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Zvoyn pour l'EP "Onomatopeous Love Letters, Book I : Elisa"

Interview

Zvoyn pour l'EP "Onomatopeous Love Letters, Book I : Elisa" Entretien avec OYC (2009)
Seul groupe au monde pratiquant le "point d'exclamation metal", il était temps d'aller voir si Zvoyn savait également se débrouiller avec les points d'interrogation...

Salut Younés! Petite mise au point préalable: que veut dire Zvoyn? C'est ton onomatopée fétiche?

Salut Cyril !
Petite mise au point : Zvoyn ne veut absolument rien dire.
Comme tu le sais, le Maroc a été colonisé par la France pendant « quelques » années ; ainsi l'argot marocain s'est férocement nourri de « francisations » du langage. On dit cravata pour une cravate, tabla pour une table, tomobile pour une automobile, tobis pour un autobus etc. Dans certains cas, la dérivation linguistique a été un peu plus extrême, et on dira alors « chanti » pour un boulevard, « chanti » étant à la base « chantier ».
Zoufri en arabe dialectal veut dire « voyou », c'est aussi un terme gentil pour appeler un pote. Zoufri, à l'origine, voulait dire ouvriers (les zoufriers, le v n'existant pas dans la langue arabe). Au téléphone avec ma mère un soir, elle m'appelle zoufri pile au moment où Jed Bartlett, le président des US dans la série « The West Wing » dont je suis grand fan, s'adresse à Dieu en lui disant « You get Hoynes ». Zoufri/Hoynes, ça a donné Zvoyn. C'est venu en une fraction de seconde, j'ai aimé, ma mère a aimé, ça m'a fait rigoler, c'est court et abstrait, c'est resté.
Et j'arrête de rimer…


Tu fais (as fait?) parti d'une multitude de groupes. Comment situes-tu Zvoyn par rapport aux autres en terme d'implication, d'exposition, de longévité potentielle …?

Zvoyn est la manifestation d'une spontanéité que je ne peux imposer à mes autres groupes. Nous avons, avec NERV et Innerty, des modes de composition bien spécifiques et autant je me permets d'incruster des éléments extra-contextuels, antant je ne peux pas le faire au même niveau que dans Zvoyn où je fais véritablement « whatever the fuck I want ».
Zvoyn est un projet solo, comme tout projet solo il vient après mes deux groupes principaux, à savoir NERV et Innerty. J'aime m'enrichir de points de vues différents du mien, et j'aime être entouré par les membres de ces deux groupes. Ma misanthropie s'efface en leur présence ; ça fait du bien. Au niveau exposition, Zvoyn a reçu un accueil auquel je ne m'attendais très honnêtement pas du tout, donc on va dire que la longévité dépendra de l'intérêt porté à cette folie, mais je peux d'ores et déjà affirmer qu'il y aura une deuxième trilogie après « Zealous Decadence ». Idéalement, j'aimerais faire une trilogie de trilogies, mais on verra comment ça avance. Les meilleures blagues sont les plus courtes.


Comment t'es venue à l'esprit une thématique aussi farfelue que celle de ces lettres d'amour-onomatopées, qui plus est quand c'est pour servir de décor à une musique aussi brutale?

Comment répondre à cette question sans sombrer dans un ridicule risible ou un cliché eau de rose…
Je dirais que l'amour n'est pas forcément une question de mots, et que souvent les mots qui accompagnent la notion sont malmenés et utilisés à tort et à travers depuis quelques décennies. Une onomatopée fait l'affaire. Souvent dans mon cas, elles ont été porteuses d'un meilleur message qu'une suite de mots. Les meilleures blagues sont les plus courtes.
Ah j'ai déjà dit ?
En m'inspirant de ça, j'ai simplement suivi l'état créatif de mon cerveau à ce moment là et il était en mode « musique ». Donc j'ai écrit Zvoyn.
De toutes façons, nous sommes dans une ère où tout a une date d'expiration. Et avec la date d'expiration vient souvent un lot d'amertume et de toute une ribambelle de « choses » qui ne sont pas forcément agréables ; et qui répondent donc à la deuxième moitié de ta question. C'est l'aspect « exutoire » de Zvoyn.


