Depuis son dernier méfait, le fort sympathique
A Parallel Dimension of Despair (2018), Cardiac Arrest a été plutôt occupé. Deux splits avec Surgikill et Coffins, une tournée européenne, la bande d'Adam Scott s'est montrée plus active qu'entre
And Death Shall Set You Free (2014), sans doute mon enregistrement préféré des Américains, et ce précédent opus, là où il ne s'était pas passé grand chose pendant quatre ans. Évidemment, il faut ajouter à cette actualité animée la sortie de son déjà septième album,
The Day That Death Prevailed, publié fin juillet chez Memento Mori. À part cette pochette en noir et blanc assez moche, franchement, je la sentais bien cette affaire !
C'est que le quatuor de Chicago n'a jamais déçu, se bonifiant même avec le temps. Et surtout, on sait à quoi s'attendre à l'écoute d'un nouvel opus du combo. Du death metal old-school simple et efficace pourrissant dans les dégoulinures des films d'horreur, qui ne se prend pas la tête tout en restant fidèle aux origines du Mal. Manque dommageable de surprise ? Gage de qualité ai-je plutôt envie de dire. Rien d'étonnant donc à ce que je vous annonce que
The Day That Death Prevailed s'avère très cool, du pur Cardiac Arrest dans le texte. Petit doute toutefois sur le premier morceau "Thrive on the Fear" qui, passée la première minute samplée au climat angoissant sur fond de sirène d'alarme apocalyptique, en touche une sans faire bouger l'autre. Il y a toujours des passages voire morceaux un peu moins inspirés sur les œuvres des Américains cela dit et cela avait déjà été le cas au début du disque précédent sur le moyen "Immoral and Absurd". La suite dès "Naegleric Outbreak" chassera en effet vite cette première impression pour ne plus jamais faire débander. La formation va ainsi enchaîner les hymnes death metal avec le talent, la sincérité, la touche qu'on leur connaît.
The Day That Death Prevailed dégage même un parfum à l'ancienne encore plus prononcé que d'habitude. La production grassouillette juste parfaite, le groove putride qui ferait se dandiner même le zombie le plus amoché avec carrément du 2-step sur les élans les plus dansants, les rythmiques binaires entraînantes qui tapent dans le punky/thrashy/grindy, les riffs qui tâchent salement, la basse de Holland qui dégueule, le growl vomitif de Scott qui se transforme parfois en bon psychopathe assoiffé de sang et globalement un sentiment d'urgence qui fait se débarrasser le groupe de tout apparat inutile afin de se concentrer sur l'essentiel sur ce qui se révèle comme l'album le plus court de sa discographie (juste un peu plus de trente minutes), ce nouveau chapitre des aventures horrifiques de Cardiac Arrest pue le old-school par tous les orifices. C'en est d'ailleurs foutrement jouissif. C'est ultra efficace, catchy à mort (nombreux refrains à chanter sous la douche ou presque) et ça passe comme un poing dans un lépreux.
Ce qu'il y a de bien aussi, c'est que oui c'est primitif, épuré, préhistorique et tout ce que l'on veut mais on trouve quand même ici tout un tas de riffs aux tremolos bien sombres qui ne rigolent pas. Les mecs savent jouer, maîtrisent grave. Les solos sont d'ailleurs meilleurs que sur le précédent, certains font même ressortir un sens aiguisé de la mélodie ("Birth of Hideki" à 3'14, "Endless Dread" à 3'22 et "Up from Oblivion" à 3'19 entre autres) quand d'autres font juste dans la torture de vibrato. Et aussi, ça blaste ! Pas tout le temps, le groupe s'adonnant surtout au punky entraînant saupoudré par-ci par-là de quelques mid-tempos appuyés bien headbangants ("Birth of Hideki" à 2'12, débuts de "Plague Ridden Destiny" et "Endless Dread" repris plusieurs fois ...) avec juste deux ou trois gros ralentissements macabres ("Plague Ridden Destiny" à partir de 2'38 surtout) mais quand il le fait, il n'hésite pas à tartiner gaiement comme sur "Birth of Hideki", décidément l'un des meilleurs morceaux, "A Call for Violence" qui porte bien son nom, l'expéditif "Eradicate the Masses" le titre le plus bourrin du charnier, ou encore le jubilatoire "Sodomite" qui te refait le fond du bocal sans préliminaire. Démontrant ainsi l'aisance du combo dans tous les domaines et apportant ce qu'il faut de variété nécessaire pour éviter toute lassitude.
Un nouveau Cardiac Arrest, c'est toujours une bonne nouvelle. L'assurance de se retrouver bien au chaud, confortablement installé, rassuré dans ses certitudes et ses convictions. La preuve encore avec ce
The Day That Death Prevailed que je préfère d'une courte tête à son plus jeune frère
A Parallel Dimension of Despair, moins homogène. Sans doute aussi ce côté old-school exacerbé qui rend l'opus des plus jouissifs. Non,
The Day That Death Prevailed ne va rien révolutionner, ce ne sera pas l'album de l'année mais putain que cette simplicité, cette authenticité fait du bien en ces temps où tout semble compliqué et corrompu. Catchy et efficace comme jamais grâce à sa durée brève, gras et sale, sombre et violent, inspiré et convaincant, simple tout en restant intéressant,
The Day That Death Prevailed offre un death metal sans fioriture de grande qualité qui ne pourra que plaire à ceux qui honorent d'autres gros dégueulasses notoires comme Autopsy, Impetigo, Pungent Stench ou plus récemment Undergang. Et malgré les thématiques horrifiques, cet attrait pour le bis voire le Z, les Américains ont la bonne idée de ne pas nous inonder de samples de films inutiles à la Mortician (trois-quatre tout au plus ici). Pas de chichi et droit à l'essentiel contrairement à beaucoup de nouveaux groupes qui en font souvent un peu trop. Juste du bon vieux death metal des familles. Alors, on n'est pas bien là ?!
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