Saprogenic - Expanding Toward Collapsed Lungs
Chronique
Saprogenic Expanding Toward Collapsed Lungs
Le retour aux affaires de Saprogenic était attendu par beaucoup. Pas par moi. Non pas que je n'apprécie pas la musiques des Américains. Je ne me suis en fait jamais penché sur leur cas malgré des commentaires souvent élogieux. Sept ans après Ichneumonid, débarque donc Expanding Toward Collapsed Lungs, nouvel album d'une formation maintes fois plébiscitée par l'underground brutal death. L'occasion pour moi de me confronter à la bête, encouragé par quatre éléments déterminants. L'arrivée à la seconde guitare de Russ Crossman (présent sur le très bon Devirginated Genital Pulp de Mutilated), l'artwork inspiré, la signature sur Willowtip Records déjà responsable des deux meilleures sorties brutal death de l'année (Defeated Sanity et Wormed) et surtout, l'écoute plus que convaincante du streaming intégral.
Il ne m'en fallait pas plus pour commander l'opus et saliver dans l'attente de le recevoir. Les nombreuses écoutes depuis plus de quatre mois ont confirmé qu'il s'agit bien d'un album qui vaut le détour, sans toutefois atteindre la qualité de ses deux partenaires européens de label. Saprogenic pratique en tout cas un brutal death à l'américaine plus intéressant que la moyenne. On regrettera tout de même en premier lieu un son de guitare un peu étouffé par de la réverbération (même s'il amplifie l'effet de suffocation de la pochette) et une batterie synthétique, une mauvaise habitude depuis des années dans le milieu. Rien de trop grave cela dit, la production donnant à la musique suffisamment d'impact pour assurer le minimum. J'ai de plus tendance à me faire tolérant sur ces détails lorsque derrière, on sent un véritable effort de composition. Ce qui est le cas sur ce Expanding Toward Collapsed Lungs. Saprogenic me fait déjà très plaisir avec beaucoup de bons gros blast-beats des familles (j'adore quand ça pète dès le début comme sur "Eat My Heart", "Mutated Deception" et "Navigating The Human Eye", trois des meilleurs morceaux du disque), même si le combo de Detroit n'échappe pas aux semi-blasts lourdauds inhérents au genre. Mais ce sera comme d'habitude niveau riffing que la différence se fera. Là, la paire John Skinner/Russ Crossman s'est clairement creusée les méninges pour nous sortir des riffs attrayants en tremolo avec ce petit quelque chose de mélodique qui nous donne envie d'y retourner. Saprogenic a en plus la bonne idée de varier ses compositions, assez pour qu'elles se distinguent toutes les unes des autres, échappant ainsi à une critique récurrente émise envers les groupes de brutal death. On retrouve notamment pas mal de rythmiques différentes proposées dans les morceaux (blasts, semi-blasts, tchouka-tchouka, mid-tempo plus ou moins gras...), sans sonner chaotique ou ultra technique. Sans tomber dans la caricature, en somme. Tout coule de source, le feeling est naturel, rien de forcé. Même quand Saprogenic fait dans le brutal death US typique et adopte un feeling slammy, il le fait mieux que la plupart. J'apprécie particulièrement ces riffs gras et groovy sur fond de double rapide. La basse apporte aussi son lot de groove. Si elle ne fait rien d'extraordinaire, elle gigote suffisamment pour se faire remarquer.
Brutalité, groove, riff, mélodie, maîtrise technique, sens de la composition et même atmosphère avec ces tremolos sombres, ces quelques riffs pesants et cette production suffocante, Saprogenic séduit dans tous les secteurs de jeu. On peut même avancer que les Américains possèdent une certaine personnalité, qualité rare chez les groupes de brutal death. Bien sûr, certaines influences ressortent. Morbid Angel, Suffocation, Gorgasm et, plus étonnant, Cattle Decapitation. Saprogenic ne dégage pas la même folie que les végétariens misanthropes mais impossible de ne pas penser aux Californiens sur certains passages, par exemple "Navigating The Human Eye" après la séance de blasts d'ouverture avec ces dissonances, ces harmoniques sifflées et ces vocaux. Là se trouve la ressemblance la plus frappante puisque je me suis souvent demandé si Travis Ryan en personne n'intervenait pas en tant qu'invité. Un compliment pour Jeremy Swanson, Ryan faisant partie de ce qui se fait de mieux derrière le micro en matière de metal extrême. Le frontman de Saprogenic n'a cependant pas encore la versatilité de son collègue.
Vous savez ce qui prouve le mieux la qualité de Saprogenic et de son troisième full-length Expanding Toward Collapsed Lungs? Pour une reprise, la plupart des groupes de brutal death US aurait choisi Cannibal Corpse, Devourment, Suffocation ou Disgorge. Saprogenic a lui, opté pour Dissection! Un choix aussi surprenant qu'élégant puisque la cover de l'excellent "Night's Blood" passe très bien à la moulinette BDM sans dénaturer l'essence originelle du morceau qui garde son âme intacte. Il s'agit même de la piste la plus marquante de l'opus. Comme quoi il reste encore du chemin à Saprogenic avant de composer un tel morceau malgré des qualités d'écritures évidentes. Expanding Toward Collapsed Lungs est un bon album de brutal death, très bon même parfois, mais il se trouve encore un peu affaibli par quelques passages banals qui l'empêchent de se hisser parmi l'élite. Difficile, en même temps, de rivaliser avec le feeling mélodique de Jon Nödtveidt. Ce n'est de toute façon pas ce qu'on demande au quintette de Detroit qui évolue dans une autre sphère. Et dans celle du brutal death, ce que propose ici Saprogenic s'avère suffisamment efficace, inspiré et varié pour lui permettre de se détacher de la masse et de convaincre. Le potentiel important des Américains qui, à mon avis, sont capables d'encore mieux, ne laisse en plus présager que du bon pour la suite. Une suite qu'on espère voir débarquer avant 2020!
| Keyser 27 Décembre 2013 - 1190 lectures |
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