Xenomorph - Empyreal Regimes
Chronique
Xenomorph Empyreal Regimes
Avant de m’attarder de nouveau sur les nouveautés plus ou moins récentes tombées de gré ou de force dans mon escarcelle, effectuons si vous le voulez bien un petit retour en arrière avec aujourd’hui un groupe du nom de Xenomorph, second-couteau américain originaire du Nebraska et dont les premiers balbutiements remontent à 1990. Évoluant durant ses six années d’activité sous la forme d’un trio avec notamment dans ses rangs un certain Bill Taylor (ex-Immolation, ex-Angelcorpse, ex-Acheron, ex-Perdition Temple...), le groupe compte à son actif une première démo parue en 1993 et intitulée Subspecies à laquelle a succédé deux ans plus tard un premier et unique album du nom d’Empyreal Regimes. Une sortie extrêmement confidentielle opérée sous les couleurs de Fleshkoptor Musikkk, mystérieuse structure qui n’offrira d’ailleurs jamais rien d’autre que ce disque.
Resté à pourrir dans les limbes de l’underground Death Metal pendant des années au profit de quelques happy few bien informés, Empyreal Regimes aura néanmoins eu le droit à une seconde jeunesse grâce au concours du label Dark Descent Records qui en 2011 en a proposé une réédition CD particulièrement bienvenue puisqu’en plus de satisfaire à l’attente interminable de certains, elle a également permis de mettre sur le droit chemin des gens comme moi qui n’avaient encore jamais croisé la route de Xenomorph. Enfin, cerise sur le gâteau, on trouve en guise de bonus à cette réédition relativement fidèle à l’originale (quelques ajouts et autres modifications graphiques sont tout de même à noter ainsi que la présence d’une courte note liée à cette réédition), les trois titres de la démo Subspecies. Soit un total de dix titres pour une durée d’une heure moins une seconde.
Sorti en plein milieu des années 90 à une époque où le Death Metal avait clairement perdu de son intérêt aux yeux d’un public dorénavant tourné vers d’autres horizons, Empyreal Regimes a essuyé les plâtres d’une époque peu propice à ce genre de sorties et d’une distribution que l’on imagine particulièrement hasardeuse et limitée… Dommage pour un groupe de ce standing (d'autant que la production tient encore à ce jour particulièrement bien la route) même si la perte tragique de Joseph William Papek IV aka Pappshammer décédé d’un cancer à l’âge de vingt-cinq ans en 1996 a de toute façon signé de manière définitive la fin des activités de Xenomorph...
Alors si je ne vous ferai pas l’affront d’un laïus autour de la définition d’un Xenomorph (vous avez tous déjà vu les films Alien j’imagine), laissez-moi quand même vous raconter de quoi il retourne ici. Un petit coup d’oeil aux photos du livret (que l’on peut également trouver sur Internet) suffisent pour se rendre compte que les Américains ne sont pas là pour amuser la galerie et encore moins pour enfiler des coquillettes afin d’en faire un collier de pâtes. Largement influencé par son propre patrimoine culturel, Xenomorph pratique un Death Metal qui par de nombreux aspects n’est pas sans rappeler celui de formations telles que Morbid Angel, Timeghoul ou bien encore Order From Chaos. Certes, Empyreal Regimes ne possède pas tout à fait le même degré de sauvagerie et d’intensité que les premiers albums de Morbid Angel menés pied au plancher mais on va tout de même y retrouver dans une certaine mesure quelques parallèles évidents à commencer par ces ambiances infernales, ce riffing tarabiscoté et véritablement possédé ou bien encore ces quelques solos chaotiques qui renforcent là encore cette impression de désordre et de chaos qui règne à l’écoute de cet unique album. Mais à l’instar d’un Order From Chaos, le trio américain préfère ici opter pour des tempos plus modérés afin de mieux souligner le caractère extrêmement sournois et vicieux de compositions particulièrement menaçantes et finalement plus tarabiscotées qu’il n’y paraît (en cela le parallèle avec Timeghoul s’avère tout à fait à propos d’autant que chaque titre s’étale ici entre cinq et huit minutes en moyenne). Car à quelques exceptions près ("The Keep" et ses assauts de double pédale, "Wehrmacht" à 3:47, "Plight Of The Cimmerian" à 3:43, "Subspecies" et ses courtes séances de blasts, etc), c’est plutôt sur un rythme oscillant entre mid-tempo tordus et changeants et séquences up-tempo modérées que Xenomorph mène ses pérégrinations en terrains hostiles. Et puisque l’on parle d’Order From Chaos, difficile de ne pas évoquer le chant âpre et particulièrement haineux de monsieur Pappshammer qui à la manière d’un Pete Helmkamp ne donne pas du tout envie de sourire et apporte un côté belliqueux supplémentaire à une musique et des paroles déjà largement portées sur le sujet.
En guise de bonus, on l’a vu, Dark Descent Recors nous offre ici les trois titres de la démo Subspecies parus en 1993 (titres que le groupe n’a d’ailleurs pas repris sur son premier album). Forcément, la production y est bien moins convaincante sans être pour autant un véritable frein à l’appréciation de ces quelques titres. Plus directs et rentre-dedans, on y retrouve dans les grandes lignes ce qui fera plus tard le charme des compositions d’Empyreal Regimes mais avec peut-être un peu moins de personnalité dans la mesure où les penchants de Xenomorph pour Morbid Angel semblent en effet beaucoup plus flagrants. En attendant, je ne boude clairement pas mon plaisir de m’enfiler en fin de course ces trois titres inédits même si avec tout cela on approche dangereusement des soixante minutes... Un programme chargé mais qui, album ou démo, en vaut véritablement la peine.
En effet, Xenomorph a beau faire partie de la longue liste de ces seconds-couteau a avoir modestement et discrètement marqués la scène Death Metal américaine, il est clairement de ces groupes à ne pas sous-estimer. Car derrière quelques liens de parentés plus ou moins évidents se cache malgré tout même un groupe dont la musique n’offre pas beaucoup de compromis et peut se targuer d’avoir pour elle une certaine identité. Du coup, sans vouloir vous dire ce qu’il faut faire, il serait plutôt judicieux de ne pas passer à côté d’Empyreal Regimes et de cette réédition CD qui vraisemblablement commence à se faire rare (il vous reste l’option LP parue en 2012 chez Blood Harvest mais j’y crois moyen ou alors la version cassette proposée par Huangquan Records en début d’année). Bref, voici ma modeste mise en lumière / rappel à l’ordre, à vous d’en faire ce que vous voulez...
| AxGxB 4 Avril 2022 - 890 lectures |
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