C’était prévisible. Confinez des musiciens des mois entiers, exacerbez leurs émotions et vous obtenez une multiplication rarement égalée de projets solos. C’est dans ce contexte que ZagZero a lancé MINERAL REFLECTANCE, d’abord avec deux singles en 2020 (« Septaria », « Quartz ») puis « Des chemins de vie », LP qui vint clôturer l’année 2021.
Afin de mieux comprendre la grande qualité de ce disque, nous allons faire un rapide détour par la carrière du musicien, que l’on retrouve notamment à la guitare sous le nom de Stephan H. chez les progueux d’
AKPHAEZYA dont les deux albums («
Anthology II : Links from the Dead Trinity », 2008, et « Anthology IV : The Tragedy of Nerak », 2012) avaient déjà fortement marqué les esprits.
Ayant cette information en tête, il est plus simple de s’expliquer la présence d’invités aussi prestigieux sur ces sept titres. En effet, on imaginerait mal un illustre inconnu parvenir à rassembler autour de lui des chanteurs tels qu’Arno Strobl (
CARNIVAL IN COAL, 6:33…) ou Déhà pour respectivement pousser la chansonnette sur « Obsidian » et « Septaria ». Idem en ce qui concerne les invités solistes (Mike de
YORBLIND), et ce sans compter les camarades d’AKPHAEZYA qui donnent également un coup de main : qui d’une ligne de chant (« Chrysocolle », « Tourmaline noire »), qui d’une ligne de basse (« Obsidian »).
Mais si l’on met un instant ces renforts de côté, il reste que la composition est uniquement redevable à ZagZero, et là ça pèse un maximum ! D’ailleurs, quelque part, cette démarche de chercher à associer des voix spécifiques aux différents titres n’est pas sans rappeler celle d’Arjen Anthony Lucassen au sein d’
AYREON.
Si j’essaye d’être un peu méthodique dans mon approche, je dirais que la première chose qui attire l’œil est l’artwork. Outre la beauté calligraphique du logo, qui sans trop savoir pourquoi m’évoque l’originel de
…AND OCEANS, ce mélange de futurisme, d’humanité augmentée et de flou troublant installe un profond mystère quant au contenu. L'esthétique de cette illustration est finalement assez « neutre » en termes de genre identifiable, Lae Rastrelli a été joliment inspirée.
Suivant un vieux rite adolescent où je jetais un œil aux textes avant d’enclencher la musique, je constate avec plaisir que, d’une, trois textes sont en français (« Septaria », « Spectolitre », « Quartz »), de deux, ils sont d’une profondeur rare dans leur expression du mal-être et du vieillissement inéluctable des corps (je cite : « Alors je réalise combien j’ai gâché »), la scansion me faisant par la suite parfois penser à
DIAPSIQUIR, probablement la plus belle plume en activité depuis qu’EROS NECROPSIQUE a disparu.
La musique se lance enfin. Bon sang, la production est mortelle, à la fois claire et puissante, professionnelle jusqu’au dernier fade out, idéale pour souligner le raffinement de ce black death metal progressif.
A l’écoute, je pense à
THE OLD DEAD TREE mais dans un monde parallèle où il aurait troqué ses excès pop rock contre des plans plus techniques, voire symphoniques et toujours estampillés 100% metal. De plus, le fait que les voix sélectionnées se marient aussi bien aux compositions sans jamais briser l’homogénéité de ces dernières montre bien à quel point ce projet a été murement réfléchi, écrit avec le plus grand soin.
Il n’y a rien qui ne souffre d’une quelconque faiblesse, aucun membre de cette fratrie de sept compositions n’est rachitique, atrophié, nul bec-de-lièvre ne défigure le visage parfait de « Des chemins de vie » et c’est bien là l’exploit accompli par ZagZero. En mettant la pédale douce sur les expérimentations et en se focalisant sur l’écriture d’une musique avant tout structurée, ce musicien a écrit une pièce de metal qu’il serait dommage d’ignorer plus longtemps et dont la reconnaissance devrait largement sortir de nos frontières.
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