Porcore. Elle remonte à un moment, la dernière rencontre avec une formation me poussant à utiliser ce jeu de mots – à bien y réfléchir, depuis
Inter Feces et Urinam Nascimur, déjà créé par les mains des Français ci-présents. Mais là, impossible d’y couper :
Slaves and Snakes, premier longue-durée de Nuisible, donne envie d’écrire « Porc », partout, de joie, avec différents liquides. Et clairement pas les plus propres.
Réaction bien normale, face à ce disque qui prend un plaisir particulier à mélanger pour mieux tabasser. Chargé aux hormones d’Entombed, défoncé aux révoltes de His Hero Is Gone, les anabolisants Trap Them gonflant les muscles et veines à chaque coup de pression, Nuisible ne frustre en rien les attentes créées par son EP de 2016, ce nouveau-né s’inscrivant comme sa juste descendance. Certes, ceux qui aiment prendre de la hauteur dans une musique avançant tête dans le guidon, le rouge comme unique couleur (ça ne nous empêchera pas de traverser tout ce qui croise notre route, ah !), noteront que ces tacles lorgnent davantage vers un hardcore/metal à l’ancienne – avec des membres de Lazare et As We Bleed, rien de bien étonnant à cela – mais l’impression générale reste d’avoir affaire avec des pas-tout-jeunes se servant de leur expertise pour mixer ce qui se fait de mieux en terme de déglingue crade. Et que Nuisible, derrière un aspect constamment jouissif, fait tout pour faire comprendre son nom.
La menace, la teigne, la corruption des cerveaux, « vice, bière et pessimisme » comme devise : cela a été depuis le début le credo des Français, et le reste sur
Slaves and Snakes. Doté d’une production qui suit la marche commune, à la fois sale, puissante et abrasive, il galvanise autant qu’il empoisonne, parvenant à transmettre ce qu’il faut d’ambiance lors de ces charges multiples, allant même jusqu’à faire hurler au loup (« Two-Sided Integrity » : c’est qu’on les entend arriver !) aussi bien qu’un groupe black metal, Bergen devenue zone punk de non-droit.
Tout juste regrettera-t-on que Nuisible s’arrête ici majoritairement à envoyer une salve plus généreuse que lors de ses courts débuts, ces nouvelles trente-trois minutes étant aussi satisfaisantes que peu surprenantes pour celui déjà appâté par
Inter Feces et Urinam Nascimur. Au-delà d’une petite baisse de régime sur « Blind Paradox » et son souffle court (une minute trente, là où un « Swarm as King » est capable d’envoyer une violence similaire en long et large) ainsi qu’un « Blur the Light » ne faisant que reprendre les divers éléments aperçus sans apporter ce petit plus qui permettrait aux Français de mettre totalement à terre, peu de choses à reprocher à cette recette d’équilibriste de l’extrême, mélangeant les genres sans compromettre la saleté qui les unit. Gavé de tubes où s’imaginer lâché dans l’enclos, fou, gigotant et massacrant sans retenue, les bronches et le cœur au bord de l’implosion,
Slaves and Snakes est un incontournable pour qui apprécie son metal / hardcore sauvage au point d’être animal. Gruik !
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