Cela commence à faire un petit moment que je vous en parle, mais je crois qu'une fois de plus n'est jamais de trop le concernant : Deadlight Entertainment est sans conteste un des labels français à suivre en priorité dans notre petit monde des musiques extrêmes. Besoin d'une preuve de plus ? Après Cowards, Cult of Occult et Witchthroat Serpent, voici Nuisible, dernier arrivé mais pas à mettre en bout de file quand il s'agit de jouer les connards de service jouissifs au possible, tels qu'on a déjà pu en rencontrer auparavant avec ses frères de la lueur morte.
Un premier essai comme j'aime, entrant avec fureur et se permettant tout avec une aisance impressionnante : voilà ce qu'est
Inter Feces et Urinam Nascimur, ce dernier se plaçant rapidement sous le signe de la boucherie estampillée « hardcore ». Certes, on n'a pas tout à fait affaire avec des premiers venus ici (du personnel issu de As We Bleed et Lazare vient pointer à l'usine à riffs), de même que l'on trouvera quelques chichiteux bâillant d'avance devant une étiquette « Crust / Hardcore / Black Metal » loin d'être rare de nos jours : tant pis pour eux, Nuisible étant la formation qui redonne ses lettres de prolétaire à ce mélange marqué par le terne et la bagarre en milieu urbain. C'est bien simple : passée une introduction en forme d'annonce du couperet à venir, pas un seul moment ne paraît moins violent que d'autres, pas un seul passage ne donne l'impression d'être là pour préparer la baffe de ce qui lui succédera, pas un seul sursaut ne semble effectuer le pas de côté de trop, dans un disque pourtant fort en sensations diverses, du metal hardcore pur jus au black metal le plus venteux (le fin de « Night Wanderer » par exemple). De « Proletarian Hung » à « Forest Fire », l'envie d'écrire en gras « DÉFONCE » sur les murs gris agrémentant sa promenade en banlieue, casque sur les oreilles, ne disparaît jamais, l'appétit, la colère, que partagent ces mecs-là étant constants, voire exponentiels au fur et à mesure des lancées. Un sentiment de « toujours plus » dans l'agression que je n'avais pas ressenti depuis un certain
Goner d'un certain Early Graves, duquel les Français se rapprochent dangereusement lors de titres bourrés de bourres plus sauvages les unes que les autres (« Out Come The Wolves » en tête). Pouah.
Mais
Inter Feces et Urinam Nascimur (pour les non-latinistes, traduisible en un joyeux « Entre la merde et la pisse nous naissons ») n'est pas qu'une bande-son de choix pour un après-match de l'Euro. Il est clair que, sur le plan strictement musical, il y a plus de choses à acclamer sur cet EP que de lignes à ce texte, à commencer par ces leads épiques parfaitement disposées ou encore ces rythmiques à la fois entêtantes et déglinguées – hé, je n'ai même pas pris le temps de vous parler des voix empilant gruik death metal, harangue hooligan ou encore glaviot limite punk avec un naturel confondant – mais ce serait passer sans mot dire sur cette ambiance qui lie entre elles les différentes échappées que s'autorise Nuisible. Vous vous souvenez de la pochette du
premier longue-durée de Nesseria ? C'est cette image qui collera à votre tête durant l'écoute, celle d'une bataille d'animaux entre chien et loup au sein d'une cité moderne vivant ses derniers instants décadents. Inutile de dire que cela est plus d'actualité, l'Hexagone y prenant pour son grade par ses habitants élevés au vice, bière et pessimisme dès le premier biberon. Les causes : sociales, les conséquences : l'émeute. Douce France...
Le seul véritable défaut ici est la coupable habituelle du format EP : la durée, bien trop courte pour s'estimer rassasié à la fin de
Inter Feces et Urinam Nascimur. Mais au-delà de cette petite frustration (qu'il va falloir corriger bien vite : on ne peut pas balancer une telle ogive et s'en aller mine de rien, messieurs !), je n'ai rien à reprocher de fondamental à Nuisible, tant il s'avère parfait en toutes circonstances, aussi bien pour trouver le second souffle lors de ses séances de sport (testé et approuvé) que pour serrer ses poings et trouver l'élan vital limite mystique de cette musique de la rue, assez éloignée de la vision qu'en donne Léa Seydoux. Continuez comme ça.
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