Les mélodies orientales et les instruments « folkloriques » que l'on entend sur l'EP sont-ils l'expression d'un hommage à une culture musicale qui te vient de ton éducation / tes racines, ou bien est-ce juste une occasion comme une autre d'expérimenter et d'offrir quelque chose d'original aux auditeurs?

Un peu des deux je dois dire. J'ai passé les 18 premières années de ma vie au Maroc, entre un père amoureux de musique classique et une mère amoureuse de musique orientale. De cette « biculture » est née, très lentement, une passion pour ces musiques et depuis que j'ai commencé à savoir aligner deux notes correctement, j'ai voulu réussir à mélanger ces sonorités, ce qui s'avère être atrocement complexe au vu des quarts voire huitièmes de tons dont jouissent les musiques andalouses, orientales ou asiatiques ; et qui peuvent créer des dissonances désagréables lorsque (mal) mélangées à de la musique occidentale (Misae ou Elisa, par exemple, vont demander deux fois plus de travail que Sofia - bien que ce dernier soit deux fois plus technique instrumentalement - simplement parce que leurs accalmies sont entièrement jouées en quarts et huitièmes).
En découvrant Rabih Abou Khalil il y a une dizaine d'années, je n'ai littéralement écouté que ça pendant des mois. Je crois que j'avais même racheté les cds (Al Jadida et Arabian Waltz) car à force de les écouter et de les trimballer partout, ils avaient souffert. Abou Khalil est devenu une référence en pluriculturalisme musical pour moi et depuis ce moment là, j'ai passé le plus clair de mon temps derrière les instrus à chercher la meilleure manière de mélanger les styles soit de manière complètement chaotique comme dans Zvoyn ou Ohmsägør ou de manière un peu plus civilisée comme dans mon projet Trois, un duo avec notre ingé-son dans NERV, ou dans le premier album de NERV qui sortira au courant de l'année si tout va bien.


Pourrais-tu réagir aux quelques « reproches » exprimés dans la chronique de l'EP:
- la musique de Zvoyn souffre d'une propension à partir dans tous les sens à la fois, ce qui nuit à l'accroche et demande à l'auditeur beaucoup de patience et de concentration


La musique de Zvoyn ne « souffre » pas d'une propension à partir dans tous les sens à la fois, si je peux me permettre ; elle en jouit. C'est un choix assumé pour justement réveiller l'auditeur à une écoute active du condensé de folie qui se déploie en un laps de temps plutôt serré.


- les sonorités MIDI qui accompagnent la basse sont assez « kitch »

Le MIDI m'a aidé à progresser et à travailler mon oreille et la composition. Il s'agit d'une sorte d'hommage, aussi idiot cela puisse paraître. J'aime le MIDI, je trouve ça génial à manipuler, et le contraste entre les sonorités électroniques et l'aspect très organique des voix et des basses fait partie du concept de paradoxes développé dans cette suite d'EPs.


- la prod' est un peu light. Les titres auraient gagné à bénéficier d'un son plus « gros », plus carré, plus fini

Zvoyn est fait pour aller à l'encontre des grosses prods modernes, qui ont gâché mon écoute d'un certain nombre de groupes que j'adore et qui ont privilégié la prod en délaissant l'écriture, pensant que l'un peut compenser l'autre. Eh bien pas du tout ; et ça m'énerve au plus haut point (pour les curieux je pense à Beneath The Massacre, Ion Dissonance, The Fall Of Troy, entre autres).
Zvoyn est ma manière de vouloir être « jugé » ou « écouté » avant tout pour la composition. Plus tard peut être, Zvoyn subira les (mé)faits du studio, pour l'instant, j'insiste sur le fait que je souhaite(rais) que l'on s'intéresse avant tout à la composition.
Le premier contre argumentaire qui va venir à la bouche de toute personne intéressée par cette démarche est qu'une bonne production peut servir la composition, auquel cas je répondrai : Hendrix, les premiers King Crimson, du prog rock obscur des 70's comme Quella Vecchia Loccanda ou Egg. Ces personnes avaient gagné le cœur des mélomanes d'abord grâce à leur écriture.


