Après une reformation bicéphale marquée en 2007 par l'inégal
Legacy Of Evil, Daemon, l'unique membre de LIMBONIC ART encore en piste, remet le couvert en ce mois de juin 2010 avec cet album,
Phantasmagoria.
Avec avoir officié à leurs débuts dans le Black Metal très classieux, « wagnerien » pour les amateurs d'étiquettes abstraites, du planant
Moon in The Scorpio ou du merveilleux
In Abhorrence Dementia, le groupe s'est dirigé vers une approche plus agressive dans leur musique, privilégiant la violence et l'agressivité au prix du côté contemplatif de leurs premiers efforts, mettant plus en avant les guitares, devenues bien plus incisives, au profit des claviers, à présent plus en retrait.
Ayant mis fin à sa collaboration avec Morfeus, encore d'actualité sur l'album du retour, Daemon est donc seul aux commandes pour cet opus qui affiche un artwork magnifique, proportionnel à son ambition démesurée, celle du « Wagnerian Black Metal », étiquette que le groupe s'est appropriée depuis sa création en 1993.
LIMBONIC ART propose aujourd'hui un Black Metal symphonique racé et violent qui se targue d'une technicité et d'une production toutes deux impeccables. Les claviers, à présent plus discrets que les guitares, se marient bien avec un ensemble très riche et s'imiscent régulièrement dans une violence maîtrisée pour la rendre plus ambiancée, plus prenante. La musique de LIMBONIC ART, exclusivement composée et jouée par Daemon, officie dans une rapidité appréciable, les guitares se font puissantes, mordantes, lorsqu'elles sont assistées par des blast beats, ou des rythmes au tempo déchaîné, patterns assénés par une boîte à rythme habilement programmée et nullement dérangeante pour un groupe de cette trempe, qui n'a plus rien à prouver à personne.
Des ralentissements sont quelquefois présents sur cet album mais lorsqu'un morceau ralentit, c'est pour proposer une ambiance occulte dont la lenteur n'a d'égal que l'attrait : en guise d'accalmie, le morceau « Dark Winds » notamment propose une ambiance plus lourde, plus pesante, assez proche du Doom, avec son orgue bien mis en avant face à des guitares puissantes et quasiment « funèbres ». Il en va de même pour le début de « A Black Sphere Of Sanity », qui a une ambiance des plus occultes à offrir à son auditeur avant de se déchaîner dans une salve finale très réussie. De même, le final "Astral Projection" propose des ralentissements d'une grande qualité.
Ce
Phantasmagoria fait l'effet d'une déflagration, LIMBONIC ART propose un Black Metal symphonique de haute volée, puissant, bien rapide, et, bien qu'un peu long (environ 1h), cet album semble pouvoir survivre sur la durée, car il propose des morceaux burnés, techniques et toujours riches dans la composition. On pourra retenir l'accroche d'un « Curse Of The Necromancer », majestueux et puissant, ou encore la véhémence d'un « Flight Of The Minds Eyes » à laquelle succède la grosse baffe mise par un « Apocalyptic Manifestation », puis les bombes que sont « Prophetic Dream » et « The Burning Vortex », un enchaînement excellent qui constitue le véritable apogée d'un album qui ne connaît pas de réel temps mort ; son souffle, incarné par la présence de la voix haineuse et toujours bien puissante de Daemon, restant vigoureux et ne s'apaisant que pour proposer une ambiance « occulte » toujours prenante malgré le ralentissement de tempo. Vous l'avez compris, cet album est plus équilibré que son prédécesseur et de fait, on peut affirmer que ce
Phantasmagoria constitue une bonne sortie pour ce qui est devenu le one man band norvégien.
Cependant, on peut reprocher à cet album plusieurs défauts qui font que l'on ne s'imprègne pas totalement de son essence comme on pouvait le faire avec un
Moon in The Scorpio ou un
In Abhorrence Dementia, ces albums mythiques, voire même indépassables pour certains, du groupe dont il est question aujourd'hui.
Le clavier de
Phantasmagoria se contente trop souvent de suivre la guitare et ne fait que « complèter » une ambiance plutôt que d'apporter quoi que ce soit de plus à son aura, comme pouvaient le faire les claviers des précédents opus, instaurant par leur seule présence une vraie "grâce" dans l'ambiance. Sans vouloir jouer les éternels nostalgiques, on ne peut pas dire que l'atmosphère de ce nouveau LIMBONIC ART soit aussi forte que sur les deux albums sus-cités notamment, voire même que sur
Dynasty Of Death, ou les claviers apportaient quelque chose de palpable à la brutalité de cet album en particulier. Ce choix de la « brutalité », de l'attaque, perçues dans une violence aujourd'hui plus maîtrisée qu'auparavant, au profit de l'atmosphère, malgré une classe toujours bien présente, cantonne aujourd'hui LIMBONIC ART à n'être qu'un fort honnête groupe de Black Metal symphonique, qui s'il n'a rien à envier aux autres groupes de ce style (loin de là!), ne leur est pour autant pas supérieur de la tête et des épaules comme il aurait pu l'être s'il avait conservé ce petit « plus » dans l'atmosphère qui hissait ce groupe à la hauteur d'un EMPEROR au crépucule des années 90'.
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