"Trembling And Shorn" avait tout pour me séduire intégralement. Enfin, c'était vraiment bien parti... Une belle petite pochette, déjà, réalisée par le très bon Unexpected Specter
*, qui a le mérite de flatter la rétine; Et surtout, la promesse d'un Black/Death Metal progressif, exécuté par des mercenaires dont l'efficacité n'est plus à prouver : Ray Capizzo (Fall Of Rauros, mais aussi batteur live de Panopticon) et Brendan Hayter (Thrawsunblat), qui s'étaient déjà croisés au sein d'Obsidian Tongue. Sur le papier, tout devait fonctionner, pas possible qu'un CV aussi garni puisse cacher un candidat défectueux. Pourtant, les choses ne sont pas si simples... Shabti garde à cœur de défendre son steak, ça se sent, ça s'entend, mais le groupe ne semble pas s'être rendu compte que ce dernier est resté un peu trop longtemps sur le grill.
Ce
full-length a bénéficié des petits soins de ses géniteurs, c'est indéniable. Le trio fait démonstration tant de ses talents de composition que d'exécution, sans jamais sombrer dans la masturbation. Et Dieu sait qu'il est facile de tomber tête la première dedans dès qu'on parle de musique technique. Les influences sont là, plus ou moins digérées, et Shabti leur rend hommage de la plus belle manière qui soit. On sent la passion et l'envie de partir vers des terres presque "expérimentales", d'augmenter le niveau d'un cran, chose pour laquelle j'ai un respect infini. Mais toute la bonne volonté du monde ne permet pas forcément d'éviter les travers.
Malgré ses indéniables atouts,
"Trembling And Shorn" n'hésite jamais à sortir le couteau à bout rond pour donner dans la tartine. D'autant que l'album est plutôt long, taquinant les trois-quarts d'heure, et la plupart de ses titres, qui n'avaient pourtant aucun mal à développer leurs ambiances, entre sentiers sinueux et piste de course bien balisée, peinent à trouver la bonne manière de conclure. Un titre comme "Seven Billion Souls" est symptomatique de cet état de fait, démarrant pourtant fort bien, finissant par répéter son break principal
ad nauseam... Et, fatalement, à lasser. L'ensemble souffre également de sa production, notamment sur la batterie, qui occupe bien trop de place dans le
mix. Moi qui pensais que l'étiquette
"Prog" supposait une finesse chirurgicale dans l'édition des bandes, Shabti semble avoir plutôt opté pour le bulldozer. Non pas que Ray joue mal, loin de là... Seulement, ces sonorités de caisse claire en plastique chinois, ces grosses caisses qui empiètent sur les plates-bandes des guitares sans demander l'autorisation, finissent immanquablement par taper sur le système.
Vu le paragraphe ci-dessus, on pourrait croire qu'il ne reste pas grand chose à sauver sur ce disque. Détrompez-vous. J'ai beau être sévère, Shabti réserve malgré tout quelques menues surprises pour les auditeurs goûtant la prise de risque. On l'a dit, le trio sait jouer et composer, c'est indéniable, et ça se ressent au détour des titres de cet opus, qui, même s'ils tirent en longueur quasi-systématiquement, comportent de petites fulgurances. Les guitares sont en feu en quasi permanence, pas là pour filer la dentelle mais pour tricoter d'ardentes tapisseries, empruntant aux grands noms du style tout en gardant un petite personnalité, déjà affirmée : Citons, par exemple, l'ouverture à mi-chemin entre Ved Buens Ende et DHG de "Sancitfy", bel hommage qui sait éviter le copier/coller, en s'emballant dans d'ardents
tremolos sur lit de double-pédale. Shabti ponctue ses compositions de belles envolées, tantôt
soli plutôt créatifs (à 0:58 sur "The Oracle and the Architect ", ou le grand final de "My Doppelganger"), tantôt clavier d'une autre planète qui accentue les lignes de basse et apporte un peu de frais à un motif qui s'éternisait (à 1:53 sur "Shrouded and Veiled"). Qu'on se rassure, l'album reste un bon disque de Black/Death, sachant rester efficace... Mais qui peine réellement à justifier son étiquette "Prog".
"Trembling And Shorn" brasse à tout crin, mais la répétitivité de ses compositions me donne plus l'image d'un disque pantouflard que d'une réelle envie de partir dans tous les sens. Je n'irai pas jusqu'à le qualifier de mensonger, mais j'attendais clairement plus de ce
full-length, surtout vu la manière dont il était vendu. En lieu et place d'une vraie prise de risques, je me suis retrouvé avec un album qui, s'il reste rageur et porté par le talent de ses musiciens, peine à se différencier des nombreuses sorties estampillées Black/Death qui fleurissent dans l'underground. Dommage !
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