Diabolical Conquest est mort, vive Transcending Obscurity! Le label/webzine indien qui s'était fait discret depuis de longs mois repart sous un autre nom mais avec l'ambition et la motivation qu'on lui a toujours connues. Si j'ai accepté de chroniquer ce nouvel album de Preludium, première sortie officielle de la maison de disque asiatique, c'est toutefois uniquement parce que j'ai toujours entretenu de bonnes relations avec son boss, Kunal Choksi, un vrai passionné. Je n'attendais en effet strictement rien du groupe polonais qui n'a fait que me décevoir ces dernières années alors que je lui prédisais un avenir brillant suite à l'excellent
Eternal Wrath (2004). Alors quand j'apprends en plus que le combo aborde sur
Redemption des thématiques spirituelles, je me dis que le retour à la brutalité d'antan reste un doux rêve, même si les paroles sont signées Maître Kunal, inspiré par Paramahansa Yogananda et le Kriya Yoga.
L'écoute du morceau d'ouverture, "Soul Torment", me donnera raison. Cinq minutes de mid-tempo ennuyant et rébarbatif rendu encore moins passionnant par des passages saccadés sans inspiration. Putain que c'est mou! Je me dis alors que l'écoute et la chronique vont être un calvaire. Puis vient "Altars Of Redemption". Et là je referme d'un coup mon clapet. Blast-beats dévastateurs dès le début, riffs vindicatifs, Preludium aurait-il récupéré ses attributs masculins? Ou ne serait-ce que le dernier soubresaut d'un corps mourant? Le troisième titre, "Incarnations", démarre mollement, ambiancé de dissonances. Je recommence à grincer des dents. Ce n'était donc qu'un feu de paille. 0'54: gros blasts. Peut-être pas finalement! Le reste du morceau se montre tout aussi brutal, avec notamment une séquence assez énorme couplant blast-beat et dissonance posée. Un contraste qui fait son effet!
Redemption écouté en entier, le constat est clair. Contre toute attente, Preludium a retrouvé de l'allant. Oublié l'EP
Abomination et le full-length
Impending Hostility aussi mollassons qu'anecdotiques, les Polonais ont décidé de retaper du poing sur la table. Je place même ce
Redemption à la deuxième place des sorties du combo slave un poil devant
Raping Mankind Disorder mais encore derrière
Eternal Wrath ('faut pas déconner non plus!). Ça fait tellement plaisir de retrouver Preludium en forme! Des blasts à foison (enfin Piotr Ungeheuer s'élève au niveau de l'ancien mitrailleur Dominik "August" Augustyn!), des riffs bien sombres en tremolo, une basse qui vrombit délicieusement, une production féroce proche du dernier opus (un de ses rares bons points), les raisons de se réjouir sont multiples. Mais c'est surtout ce regain de brutalité qui redonne le sourire. "The Seven Gates Of Hell" et "Sins Of Mankind" pour un final sans merci, en particulier, bourrent joyeusement. Jouissif! Ça c'est du death polonais, sans trop sonner Morbid Angel worship (seul petit défaut du premier disque)! Łukasz Dziamarski a même encore amélioré son chant grâce à une plus grande diversité (growls et shrieks habituels plus d'autre intonations plus personnelles) et davantage de puissance.
Tout ça, c'est très bien mais, au risque de jouer les éternels rabat-joie, il ne faudrait pas non plus trop s'enflammer. La joie des retrouvailles ne doit pas rendre aveugle. Car
Redemption est encore loin d'être parfait et certains défauts subsistent malgré le net coup de boost. On n'évite ainsi pas quelques passages mid-tempos peu inspirés ou des saccades inutiles (à 2'40 sur "Arena Of Souls" par exemple). On l'a dit, "Soul Torment" n'introduit pas l'opus de la meilleure des façons. "Circle Of Life" et "Destiny Of Mortals" manquent eux-aussi de panache. Et dans l'ensemble, les riffs auraient pu se faire plus marquants. Concernant les solos et autres leads, je n'aurais pas dis non à une présence plus fréquente, surtout que Skowron et Dziamarski savent s'y prendre. On aurait ainsi aimé plus de sonorités dans le genre de "The Seven Gates Of Hell" à 1'57 ou la ligne de guitare en lead prend quelques couleurs orientales, couleurs qu'on retrouvait bizarrement plus sur le disque précédent. Elles seraient en plus allées de paire avec la philosophie indienne adoptée dans les paroles. J'ai également du mal à comprendre l'intérêt de clôturer tous les morceaux (sauf le dernier) par le même sample de quelques secondes. Non seulement ça ne sert à rien mais ça accentue le côté un peu redondant des morceaux qui peinent à se distinguer clairement. Dernière chose, on pourrait critiquer les Polonais pour avoir cédé à la mode de la dissonance dont Preludium abuse un peu trop sur ce nouvel album. Le retour de Gorguts influencerait-il les autres? Même si elles ne ressortent pas dans la musique en elle-même, les thématiques spirituelles, chères aux Canadiens, pourraient aussi le faire penser. Cela dit, ça passe plutôt très bien ici avec de nombreuses combos blast + tremolo + dissonance tout à fait convaincantes et quelques influences black metal bienvenues sur les parties dissonantes les plus lentes.
Du coup,
Redemption s'avère une bonne surprise à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Il y a bien sûr encore deux-trois choses qui me chiffonnent. Rien de bien grave toutefois contrairement à l'opus précédent. Preludium a repris du poil de la bête et nous offre un album fort sympathique de death metal à la polonaise avec blast-beats et tremolos en pagaille. Pas la sortie de l'année mais un disque suffisamment intéressant, inspiré et brutal pour qu'il me réconcilie avec Preludium. Un album qui finalement porte très bien son nom!
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