Cardiac Arrest - A Parallel Dimension Of Despair
Chronique
Cardiac Arrest A Parallel Dimension Of Despair
Si la base de chroniques de Thrasho est de plus en plus fournie, certains groupes sont toujours passés à travers. Il reste ainsi beaucoup d'albums cultes à couvrir et encore plus de sorties underground de grande qualité. C'est un puits sans fond et un boulot sans fin. Mais c'est ça qui est bon! Formé en 1997 et auteur de cinq longue-durée, Cardiac Arrest va enfin avoir droit à plus que quelques news et cinq lignes sur un report du feu-Neurotic Deathfest. C'est vraiment con parce que j'ai quasiment tous leurs albums et même un patch sur une de mes vestes! Il aura fallu attendre ce sixième opus, baptisé A Parallel Dimension Of Despair et sorti en avril dernier chez le label espagnol de goût Memento Mori, mais on y est, enfin une chronique des Américains ici. Oui, il était temps!
Il était temps parce que Cardiac Arrest, ça bute. Tout le monde doit savoir. Le combo de Chicago transmet depuis ses débuts les valeurs traditionnelles du death metal et sa musique transpire l'essence même du style par tous les pores. Pas de mosh parts, pas de batterie triggée sur-compressée, pas de production synthétique, pas d'étalage de technicité, pas de capuche ou autre accoutrement pseudo-occulte. Juste du pur death metal old-school qui dégouline et défouraille, joué en jeans et t-shirt plein de sueur! Pas d'originalité à attendre, pas de surprise non plus. A Parallel Dimension Of Despair perpétue cette tradition de bon ton. Je dois toutefois vous confesser que je garde une préférence pour le précédent And Death Shall Set You Free. Toutes ces louanges pour rien alors?! Mais non, ce n'est pas parce que je trouve ce nouvel album un peu moins inspiré que celui de 2014 (ce que je suis en plus un des rares à penser d'après les autres retours que j'ais), qu'il est bon à foutre à la benne! A Parallel Dimension Of Despair, ça reste du bon voire du très bon! Sauf la pochette de Juan Castellano que je trouve limite trop "jolie" pour du Cardiac Arrest. Et les deux personnages au premier rang font tâche.
Peu importe. On retrouve ici tout ce qui fait le charme morbide de Cardiac Arrest. Ce death metal premier âge assez crados qui renvoie à Master et Autopsy, avec des thématiques et ambiances horrifiques ainsi qu'un petit côté crusty/punky gouleyant (qui veut faire du 2-step sur "Professionnal Victim" à partir de 1'27?!). Du coup ça groove à mort sur des riffs gras, sombres et sales, une basse vrombissante, des vocaux primitifs et des rythmiques simples et efficaces qui donnent envie de se dandiner des hanches. Mais sans se montrer plan-plan comme d'autres groupes qui n'ont qu'un clou rouillé dans leur cercueil moisi. Non, Cardiac Arrest ça envoie du bois (pourri), ça tabasse la carcasse sur des blast-beats et du thrashy. Sur "Rotting Creator", ça sent carrément le death/grind, même si le résultat n'est pas très convaincant. Ça plombe aussi l'ambiance sur quelques séquences doomies comme sur "This Dark Domain" (morceau toutefois un peu longuet et pas très passionnant) et de façon plus réussie dans le dernier morceau "Voices From The Tomb", le plus long (plus de huit minutes) et son intro savoureuse à la Slayer période Seasons In The Abyss. Et bien sûr les sempiternels mid-tempos pour secouer sa tignasse clairsemée. En fait, le gros point fort de ce A Parallel Dimension Of Despair, c'est son côté ultra efficace et catchy, sans doute l'opus le plus accrocheur et "easy-listening" de la formation. Si "When Murder Is Justified", c'est pas du gros tube?! Cette intro lancinante, ce mid-tempo bien appuyé à la suite, ce riff simpliste et ce chant d'ours sexy sur les couplets, ce refrain tout con à chanter sous la douche de Norman Bates, miam! Le morceau a en plus l'intelligence d'accélérer juste avant de devenir chiant. Là on a le droit à du crusty entraînant puis des blasts avant de revenir sur le motif lancinant de la première partie. Dans le genre hit single, "It Takes Form" se défend aussi même si ça joue plus rapide. La façon dont est chanté le court refrain qui reprend simplement le titre vous donnera forcément envie de faire du karaoké avec les grimaces de rigueur! Très fort aussi "Unforgiving... Unrelenting" qui sent bon le Repulsion avec son riff grindy seul qui fait la transition entre l'intro qui blastouille et tremoloïse et la suite death/grind qui bourre salement avant d'envoyer le groove. Le refrain sur la rythmique thrashie est là encore particulièrement aguicheur, tout comme celui de "Become The Pain".
Non franchement il y a de quoi se faire plaisir sur ce nouvel album de Cardiac Arrest. Le groove est monstrueux, les séquences blastées sont jouissives, le growl parfois doublé de shriek n'a jamais été aussi catchy, la production aussi nickel et l'ensemble aussi cohérent. Mais il faut bien que je râle et clairement, certains passages et morceaux dénotent par rapport à d'autres. Je l'ai déjà évoqué, pas fan de "This Dark Domain" trop mollassonne en dépit d'une bonne accélération au milieu et d'une atmosphère bien sombre, ainsi que de "Rotting Creator", titre death/grind expéditif dispensable. Ça commençait en fait déjà à me filer qu'une demi-molle sur le premier morceau "Immoral And Absurd" sympa sans plus. "Drudge Demon" se révèle lui aussi plutôt anecdotique. On sent de toute façon un net essoufflement entre le sixième et le neuvième morceau morceau, passage à vide que l'excellent "It Takes Form" vient relever au milieu. Rien de vraiment mauvais sur ces quatre titres, juste que l'on a connu le gang de Chicago plus redoutable et inspiré. Et on ne peut pas dire non plus que le groupe brille par ses solos, quasi tous inutiles. Quant à l'originalité, c'est le néant total. Mais ça on s'en branle. Parce que si A Parallel Dimension Of Despair n'est en effet pour moi pas le meilleur album de la bande à Adam Scott, je n'irai pas jusqu'à parler de déception tant il procure tout un tas de bonnes choses. On sent l'expérience des mecs sur ce sixième album réussi, une belle démonstration des valeurs traditionnelles du death metal, une ode à la simplicité, à l'essence même de cette musique. En ces temps de metal extrême à capuches, Cardiac Arrest fait du bien. Un groupe rassurant qui garde mon plus profond respect.
| Keyser 17 Juin 2018 - 945 lectures |
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