Si les scènes chilienne et turque ont le vent en poupe ces derniers temps en matière de death metal, il ne faudrait pas non plus oublier la grecque. Menée par les impériaux Dead Congregation, elle possède aussi son lot de formations talentueuses telles Mass Infection, Embrace Of Thorns, Terrordrome, Necrovorous, Vermingod, Abnormal Inhumane et... Resurgency. Rappelez-vous, les Athéniens avaient sorti en 2012 un premier full-length très prometteur,
False Enlightenment. Sorte de croisement entre Supreme Pain, Sinister, Incantation et Vader, le groupe sorti de nulle part avait frappé un grand coup. Puis plus rien. Plus rien jusqu'à cette année où Resurgency ressurgit (haha) avec un nouvel album,
No Worlds... Nor Gods Beyond, sur F.D.A. Rekotz. La fin de cinq ans de frustration!
Cela dit, les retours après une longue absence ne s'avèrent pas toujours réussis. C'est donc avec une certaine appréhension que j'ai enfilé la galette dans le lecteur pour la première fois. Mais surtout avec beaucoup d'impatience, la belle pochette colorée de Raúl González m'ayant fait grave saliver. Les changements de line-up qui ont vu l'ancien batteur de Mass Infection George Trakas remplacer Vagelis Felonis et l'ex-Suicidal Angels Panos Spanos rejoindre à la deuxième guitare le combo redevenu quintette ne me faisaient pas non plus vraiment peur, au contraire. Et putain quel retour! Je sentais que Resurgency pouvait faire encore mieux que
False Enlightenment mais j'avoue que je n'en espérais pas autant. Ce
No Worlds... Nor Gods Beyond surpasse ainsi tout ce que j'aurais pu en attendre. Foutre Satan, quelle tuerie!
Non seulement les Grecs tournent désormais à plein régime en utilisant tout le potentiel entrevu sur l'opus précédent mais ils ont aussi su évoluer. Leur death metal se fait désormais beaucoup plus influencé par la scène floridienne des années 1990, Brutality en tête. Ces tremolos sombres et mélodiques intelligemment ficelés qui virevoltent et progressent tout du long, cette voix gutturale et arrachée intelligible, c'est bien du pur Brutality. Alors oui du coup, on n'est pas dans l'originalité la plus prononcée. Toutefois, ce n'est pas le créneau le plus utilisé à l'heure actuelle où les jeunes groupes font plutôt du suédois old-school ou du dark trve okkult. Resurgency garde donc une certaine "fraîcheur" par rapport à la masse. Mais ce qui fait vraiment la différence, ce sont les riffs. Je n'arrête pas de le répéter depuis des années. Peu importe la vitesse des blasts, la quantité de couches de guitare superposées, le nombre de notes jouées à la seconde, la beauté des artworks ou la taille des capuches. Tout cela reste du superficiel, bien dans l'esprit de notre pauvre époque où le paraître l'emporte sur l'être. Non, l'essentiel, c'est bien toujours la qualité du riffing. Et là les enfants, je peux vous dire qu'il y a du niveau chez Resurgency! Ça riffe sévère, du tremolo à foison qui démontre un feeling mélodique exemplaire chez les Hellènes. Quand en plus ces riffs excellents s'accompagnent très souvent de blast-beats qui claquent bien comme il faut de façon naturelle, loin de ces batteries triggées, quantisées et compressées à mort, c'est orgasme auditif à répétition! Encore une fois, le combo blasts / tremolos fait des ravages, aussi bien voire mieux que chez leurs compatriotes de Mass Infection dont le style est assez proche. Ça commence direct sur "Thresholds Of Infinite Pain" qui ouvre l'album sur les chapeaux de roues et ça ne prend fin que sur "Quartered Mental Existence" dont les dernières secondes s'avèrent jouissives à mort. Entre les deux, le niveau ne faiblit jamais, aucun remplissage à prévoir sur trente-cinq minutes rondement menées. Écoutez-moi donc ces passages jubilatoires sur "Progenitors Of Suffering" à 1'06, "Upset Sun In Shades Deforms" à 0'21, "Celestial Commemoration" à 1'19, le début de "Emancipation By Knowledge", tout l'instrumental "Permutation Rites", véritable leçon de riffing, ou encore "Through The Gate Inside Not" à 1'58 et à 2'27 avec le "refrain" que vous aurez vite envie de gueuler le poing serré avec une tête de méchant.
Des séquences qui émoustillent le deathster sensible comme celles-ci, il y en a pléthore sur ce
No Worlds... Nor Gods Beyond. Un pur régal de bout en bout. Quand ça ne blaste pas, ça part sur du tchouka-tchouka thrashy ou du mid-tempo plus "sautillant". Si les blasts sont légions, Resurgency varie en effet bien le rythme. Il n'oublie pas non plus de groover, rendant le tout encore plus efficace qu'il ne l'est déjà. Outre cette basse frétillante dans le fond qui aurait toutefois pu être mise davantage en valeur, on retrouve ainsi avec délectation ce groove dark à la double comme savait si bien le faire Morbid Angel, autre influence floridienne notable de l'opus. Flagrant en ouverture de "Upset Sun In Shades Deforms" et "Through The Gate Inside Not"!
On va arrêter là le léchage de boules sinon on va croire que j'ai été soudoyé! Pour écarter tout soupçon, je vais même dire que là où Resurgency pourrait s'améliorer, c'est au niveau des solos. De type chaotico-mélodique classique, ils ne sont pas du tout mauvais, la forte distorsion leur donnant un effet spatial agréable et bien dans le ton, mais ce n'est clairement pas le point fort du combo qui sait composer des motifs plus mémorables. Comme leur sens du riff hors norme que beaucoup de groupes récents ou même d'anciens qui ont perdu le feu sacré devraient prendre en exemple. Ils ne réinventent rien mais question feeling les mecs ont sorti l'artillerie lourde. J'ai acheté le disque il y a des mois et je prends toujours un pied monstre à son écoute quand la plupart, même très honorables, finissent sur l'étagère au bout de deux-trois semaines. Un signe qui ne trompe pas! Resurgency a tout compris au death metal et propose sur ce foutrement bonard
No Worlds... Nor Gods Beyond, servi par une production parfaite et blindé de riffs en tremolo délectables sur des blast-beats jouissifs, un voyage dans le temps à Tampa au milieu des années 1990 qui fleure bon le Brutality, influence rare et précieuse (et un peu Morbid Angel, parce que, quand même, faut pas déconner!). Les Suisses de Requiem le faisaient aussi très bien mais si le premier extrait décevant de leur nouvel album à venir reflète sa qualité, Resurgency va vite devenir le nouveau porte-drapeau du death 90s à la floridienne. Ne cherchez plus l'album death metal de l'année, vous l'avez devant vous.
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