Khthoniik Cerviiks - Æquiizoiikum
Chronique
Khthoniik Cerviiks Æquiizoiikum
Khthoniik Cerviiks ! Souvenez-vous de l’excellente demo Heptaëdrone parue en 2014 et chroniquée en ces pages. Une musique post-apocalyptique et ravageuse qui sortait des sentiers battus – avec en guise d’artwork une incroyable peinture de Zdzisław Beksiński. Le premier album des Allemands était sorti dans la foulée, toujours via Iron Bonehead Productions. Néanmoins ce dernier m’avait laissée un peu sur ma faim, le trouvant un peu plus « classique » que la précédente réalisation avec également quelques longueurs. Rien de bien grave et pas non plus de quoi tourner le dos à la formation. D’où la curiosité qui fût piquée à vif lors de l’annonce du nouveau long format. Entre la fantastique pochette, œuvre de Khraâl Vri*ïl, décrivant à la perfection l’univers dystopique du trio et le titre « Δt (Recite The Kriitiikal Mæss) » dévoilé en avril sur différents médias, c’est finalement avec beaucoup d’empressement et d’attentes que s’est effectuée l’écoute d’Æquiizoiikum.
Des chœurs vous parviennent par intermittence, semblant provenir d’un autre monde, parmi des bruits froids et bien anxiogènes ou encore des notes orientales. Les musiciens vous immergent directement dans leur monde via une introduction parfaitement menée, comme ils savent si bien le faire. Puis, le vortex vous happe : avalanche de riffs nerveux (comme sur le ravageur « Odyssey 3000 »), voix caverneuse presque inhumaine d’Okkhulus Siirs avec réverbération où vient également se greffer un chant additionnel plus aigu et terre à terre. Le malaise s’installe rapidement avec des patterns répétés en boucle, vous faisant perdre pied et rendant l’atmosphère suffocante (cf. « Para-Dog-Son - Demagorgon « ). Si de légers signaux signalant une activité humaine vous étaient parvenus sur « KC Exhalement 4.0 (Welcome to HAL) », votre périple vous ramène peu à peu à la réalité. Non, tout n’est que désolation ici. Vous êtes bel et bien en territoire hostile où règne d’abominables créatures robotisées. Débarrassées de toute forme d’individualité, suivant les mêmes règles et rituels, elles marchent d’un même pas – menées par le rythme de la batterie comme sur la fin de « Kollektiing Koffiin Naiils (Délire des négations sequence 1.0) ». Vous vous terrez et cherchez vainement à reprendre votre souffle dans cet environnement vicié. Mais le chaos vous entoure, porté par le martellement des fûts ou bien les lignes de guitares aussi acérées que tortueuses qui instillent en vous une profonde confusion. Khthoniik Cerviiks arrive à maintenir une pression constante malgré les variations de rythme, retrouvant la même folie et efficacité que sur Heptaëdrone.
Néanmoins Æquiizoiikum reste dans la droite lignée de son prédécesseur de part sa construction (son côté plus abouti) mais aussi le son très massif et lisible (mixage et mastering effectués une nouvelle fois par Jeremy Bézier, membre d’Emptiness). Le monstre mue et s’affirme à l’image du magnifique artwork, peinture de Khraâl Vri*ïl. Le Black/Death Metal sentencieux et protéiforme des Allemands renvoie à ION de Portal mais dans une version moins brutale, plus organique et old-school. Tirant ses influences de formations telles que Sadistik Exekution ou encore Hellhammer – cf. le côté thrash sur certains passages ou encore le jeu de batterie –, le trio ne fait pas dans la redite et appose sa propre marque. Il suffit pour cela d’écouter des morceaux comme « Æquiizoiikum (Mothraiik Rites) » (avec ces riffs mélodieux et mélancoliques à partir de la troisième minute) ou encore « Δt (Recite the Kriitiikal Mæss) » et les lignes de basse très New Wave dès la cinquième minute. En résulte une musique personnelle et viscérale qui vous pousse dans vos retranchements, vous malmenant en dépit de quelques courtes accalmies. Un sentiment d’urgence vous prend à la gorge au gré de l’écoute pendant que vous vous évertuez à déchiffrer le langage de cette énigmatique entité. La paire « Kollektiing Koffiin Naiils (Délire des négations sequence 1.0) »/« Bloodless Epiiphany (Délire des négations sequence 2.0) » – qui fait également le lien avec SeroLogiikal Scars (Vertex of Dementiia) – accroît votre crainte et votre esprit se déconnecte peu à peu. Votre tête dodeline mollement et votre corps ne réagit plus, amas de chair corrompue. Plus de signal, plus d’espoir, seule la mort vous attend en bout de course – à l’unisson avec le bruit de l’électroencéphalogramme sur l’outro.
Les ambiances tant horrifiques que singulières dressées par le trio vous happent de bout en bout. Les nombreuses variations et coupures ainsi que les vocaux additionnels de Khraâl Vri*ïl – donnant davantage de matière – accentuent ce pouvoir d’accroche et font de ce nouvel album une pure réussite. Que ce soit sur le plan musical ou visuel, Khthoniik Cerviiks surclasse bon nombre de groupes et démontre par la même qu’il a de beaux jours devant lui.
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