Sorti en avril dernier sur le label espagnol Memento Mori (Dipygus, Formless Oedon, Larvae, Morbific, Sedimentum...) ainsi que sur Rotted Life Records (Coagulate, Coffin Rot, Décryptai, Gosudar, Laceration...), j’ose espérer que vous n’avez pas attendu cette chronique tardive pour poser vos oreilles sur le premier album de ces Australiens dont je vous avais déjà parlé à l’occasion de
The Birth Of The Beginning Before The Inception Of The End, un EP particulièrement convaincant paru il y a maintenant un tout petit peu plus de trois ans et qui d’ailleurs n’avait pas manqué d’attirer l’attention de tous ceux qui suivent de près l’underground Death Metal.
Intitulé
Beliefs Of Dead Stargazers And Soothsayers, ce premier longue-durée a été enregistré, mixé et masterisé par l’un de leurs compatriotes en la personne d'Aphotic Mote, guitariste rythmique du groupe Portal qui pour l’occasion signe une production particulièrement chouette laissant derrière elle les quelques défauts entendus sur
The Birth Of The Beginning Before The Inception Of The End. Celui-ci voit également le groupe passer d’un trio à un quatuor avec l’intronisation officielle d’Anthony Oxenbridge (Rottenatomy, ex-Bone Marrow) que l’on avait déjà entendu chez Pustilence par le passé en tant que guitariste de session. Un line-up qui toutefois n’aura pas été en mesure de résister aux affres du temps puisque depuis la sortie de ces onze nouveaux morceaux, Sean Matulich (basse) et Earl Chercoles (batterie) ont tous les deux pliés bagages. C’est évidemment bien dommage mais ce n’est pas ce qui va arrêter les Australiens qui depuis ont déjà embauché un certain Pete Robertson (Malignant Aura, ex-Malakyte...) en guise de nouveau batteur.
Pour ce retour aux affaires, Pustilence n’a pas fait les choses à moitié puisque
Beliefs Of Dead Stargazers And Soothsayers s’étale tout de même sur plus de quarante-cinq minutes. Alors non, on ne va pas s’en effrayer mais à l’heure actuelle rares sont les albums à fricoter avec ce genre de durée qui en deviendrait presque « excessive »… Une générosité que l’on ne manquera pas d’apprécier puisque celle-ci n’est en aucun cas plombée par une quelconque baisse de régime ou d’intensité puisque Pustilence va en effet réussir à maintenir un certain degré d’efficacité tout au long de ces trois-quart d’heure.
Parmi ces onze nouveaux morceaux, trois interludes instrumentaux dont les sonorités étranges et synthétiques évoquent des univers de science-fiction baroques ("Iliad To The Contorted Apprehension", "An Ode To The Eyes That Are Yellow" et "Testament Of Disarray"). Relativement courts, ces derniers ont évidemment pour fonction d’aérer l’album sans pour autant porter préjudice à l’intensité ou à l’efficacité que les Australiens n’ont d’ailleurs aucun mal à cultiver tout au long de l’album.
En effet, loin de chercher à mettre de la distance avec ce qu’ils ont pu faire par le passé,
Beliefs Of Dead Stargazers And Soothsayers s’inscrit sans grande surprise dans la continuité de ce que Pustilence proposait déjà il y a trois ans avec
The Birth Of The Beginning Before The Inception Of The End. Certes, on repassera pour l’effet de surprise mais la bonne nouvelle c’est que les Australiens confirment ici ces excellentes prédispositions évoquées à l’époque. Aussi au-delà de ces interludes mentionnés plus haut, c’est effectivement toujours bon train qu’est mené ce premier album. Un rythme globalement soutenu que Pustilence va entretenir à coups de puissantes secousses et autres démonstrations de force pour le moins prononcées. Ainsi d’"Aspirants Of Intemperance" à "Profound Assiduity" en passant par "Outwith The Plains Of Ultimatum", "Procured Propensities" ou "Extirpated Conquest", les Australiens ne vont pas manquer de nous administrer quelques coups de pression bien placés. Une brutalité et une intensité soulignée également par quelques solos à l’esprit bien chaotiques ("Aspirants Of Intemperance" à 1:14, "Profound Assiduity" à 2:19, "Extirpated Conquest" à 2:51 et dans une moindre mesure "Demiurge Divertissement" à 3:26).
À l’inverse, le groupe prend toujours autant de plaisir à calmer le jeu par le biais de séquences et même de titres plus modérés. Une dualité qui comme toujours va permettre à la formation de Brisbane de nuancer son propos et de jouer avec les dynamiques dans l’espoir de ne pas susciter l’ennui auprès de ses auditeurs ("Profound Assiduity" à 1:43, "Concupiscence" à 0:27, "Outwith The Plains Of Ultimatum" à 2:08 et 3:49, "Procured Propensities" à 0:31, "Demiurge Divertissement" et sa partie bien lourdingue entamée dès 2:24, "Extirpated Conquest" à 3:45...). C’est également l’occasion pour Pustilence d’insuffler une pointe de groove bien sentie à certaines de ses compositions ("Aspirants Of Intemperance" à 1:54, "Profound Assiduity" à 4:28, "Concupiscence" à 1:37 et 4:33, les premières secondes de "Outwith The Plains Of Ultimatum", "Pishogue Thaumaturge" à 2:05, "Demiurge Divertissement » à 0:36, "Extirpated Conquest" à 0:20 et 1:47...) histoire de nous faire chalouper comme il se doit.
Bref, c’est effectivement un retour gagnant pour Pustilence qui continue ici sur sa lancée en ayant pris notamment soin de corriger les quelques défauts de production pointés du doigt à l’époque de
The Birth Of The Beginning Before The Inception Of The End. Pour le reste, ce premier album s’il ne révolutionnera absolument rien n’en reste pas moins exécuté d’une main de maître par un groupe qui sait parfaitement ce qu’il fait et ne souffre d’aucune lacune particulière. Riffs ciselés et particulièrement efficaces, accélérations bien trempées, brutalité mesurée, groove et variété dynamique, on va là retrouver tous les ingrédients nécessaires à la composition d’un album extrêmement solide et ainsi capable de tenir la route et soutenir la comparaison face à une concurrence toujours aussi impitoyable.
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