Hierophant - Hierophant
Chronique
Hierophant Hierophant
Finalement l'Italie cache plutôt bien son jeu. Après The Secret, je découvre qu'il existe aussi d'autres groupes tout aussi intéressants dans ce registre qu'est le hardcore sombre à tendance punk/crust/metal. Alors oui, je sais qu'aujourd'hui on en mange à toutes les sauces. Américaine, italienne, béarnaise, anglaise et même française (cherchez l'intrus)... Il y en a donc pour tous les goûts mais surtout il y a du bon comme du mauvais. De quoi frôler l'indigestion d'autant que le label Californien Southern Lord semble s'être mis en tête de signer absolument tous les groupes évoluant récemment dans le genre. Bref, tout ce petit laïus inutile pour vous présenter aujourd'hui Hierophant, jeune groupe originaire du nord de l'Italie qui a vu le jour il y a seulement deux ans. Deux années qui auront vu la concrétisation de pas mal de choses à commencer par un deal avec le label Allemand Demons Run Amok Entertainment amenant de fil en aiguille à la sortie de ce premier album en octobre 2010.
Un premier album particulièrement prometteur même si on pourra lui reprocher des ficelles parfois trop évidentes. Bah ouais, difficile d'arriver dans la course quand des groupes comme Cursed, Integrity ou His Hero Is Gone sont déjà passés par là. Alors forcément les Italiens, même avec la meilleure volonté du monde, ont du mal à ne pas souffrir de la comparaison. Mais si celle-ci est inévitable, Hierophant n'a pas à rougir et fait plutôt bonne figure face à ses aînés qui aujourd'hui mangent les pissenlits par la racine.
A l'image de cette pochette qui n'a rien de rassurante, la musique de Hierophant se fait très vite oppressante. "Hermetic Sermon Pt.1 (Expectatio)" pose ainsi les bases d'une musique terriblement lourde et accablante qui semble se dérouler au ralenti, comme pour faire (en)durer le plaisir. Larsens, riffs sombres et hyper saturés, rythmique plombante et chant arraché constituent ainsi l'essentiel de ce premier titre. Une lourdeur qui ne fait que renforcer le côté explosif des deux titres suivants. "I Am I, You, Nobody" et "As Kalki" donnent à découvrir une autre facette du groupe. Beaucoup plus direct, Hierophant appuie là où ça fait mal en laissant plus ou moins de côté les rythmes plombés pour des plans beaucoup plus chaotiques. Ca s'énerve, ça s'égosille, ça accélère, ça ralenti, ça blast, ça éructe, ça convulse, ça s'émeut, ça arrache... Hierophant n'y va pas avec le dos de la cuillère pour écraser tout son petit monde. Car si la trame principale est celle d'un hardcore/crust metallique noir et apocalyptique, les Italiens n'hésitent pas à mélanger les genres, empruntant tout aussi bien au grindcore (le jeu de batterie, les blasts toms/cymbales), qu'au death metal (les quelques passages où la voix de Karl se fait nettement plus gutturale), au sludge (tous ces larsens dégueulasses et cette ambiance poisseuse remplie de haine) ou encore au doom (ces nombreux plans ralentis et écrasants). Un patchwork de brutalité servit intelligemment.
Cette alternance de mid tempi et de rythmes épileptiques donne à cet album éponyme des ambiances de fin du monde à la Cormac McCarthy. La messe noire déclamée sous forme de sermons (Pt. 1, 2 & 3) est donc ainsi entrecoupée de titres extrêmement violents et denses malgré quelques légères pointes de mélodies désabusées à la His Hero Is Gone. En plus de "I Am I, You, Nobody" et "As Kalki" sur lequel on retrouve Dwid Hellion d'Integrity venu prêter mains fortes aux Italiens, on note également les redoutables "Lambgoat", "We Know Love" et "Abissus Abissum Invocat". Des titres tout en puissance mais certainement pas dénués de nuances. Enregistré en Italie, cet album dénote significativement par rapport aux productions américaines du moment. Et c'est tant mieux car le groupe évite ainsi ce son gras et massif pour un son plus saturé et plus abrasif qui colle finalement davantage à l'ambiance poussiéreuse et blasphématoire véhiculée tout au long de ces dix titres.
Vous l'aurez compris, si des groupes comme The Secret, Converge, Cursed, Integrity et compagnie sont votre came, il n'y aucune raison que vous ne succombiez pas aux charmes sournois des Italiens de Hierophant. Le groupe possède vraiment une approche assez personnelle, développée autour d'un univers froid, sombre et décharné qui empeste le souffre. Et si vous vouliez pousser le vice jusqu'à les voir en live, sachez que le groupe sera à Paris le 24 février prochain à la Miroiterie en compagnie de Celeste et Deafheaven. La fin du monde pour 2012. Paco Rabanne nous avait prévenus!
| AxGxB 25 Décembre 2011 - 2266 lectures |
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