- l'exécution de certains morceaux semble perfectible – ce qui découle directement de la volonté de ne garder que la 1ere prise

Le first take only est un challenge de musicien, c'est aussi une excellente manière de progresser et de se dépasser.


Au risque d'être redondant avec le dernier point évoqué ci-dessus: pourquoi ce concept du « first take only »? OK, c'est efficace pour développer une certaine spontanéité, mais vu que tu ne proposes pas ici le résultat d'un bœuf improvisé, n'as-tu pas le sentiment de gâcher un peu le travail – a priori conséquent - de composition?

Le travail est très spontané crois moi, les 7 morceaux ont été écrits et enregistrés en moins d'une semaine. Une semaine sans sommeil certes, mais une semaine quand même.
Aucun morceau de Zvoyn ne subira de profonde réflexion ultérieure à son écriture. C'est une écriture quasi-automatique qui vient quand elle vient et quant elle vient, elle repart assez vite donc il n'est pas rare de voir deux voire trois morceaux de Zvoyn prendre forme en 24 heures par exemple. Le first take only est, je dois l'avouer, surtout un petit caprice/challenge de musicien. Et puis c'est plus rapide. Après tout les meilleures blagues… enfin voilà quoi :)


D'où t'es venue l'idée du dialogue avec ta propre conscience? Un brin de schizophrénie?

On peut dire ça oui.
J'adore travailler sur le cerveau et l'étudier. Depuis bientôt trois ans je travaille avec des chercheurs du CNRS pour analyser des fonctionnements cognitifs de réception et de création (deux notions théoriquement opposées dans le temps mais souvent complémentaires au final) dans un cadre artistique. La schizophrénie est aussi une sorte de paradoxe donc j'aime en connaître les ficelles et m'amuser à la mettre en scène, que ce soit dans quelques courts métrages (comme « Dissonance », « Time's Up » ou « My Partner ») ou dans la musique. L'idée du dialogue est venue au moment de l'enregistrement. Ce qui se dit au cours du dialogue est vraiment ce qui s'est passé et le « t'es si paresseux que tu me donnes même pas une autre voix » est vraiment le cas, j'étais paresseux sur le coup et je n'ai pas voulu faire une autre voix pour le deuxième personnage.


Quand l'EP parle de lettres d'amour, le court métrage – gracieusement offert avec - parle de rupture. Quand l'EP livre 7 prénoms de femme, le court métrage conserve explicitement l'anonymat des personnages. Quand l'EP livre un metal particulièrement furax, le court métrage nous propose du Chopin. Quand l'EP fait dans l'onomatopée, le court métrage développe un long double monologue. Cette opposition est-elle consciemment voulue? Quel est pour toit le lien entre la musique de l'EP et ce court métrage?

Le lien est le personnage central, Elisa, et le fondement-même de l'idée du court métrage. Je n'en dirai pas trop mais Elisa m'a tellement inspiré de créations que voilà, le lien s'est établi de lui-même. Au niveau « rédactionnel », Dance Conmigo s'appuie aussi sur des paradoxes et de la logique formelle pour créer le « twist » du film.
Tu as par ailleurs très bien saisi les dualités et comme tu as pu le lire dans le « livret », cette suite d'EPs rassemble une foule de notions avec lesquelles j'aime jongler, dont lesdits paradoxes et logique formelle. Donc très logiquement, j'établis des paradoxes à tous les niveaux de composition : world music/grindcore ; voix idiotes/voix gutturales ; basse frettée/basse fretless, musique organique/musique générée, onomatopées/recherche linguistique et ainsi de suite.


Petite question indiscrète: les prénoms qui donnent leurs titres aux morceaux de l'EP sont-ils tirés de ta vie privée?

Oui.


Au fait: tu campes définitivement sur tes positions? Zvoyn n'a aucun avenir scénique?

Si, finalement. Comme je l'ai dit, je ne m'attendais réellement pas à une telle réception (ce qui, je dois avouer, m'aide énormément dans le cadre de mes recherches de fin d'études).
Depuis quelques semaines, je reçois beaucoup d'offres de concerts et de tournées, surtout aux Etats-Unis, donc j'ai commencé à chercher une équipe qui puisse me suivre sur scène et pour le moment David, bassiste de NERV sera au poste de basse fréttée. D'autres musiciens suivront. Pour ma part, je m'occuperai uniquement des voix et de certains instruments traditionnels.


