Il aura fallu quatre ans à Preludium pour accoucher du successeur de l'excellent
Eternal Wrath, petite bombe de death metal polonais à l'intensité jouissive. Mais un manque de variété et une influence trop flagrante de l'Ange Morbide empêchaient l'album de tutoyer les sommets. J'enjoignais alors le groupe à diversifier ses compositions et à se détacher un peu plus de ses mentors. Et c'est exactement ce que fait Preludium sur ce
Raping Mankind Disorder sorti en 2008 chez Redrum666.
Les Polonais ont en effet bien évolué entre-temps. Le groupe propose déjà un nouveau logo bien plus classe que l'ancien. Niveau musique, Preludium s'émancipe et se fait moins brutal, plus varié que sur
Eternal Wrath. Moins brutal parce qu'August blaste moins souvent et que le chanteur/guitariste Lukasz Dziamarsk a rangé ses intonations les plus gutturales au placard pour des growls plus compréhensibles tout en restant puissants, avec quelques élans criards souvent superposés au growls. Plus varié aussi, parce que Preludium a quelque peu ralenti la cadence, joue plus avec les rythmiques et les ambiances et se détache davantage de l'aile protectrice de Morbid Angel. L'influence est toujours là, notamment dans ces riffs véloces au groove sombre (on est pas loin du plagiat sur le début d'"Ultimate Judgement" d'ailleurs), mais on ne peut plus parler de clonage. A l'écoute de
Raping Mankind Disorder, on ne pense ainsi plus uniquement à la bande d'Azagthoth mais désormais aussi à leurs compatriotes de Behemoth ou Hate. Pas des groupes de PDs! Parce que si Preludium a baissé d'un cran niveau brutalité, on reste dans un death metal typiquement polonais donc souvent sombre, rapide et incisif. Et Preludium ne s'est pas mis non plus à pondre des titres de 10 minutes, on garde la même moyenne de 3-4 minutes pour ne pas perdre en efficacité.
Raping Mankind Disorder est même plus court que son grand frère. Avec à peine plus d'une demie-heure toutefois, ça fait léger! La durée ephémère de l'album n'est malheureusement pas le seul reproche que l'on fera à ce deuxième full-length. En effet, si Preludium a corrigé les rares défauts d'
Eternal Wrath,
Raping Mankind Disorder s'avère malgré tout inférieur. Du coup, je me demande si le groupe n'aurait pas dû garder la même ligne de conduite certes moins personnelle et diversifiée mais carrément plus jouissive! Par chance, l'opus n'est pas dépourvu de bons riffs ("Inhumane Obsession" au début avec cette petite mélodie sympathique, "Anti-God's Lament" qui reprend le thème de l'interlude précédent "Desecration By Fire", le groovy "Suffering For Nothing", le riff blasté à 1'27 sur "Unworthy Of Murdering", l'intro menaçante de "The Dawn Of The Emperor" qui fait monter la pression ou à 2'31 sur le même titre, etc.), ils se font simplement moins marquants. Preludium a également la bonne idée d'agrémenter ses compositions de quelques leads ou solos ("Desecration By Fire", "Anti-God's Lament", "Suffering For Nothing", "The Dawn Of The Emperor", "Ultimate Judgement") qui, ajoutés à un sens intelligent de l'efficacité, font passer le tout sans problème. On reste dès lors bien au-dessus de la moyenne malgré un classicisme certain. Pas vraiment de surprise en effet, Preludium joue bien et sait s'y prendre mais n'étonne pas l'auditeur. La seule originalité réside en fait dans l'utilisation d'un didgeridoo sur "Inhumane Obsession", "Anti-God's Lament", "Unworthy Of Murdering", "Ultimate Judgement" et l'instrumental ambiancé "Origin". Le groupe avait déjà fait le coup sur sa précédente réalisation mais l'instrument apparaît ici plus souvent, tout en restant relativement discret (c'est pas non plus du Aboriginal Death Metal!). Ma foi, c'est plutôt bien fait, ça contribue à l'ambiance et ça apporte une petite touche exotique pas dégueulasse.
Fans de death polonais, je vous conseille de vous arrêter sur Preludium, pas le groupe le plus manchot d'une scène où on ne finit jamais de découvrir de nouveaux talents. Ce
Raping Mankind Disorder a beau être décevant par rapport à
Eternal Wrath, il reste tout de même digne d'intérêt. Preludium commence à bien s'affranchir de l'influence de Morbid Angel et propose un album plus varié, plus "personnel" et mieux produit (pas de problème pour entendre les blast-beats cette fois!). Le côté intense et brut de décoffrage me manque un peu mais on ne peut pas reprocher au quatuor de vouloir s'émanciper et ne pas proposer la même mixture. Je n'ai pas encore posé mes oreilles sur le nouvel EP
Abomination sorti en début d'année mais j'attends avec impatience le nouveau full-length qui marquera la première offrande des Polonais chez Diabolical Conquest Records. En espérant que Preludium reprenne sa place parmi mes groupes de plombiers favoris!
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