Cerebral Rot - Odious Descent Into Decay
Chronique
Cerebral Rot Odious Descent Into Decay
Devinez qui a jeté son dévolu sur les Américains de Cerebral Rot après cette première démo dont je vous avais parlé à l’automne dernier ? Et bien c’est encore une fois le label 20 Buck Spin qui, en bon limier, n’en finit plus de faire parler ces dernières semaines/mois/années grâce à des sorties toutes plus recommandables les unes que les autres. Un flair particulièrement aiguisé qui fait aujourd’hui du label originaire de Pennsylvanie l’une des structures les plus intéressantes à suivre ces dernières années (mais je crois que je vous l’ai déjà dit).
Après la sortie de cette première démo ayant récolté à l’époque pléthore de retours positifs, le groupe dans lequel on retrouve des membres de Fetid (autre formation signée sur 20 Buck Spin Records), Excarnated Entity, Cauterized et Crurifragium s’est attelé sans tarder à la composition de son premier album. Intitulé Odious Descent Into Decay celui-ci part néanmoins avec un petit handicap qui en général a le don de m’agacer puisque l’on retrouve trois titres issus de cette fameuse première démo ("Cerebral Rot", "Putrefaction (Eternal Decay)" et "Primordial Soup Of Radioactive Sewage"). Ce sont ainsi six nouvelles compositions que se proposent de nous offrir Cerebral Rot ce qui, en soit, n’est déjà pas si mal.
Si vous n’avez encore jamais posé vos oreilles sur la musique de Cerebral Rot et bien sachez que le groupe a pris grand soin de choisir une artiste capable de retranscrire visuellement ce qui se passe dans votre esprit une fois la touche "Play" enfoncée et les yeux fermés. S’il s’agit ici de sa première commission pour un groupe de Death Metal (selon Metal Archives), Karina Monzon n’en demeure pas moins influencée par le travail de Turkka G. Rantanen dont les réalisations ont marqué la scène finlandaise dans les années 90 (Demilich, Demigod, Depravity...). Un clin d’œil qui n’est certainement pas anodin au regard de ce Death Metal putride et marécageux qui n’hésite pas à prendre racine de ce côté-ci de la Scandinavie.
De fait, rien n’a vraiment changé du côté de Cerebral Rot qui se contente de reprendre les choses là où il les avait laissés quelques mois auparavant à l’image de cette production qui, si elle a tout de même gagné en lourdeur et en précision, conserve cette âpreté (notamment ces guitares qui vous feront saigner les oreilles) et ce côté particulièrement dépouillé qui sied à merveille à ce genre de Death Metal d’un autre temps (pas de chichi, une grosse caisse qui flotte et une caisse-clair qui claque juste comme il faut). Un Death Metal qui partage son temps entre séquences mid-tempo baveuses au groove bien souvent irrésistible ("Odious Descent Into Decay" à 1:53, "Swamped In Festering Excrementia" à 1:07, le début de "Reeking Septic Mass", "Sardonic Repentance" à 2:04, etc) et accélérations bas du front touchées par la grâce perfide de Satan ("Odious Descent Into Decay" à 4:27, "Swamped In Festering Excrementia" à 2 :36, les premières mesures de "Cerebral Rot" et "Repulsive Infestation Of Cadaver", "Putrefaction (Eternal Decay)" à 2:58...). Difficile dans tous les cas de rester de marbre face à de tels passages aussi efficaces taillés pour rendre dingue n’importe quel amateur de Death Metal à l’ancienne. Entre ces riffs sinistres et nauséabonds, cette batterie rampante capable pourtant de bondir dès qu’il le faut, cette basse saturée et ce growl venu des entrailles de la terre, le cahier des charges est parfaitement rempli. Sans parler de ces quelques leads absolument démoniaques que le groupe avait jusque-là gardés secret. Des leads tordus, vibrants et déglingués qui à leur manière vont nourrir les atmosphères marécageuses délivrées par Cerebral Rot avec quelque chose d’encore un peu plus dérangé et dérangeant (la fin de "Odious Descent Into Decay", "Swamped In Festering Excrementia" à 1:52 et 3:12, "Repulsive Infestation Of Cadaver" à 1:31). Aussi fugaces soient-ils, ils apportent en tout cas une véritable personnalité aux compositions des Américains tout comme ces solos qui épousent également (mais dans une moindre mesure) ces mêmes harmonies hallucinées.
Attendu au tournant après une première démo particulièrement réussie dans un genre pour le moins balisé, ce premier album de Cerebral Rot vient confirmer les doigts dans le nez qu’il est désormais un groupe sur lequel il faudra compter, capable de prendre à son compte une formule vieille comme le monde et de se l’approprier pour sortir quelque chose de plutôt personnel. Certes, Odious Descent Into Decay ne révolutionnera pas le monde de la musique mais les amateurs éclairés de Death Metal y trouveront néanmoins par petites touches des éléments intéressants permettant tout de suite d’identifier Cerebral Rot parmi la cohorte de groupes évoluant dans ce genre de Death Metal rampant et marécageux. Et si ce premier album ne constitue pas véritablement une surprise (bah oui, je vous avais quand même prévenu en octobre dernier), il n’en reste pas moins l’un des meilleurs sortis cette année grâce à ces atmosphères baveuses et putrides, à ce groove et ces accélérations ultra efficaces et à ces riffs/leads/solos particulièrement bien sentis qui devraient vous filer la chair de poule. Une chose est sure, voilà un disque qui aura sa place en fin d’année à l’heure des bilans.
| AxGxB 12 Août 2019 - 2672 lectures |
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