The Secret - Solve Et Coagula
Chronique
The Secret Solve Et Coagula
Depuis quelques temps, Southern Lord n'en finit pas de m'étonner. D'abord catalogué comme un label spécialisé dans les musiques lourdes et obscures, le label californien s'est petit à petit tourné vers d'autres horizons. On a vu ainsi quelques groupes de Black Metal pointer le bout de leurs nez mais depuis un petit moment, Greg Andersson semble exprimer un certain intérêt pour tout ce qui s'apparente de près ou de loin à cette nouvelle scène qui mélange Hardcore, Metal et Crust. Masakari, Nails, Trap Them, Black Breath... la liste s'allonge sortie après sortie. Bien que la sortie de ce troisième album des Italiens de The Secret ne date pas de ces dernières semaines (septembre 2010 pour être exact), elle s'inscrit complètement dans cet état de fait. Nous sommes donc ici bien loin du Drone ou du Doom autrefois servit immanquablement par Southern Lord.
Autre fait qui a son importance, The Secret est, comme je l'ai précisé, un groupe d'origine Italienne. Il est plutôt rare pour une formation européenne de se voir solliciter par un label aussi pointu que Southern Lord. On en déduira donc ce que l'on voudra mais il est clair que The Secret a en sa possession les arguments pour convaincre.
Comme il est souvent de coutume pour le genre pratiqué ici, The Secret a fait appel à l'expérience et au savoir-faire de Kurt Ballou pour produire son album. Un homme qui maitrise son sujet sur le bout des doigts puisqu'il est responsable de l'identité sonore de Converge (en plus d'en être le guitariste) depuis déjà un paquet d'années maintenant. Vous ne serez donc pas surpris si je vous dis que ce disque a été enregistré au désormais célèbre God City studio.
Mais trêves de blabla, venons-en aux faits. The Secret, après deux albums parus sur le label Canadiens Goodfellow revient ici en très grande forme. Le groupe a ainsi eu tout le loisir de digérer l'influence de Converge qui lui collait à la peau pour s'en affranchir, au moins en partie. En partie seulement car comme pour Converge, Solve Et Coagula est un album construit dans l'urgence la plus totale. Hormis quelques passages beaucoup plus lourds comme sur le redoutable et menaçant "Bell Of Urgency", le break de "War Desire" ou encore "1968", The Secret donne l'impression d'être en apnée pendant presque trente minutes. Le couteau entre les dents et les yeux injectés de sang, nos quatre énergumènes crachent à la gueule de l'auditeur toute la haine et la frustration qui les habitent. Le résultat est convaincant et ne laisse aucune place à l'hésitation.
Comme de nombreux autres groupes, The Secret brasse plusieurs genres, piochant autant dans le Hardcore chaotique que dans le Sludge ou dans les dérivés du Punk (Grindcore, Crust). Ca manquera peut-être alors un peu de fond pour certain mais au moins pour la forme il y a ce qu'il faut. The Secret distribue donc les cartouches les unes après les autres avec véhémence et intensité. Ca ne rigole décidemment pas beaucoup chez nos amis transalpins qui donnent le sentiment d'êtres sur le fil du rasoir, comme si leurs vies dépendait de leur musique. Mais n’auraient-ils pas tout compris finalement? Jouer de la musique avec ses tripes n'est-ce pas là l'essentiel?
Loin de renier ses influences, The Secret a quand même réussi à s'en détacher. Et même si Solve Et Coagula a été produit par Kurt Ballou, il donne quand même l'impression d'être moins millimétré qu'un album de Converge. L'ensemble sonne en conséquence peut-être un peu plus crade et plus brut, moins léché finalement. Quant aux influences Crust et Grindcore, elles sont évidentes. On retrouve les mélodies noires et désabusées du Crust alors que rythmiquement, il n'est pas rare de trouver des passages particulièrement intenses et soutenus. Enfin la voix de Marco Coslovich est aussi plus lourde et profonde que celle de Jacob Bannon. Je trouve que cela renforce les influences Metal que l'on retrouve tout au long de Solve Et Coagula et apporte à l'album un côté plus massif.
Au fil des années, The Secret à donc su capitaliser sur son talent. Les Italiens ont réussi ce que beaucoup de groupes aimeraient réussir à faire un jour en se faisant signer par l'un des labels les plus intéressants dans le genre. Intense, survolté, lourd et puissant, Solve Et Coagula est un album très réussi qui ne fait pas dans la demie mesure. Et si jamais vous aviez un doute sur les qualités évidentes de The Secret, sachez que le groupe sera en concert à Paris le 29 novembre prochain en compagnie de Toxic Holocaust et Kvelertak.
| AxGxB 7 Novembre 2011 - 2991 lectures |
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