Khthoniik Cerviiks - Heptaedrone
Chronique
Khthoniik Cerviiks Heptaedrone (Démo)
Vu sur les réseaux sociaux, divers forums, Bandcamp etc. il aura fallu du temps avant de prêter attention à Khthoniik Cerviiks, entité fraîchement formée en 2013. A vrai dire, c'est surtout un ultime partage de lien effectué par un contact facebookien qui a ˗ enfin ! ˗ éveillé une curiosité somnolente. Pourtant les Allemands ont tous les arguments pour plaire entre un excellent artwork apocalyptique, un nom des plus mystérieux couplé à une typographie singulière mais aussi une demo sortie via l'excellent label Iron Bonehead (Cult of Fire, Beyond). Merci donc Caacrinolas car Heptaedrone, avec son black/death typé et ravageur, fait sans contexte partie des bonnes petites claques prises cette année !
Un sentiment d'urgence, voire une impression de fin du monde, se dégage d'entrée de jeu sur l'instrumental « Khthoniik Cerviiks Exhalement » vous plongeant dans une atmosphère tant pesante qu'inquiétante. Le son déchirant d'une alarme de détresse retentit en continu, des rafales de vent s'abattent avec force sur les terres arides et dévastées, une tempête de poussière se dessinant au loin.
Un monde chaotique ˗ post-Interstellar sans le « Happy end », mixé avec Starship Troopers ˗ illustré à merveille par l’œuvre de Zdzisław Beksiński où l'humanité semble avoir été balayée d'un revers de main, tel un vulgaire insecte. Une première approche dont pourrait résulter cette équation : (science fiction + killing technology) = Voïvod, mais celle-ci se révélera rapidement fausse à l'écoute des autres morceaux de la demo. En effet les seules similitudes existantes ne viennent que de l'imagerie et du côté à la fois futuriste et outre espace, le style pratiqué par le trio allemand étant ˗ malgré de grosses sonorités old school ainsi que des relents thrash opportuns comme sur « Elektriik Redeemer » ˗ bien éloigné de celui des Canadiens.
Khthoniik Cerviiks délivre une musique sombre des plus bestiale renforcée par le chant guttural très sépulcral et inhumain du bassiste ˗ attention les yeux Part. I ˗ Okkhulus Siirs (ex-Zuul) qui ravira, à coup sûr, les fans de Demilich et/ou Blasphemy. Les titres s’enchaînent, aussi longs qu'éreintants, avec une batterie brute de décoffrage martyrisée par ˗ attention les yeux part. II ˗ Ohourobohortiik Ssphäross (ex-Zuul) ainsi qu'une production raw ajoutant au malaise. A l'écoute d'Heptaedrone une évidence se fait : les Allemands veulent faire mal ! Et ils le font de la plus sadique des manières, que ce soit par des accélérations ravageuses ou lors de passages plus lents et ambiancés ˗ notamment sur « Moraines of Molten Light (Khthoniik Cerviiks Inhalement) » ˗ vous êtes saisis par un froid mordant et implacable.
Le groupe combine judicieusement saveurs classiques des années 80, empruntant ici et là aux pontes tels Hellhammer ou Kreator (pour ne citer qu'eux) pour les passages aussi primitifs que briseurs de cerviikales, et saveurs modernes par le côté alambiqué des morceaux couplé aux dissonances bien dosés par ˗ attention les yeux Part. III ˗ Khraâl Vri*ïl (Pandora), renvoyant à Antediluvian et Mitochondrion. Toutefois malgré ces influences évidentes le trio ne sombre pas dans la redite avec un univers très personnel, peuplé de terreurs cosmiques voulant annihiler la race humaine, couplé à un tissu musical qui lui est propre. Cependant l'ensemble aurait gagner en ampleur par l'ajout d'ambiances horrifiques et spatiales ˗ pas trop non plus hein ! ˗ comme cela est le cas sur le titre d'ouverture, afin de mettre en relief cette vision cauchemardesque.
Le metal hurlant Heptaedrone, qui s'est écrasé sur Terre en cette funeste année, n'en reste pas moins nocif et destructeur. D'ailleurs bon nombre de nos concitoyens se sont laissés engloutir par cette marée noire putrescente avec ses riffs carnassiers des plus envoûtants. Face à l'ampleur des dégâts, Iron Bonehead a su rapidement réagir en sortant un second tirage de cassettes mais aussi en éditant la première demo des Allemands ˗ qui vu sa qualité et sa durée aurait très bien pu être un album ˗ en vinyle. Khthoniik Cerviiks fait assurément parti des jeunes formations à suivre, leur premier long format étant désormais attendu de pied ferme.
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