Ruin Lust - Dissimulant
Chronique
Ruin Lust Dissimulant
Après quasiment une décennie à fréquenter l’underground le plus obscur et crasseux (entrecoupé d’un break de six années) le trio Américain a enfin entrevu la lumière suite à l’excellent
« Choir Of Babel », couplé à sa signature chez ses compatriotes de 20 Buck Spin qui lui ont apporté la promotion médiatique qui lui avait jusque-là toujours manqué. Car après deux premiers opus publiés dans un anonymat complet ce troisième chapitre lui a permis de se faire un nom et d’avoir enfin la visibilité méritée, et du coup l’annonce de ce nouvel album a créé un certain enthousiasme tant on était curieux de voir si les New-Yorkais allaient transformer l’essai. Si ce « Dissimulant » va continuer dans la droite ligne de son prédécesseur il voit cependant le groupe rallonger son propos pour publier son disque le plus long avec... trente-et-une minute au compteur, ce qui ne va avoir aucun impact sur le contenu toujours aussi primitif, brutal et radical où ça tabasse sec sur fond de chaos intégral. Les amateurs de finesse auront évidemment quitté les lieux depuis longtemps pour laisser la place libre à ceux aimant les choses vindicatives et dépouillées (et qui ne se sont jamais remis de l’arrêt d’ANGELCORPSE), et pour ça le combo est parmi ce qui se fait de mieux dans le style à l’heure actuelle.
Il ne va d’ailleurs pas lui falloir longtemps pour démontrer tout ça vu qu’il va d’emblée balancer toute sa haine à la face du monde avec le furieux « Eden » qui n’a rien d’un jardin et paradis tranquille... bien au contraire. Proposant directement tout son panel de tabassage continu agrémenté de passages écrasants à la double pédale la formation ne fait pas de quartiers tout en mettant suffisamment de variations et de dynamisme pour ne passer lasser l’auditoire, ce qui est une des forces de sa musique. Car s’il est très facile de tomber rapidement dans le linéaire avec quelque chose de si dépouillé celle-ci évite facilement cet écueil, et ce même quand le rendu y est encore plus chaotique et rudimentaire comme cela s’entend sur les destructeurs « Imperium », « Dissimulant » et « Infinite Regress » menés encore plus vite que le reste. Pourtant au milieu de tout cela les gars vont avoir suffisamment d’habileté pour réussir à densifier leur écriture sans pour autant qu’elle se perde en futilités et excès en tous genres, preuve en est le très Black Metal « Clinamen » qui se fait hypnotique avec ses parties tribales pénétrantes et répétitives calées au milieu d’un déluge rageux. Et si tout ça gagnait en force le magnétique et épique « Thall » va pousser les choses encore plus loin avec son entrain communicatif aidé par des plans mid-tempo parfaits pour secouer la tête et donner envie d’aller au combat, et dont le rendu sert de parfaite préparation à la succession de tabassage qui va régulièrement s’enchaîner sur cette plage. Ne dépareillant nullement et étant implacable dans son exécution celle-ci est sans doute le point d’orgue de ce long-format qui pourtant ne manque pas de force et de points attractifs, et ce même quand le propos se rallonge de façon conséquente comme cela est le cas de « Purge » et « Chemical Wind » qui vont plus miser sur une facette rampante aux accents brumeux et putrides, mais où les explosions de vitesse ne sont pas absentes. Cependant ici tout se fait de façon plus progressive comme pour laisser au brouillard et à la moiteur le soin de pénétrer l’auditeur en profondeur, avant de le happer définitivement dans un tourbillon de virulence sonore débridée où il n’a rien pour s’agripper... et qui va totalement le laisser exsangue après cet enchaînement de coups digne d’un combat de boxe et de Mma.
On aura donc bien compris qu’il n’y a absolument rien à jeter dans cette œuvre tempétueuse qui ne fait pas la dentelle et dont l’impact est impressionnant, preuve de sa qualité indéniable vu qu’elle est la meilleure œuvre de ses créateurs à ce jour qui en prime continuent à se bonifier avec l’âge. Sous ses airs de gros bordel bruitiste qui débouche les oreilles les plus encrassées tout y est parfaitement organisé et en place malgré son air instinctif, et confirme que les mecs maîtrisent leurs instruments et leur écriture en s’améliorant à chaque sortie sans aucune lassitude de leur part comme de leurs fans. Pour ceux qui sont nostalgiques de la paire Pete Helmkamp/ Gene Palubicki cette galette fera parfaitement l’affaire, tant ce déversoir haineux et digeste en comblera une majorité en faisant preuve d’une sincérité et authenticité toujours plaisante à entendre (tant ça donne le sentiment d’avoir été enregistré live à l’ancienne), et dont ses géniteurs se placent aujourd’hui parmi les musiciens les plus féroces et vindicatifs de leur pays... tout en étant sûrement dans les plus talentueux.
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