemment plus épaisse alors que d’un point de vue strictement musical, ces trois compositions n’ont pas le même degré d’hystérie. Rien de préjudiciable pour Cystic mais quelqu’un cherchant davantage de sauvagerie préfèrera probablement se tourner vers les versions originales.
Quoi qu’il en soit, voilà une suite rondement menée de la part d’un groupe dont le premier album passé ici sous silence (même si j’ai dans l’idée d’y revenir à l’occasion) laissait déjà entrevoir un potentiel particulièrement satisfaisant. Trois titres c’est toujours trop courts mais ceux-là donnent bon espoir pour la suite à venir qui, étant donné la productivité de Cystic depuis sa formation ne devrait plus trop tarder. Amateurs de Death/Thrash à consonances Grindcore, m’est avis que vous devriez y jeter une petit oreille attentive.
| AxGxB 1 Avril 2021 - 545 lectures |
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