Que nous réservent les 2 prochains livres de ton triptyque? J'ai cru comprendre que nous aurions droit à un guest prestigieux sur le prochain EP? Comment as-tu fait pour t'assurer sa collaboration?

Les deux prochains EP suivent une progression plutôt logique. Dans le Book I, j'ai surtout fouillé dans les musiques du monde, dans le deuxième je creuserai un peu dans les musiques tribales et festives en réduisant légèrement le midi et dans le troisième, qui sortira d'ailleurs avant le deuxième (paradoxe), je me risque aux orchestrations chaotiques.
Il est un peu tôt pour parler de collaboration(s) qu'il y aura dans le troisième volet, tout ce que je peux dire c'est que D. et moi nous sommes échangé depuis quelques mois des dizaines de mails parlant de tout et de rien, on entretient une petite amitié et quand elle a écouté Zvoyn, elle n'a pas pu s'empêcher de se découvrir un peu dans la musique, cet aspect déjanté lui plaisant particulièrement. Je lui ai envoyé le nouveau son, elle a aimé et il faut espérer que le temps puisse être clément pour nous permettre de mettre en boite la collaboration .


Tu es chroniqueur, musicien de session, compositeur, bassiste, chanteur, réalisateur de film … Il y a eu des triplés dans la famille Chraibi ou quoi (c'est OYC pour Omar, Younés et Charif peut-être)? Laquelle de ces activités a le plus d'importance? Lesquelles t'offrent le plus d'épanouissement, lesquelles t'offrent de potentielles perspectives d'avenir?

Hahah non en fait c'est un peu le parfait opposé, je n'ai ni frère ni sœur, OYC c'est tout simplement mes initiales.
J'aime faire tout ce que je fais, j'aime écrire. En fait, tant que j'écris, que ce soit de la musique, des nouvelles, des paroles, des chroniques, des scripts, je suis heureux. Une journée sans écrire est la définition-même d'une MAUVAISE journée pour moi.
Certains se shootent, d'autres mangent, fument, boivent, certains ont les jeux vidéo, la lecture, leur boulot… moi, j'écris.
Je suis étudiant en communication scientifique et en musicologie pour les arts visuels, donc je peux honnêtement dire que tous ces modes d'écriture m'offrent des perspectives d'avenir. Je croise les doigts pour pouvoir avoir l'opportunité de rassembler le plus grand nombre de ces écritures dans un même champ. La création audiovisuelle le permet assez bien.


Quels sont – pour ceux qui ne lisent pas assidûment tes chroniques - tes coups de coeur du moment?

J'écoute peu de métal je dois dire. Le dernier coup de cœur en date serait l'album d'Obscura, surtout pour l'incroyable boulot de Jeroen Thesseling. Sinon tout Regina Spektor que j'écoute en boucle depuis un moment, le dernier Rabih Abou Khalil bien sûr « Em Português », « Day One » de Sarah Slean et « Anatomìa » de la sublime Ana Belen. Le Giant Squid, « The Ichtyologist » est superbe, ainsi que le dernier Kylesa. J'écoute aussi très souvent « Beyond Standard » de Hiromi Uehara, le « Red Album » de Baroness et « Extraordinary Machine » de Fiona Apple. En métal, mon dernier véritable coup de cœur est le « There Be Squabbles Ahead » de Stolen Babies.


Je te laisse conclure cette interview à ta guise (mais par pitié, cachez ce Jean Rochefort que je ne saurais voir …)

Je vais éviter toute originalité qu'on regrette 3 minutes après l'avoir tapée et vais simplement te remercier de ton intérêt ainsi que ceux qui on lu jusqu'ici.
Merci aussi de gonfler mon ego presque à un point de non-retour hahah !
(3 minutes... bon…)
Le prochain EP de Zvoyn verra le jour le 24 mai, mais en attendant NERV aura un petit quelque chose dans quelques semaines.
Encore merci à toi Cyril pour l'interview et à Thrashocore pour le boulot que vous faites.

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