Elizabeth - Where Vultures Land
Chronique
Elizabeth Where Vultures Land (EP)
Sans rien demander à personne, Throatruiner poursuit son petit bonhomme de chemin en continuant de signer des groupes de qualité au potentiel avéré. L'une de ses dernières trouvailles est un petit groupe Suisse du nom d'Elizabeth. Formé en 2009 par Charly Boson et Matthieu Baumann, le groupe prend véritablement forme avec l'arrivée de Julien Diels à la basse et surtout de Javier Varela, ancien chanteur de Nostromo. Le line-up ainsi complété, le groupe s'attèle à la composition de sa première démo. Outil indispensable pour la majorité des groupes, celle-ci lui ouvrira les portes de bien des salles à travers toute l'Europe. Elizabeth se fait ainsi un nom, se taille une réputation auprès du public et se laisse finalement embarquer pour une coproduction Franco-belge entre Throatruiner et I For Us répondant au nom de Where Vultures Land.
Si la pochette, réalisée par Mark Maggiori (ancien chanteur de Pleymo), pourra attirer l’œil des plus lubriques elle reflète cependant assez bien ce que représente le groupe. Car derrière la douceur de ce nom féminin se cache tout de même une musique écorchée et intense. En cela, l'image de cette femme menue à la poitrine dénudée qui représente donc une certaine forme de féminité volant pourtant en éclat par le paradoxe flagrant de cet énorme fusil d'assaut qu'elle porte en son sein et de cette scène de guérilla urbaine en arrière plan donne la pleine mesure de ce qu'est Elizabeth: un groupe sournois paré de ses plus beaux atours mais dont les propos se veulent noirs et véhéments.
Fidèle à la ligne artistique que s'est tracé Throatruiner depuis ses débuts, les Suisses nous offrent avec Where Vultures Land un mélange de Crust/Hardcore parfaitement ancré dans ce qui ce fait aujourd'hui. Les influences sont évidentes et il est d'ailleurs très difficile de ne pas penser à Rise And Fall et surtout Converge à l'écoute de ces huit titres. Si c'est assurément un gage de qualité, c'est aussi probablement la faiblesse du groupe aujourd'hui. Arriver en 2012 sur le "marché" déjà fortement saturé du Crust/Hardcore de salon alors que Southern Lord nous a déjà plombé les oreilles avec plus de sorties en deux ans qu'on a pu en avoir entre 2000 et 2010 tout en espérant se démarquer relève véritablement du chemin de croix. Elizabeth souffre à mon avis d'une personnalité encore trop peu affirmée et d'un lien de parenté trop pesant pour véritablement se distinguer de la masse..
Mais au delà de ce constat qui ne gâche en rien la musique d'Elizabeth, il faut reconnaitre au groupe une certaine aisance dans l'exécution de ces huit petits brûlots. Nous sommes en effet face à d'excellents musiciens qui connaissent leurs instruments sur le bout des doigts et qui surtout savent jouer ensemble. Comme Converge, la batterie tient ici un rôle prépondérant. C'est elle qui pose les fondations rythmiques de chaque titre et Dieu sait quelles sont mises à mal. Pas aussi démonstratif et radical qu'un Ben Koller, Matthieu Baumann n'en est pas moins doué pour autant. Ca cogne dur et avec assurance. Chaotique as fuck, Elizabeth ne mise cependant pas tout sur ses changement de rythmes incessants et ses plans syncopés à vous faire devenir épileptique. Non, la musique des Suisses transpire une certaine urgence Punk/Hardcore qui insuffle une énergie incroyable à ce EP. Le format ultra court des compositions (2 minutes en moyenne) aide également beaucoup à cette impression générale. Les riffs nerveux servit par l'unique guitariste du groupe sont plutôt simples mais d'une efficacité primaire à toute épreuve. Ils savent cependant prendre parfois quelques tournures mélodiques même si dans l'ensemble on en prend plein les dents du début à la fin. Là encore, le jeu de guitare de Charly Boson n'est pas sans rappeler celui de Kurt Ballou. Enfin, intéressons-nous au chant de Javier Varela. A la première écoute de Where Vultures Land j'ai eu bien du mal à reconnaitre le chant de l'ex-Nostromo. Il faut dire que cela fait bien longtemps que je n'ai pas écouté un de leurs albums. Toujours est-il que j'avais en mémoire une voix plus grave. Finalement, le chant crié de Javier Varela se rapproche assez de celui de Tomas Lindberg. C'est plutôt flagrant sur le premier titre "Darkness" même si cela tend à s'estomper légèrement par la suite. Et si le chant est lui aussi sans surprise pour le style pratiqué, il possède cependant une certaine personnalité. Je me rends compte surtout au fils des écoutes que je retrouve les intonations de Javier et donc en quelque sorte sa marque de fabrique.
Dans tout ce chaos, on notera la présence d'un titre plus en retenu, l'excellent "Sailor's Grave" qui vient illuminer l'atmosphère et casser cette dynamique Punk/Hardcore chaotique par des sonorités plus Noise (cette basse lourde et saturée). Un bon point qui évite à Elizabeth de taper violemment dans le vide en offrant davantage de nuance, notamment dans le chant. Des nuances que l'on peut retrouver tout au long de ce EP à travers des breaks souvent plus modérés qui permettent à l'auditeur de sortir un peu la tête de l'eau. Bien vu là encore.
Alors effectivement, l'influence de Converge se ressent énormément à l'écoute de ce Where Vultures Land. Toutefois, cela n'empêche pas d'entrevoir tout le potentiel dont est capable ce jeune groupe. Plutôt friand de ce genre de douceurs, l'urgence et l'intensité dont fait preuve ce EP suffisent à me satisfaire. Peut-être aurait-il mérité une production un poils plus crade pour se démarquer du lot, un peu à la manière d'un Early Graves que j'espère voir chroniqué sur ces mêmes pages rapidement. Si comme moi vous n'êtes pas trop regardant sur l'originalité d'un groupe et que vous lui préféré une efficacité à toute épreuve, Elizabeth vous comblera sur tous les points. Les autres auront de toute façon passé leur chemin depuis le troisième paragraphe.
| AxGxB 12 Avril 2012 - 4168 lectures |
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