Tout le monde ou presque connaît aujourd’hui
Jeff Grimal, ne serait-ce que de nom, que ce soit pour ses talents artistiques et / ou ses activités musicales passés et présentes au sein, entre autres, de
THE GREAT OLD ONES,
CITADEL ou encore
SPECTRALE. L’homme, éternellement en quête de nouveaux défis, nous revient aujourd’hui avec le projet
AETHERVOID qu’il partage avec deux autres comparses :
Benoît Gateuil (bassiste de
CITADEL) et
Boris Doussy, un « vieux de la vieille » si je puis dire, ses débuts musicaux remontant à 1997 où il était chanteur au sein de
PSALM (
death metal industriel). Des noms pas forcément ronflants mais l’on se doute que si ces trois-là jouent ensemble, c’est qu’il y a quelque chose d’intéressant à aller chercher. Quoi qu’il en soit, de cette réunion résulte un premier EP,
Even Light Decays, composé de quatre compositions pour une durée globale conséquente (nous atteignons la demi-heure règlementaire) et qui donnera suffisamment de matière noire pour une première rencontre de troisième type.
Musicalement, nous allons retrouver ici ce qui fait en général la marque de fabrique du compositeur principal : un mélange de
black metal aussi raffiné qu’expérimental et de
death classieux avec en prime une forte composante progressive. Et si l’on pourrait déplorer que la batterie soit confiée à une boîte à rythmes, le traitement froid de la production compose assez habilement avec cette déshumanisation sans doute voulue. En effet, si la musique n’a rien de particulièrement martial et encore moins d’
industriel, il y croît une forme de distanciation astrale dans l’interprétation qui rend les morceaux lointains, comme s’ils venaient à nous après avoir parcouru des éons, pour employer un terme cher à
Lovecraft qui, décidément, me semble toujours plus ou moins être en filagramme des travaux de
Grimal.
Cependant, ce qui marquera peut-être principalement l’auditeur, c’est la grande variété des vocaux : hurlés,
growlés évidemment dans une profondeur sublime mais relevant également du déclamatoire, du narré, glissant de l’angélisme des voix claires à la folie (« Echoes of Her Name ») tantôt murmurée, tantôt exprimée par le cri. Une telle richesse contribue fortement à ce sentiment multidimensionnel qui ne nous lâche pas un instant. Quant au
riffing, si je ressens une influence
EMPEROR (celui de
Prometheus) au cours d’un titre tel que « The Giant Breath », de même que les quelques arrangements électroniques pourront rappeler le grand
ARCTURUS de
The Sham Mirrors, c’est encore une fois la variété des atmosphères proposées qui emportera l’adhésion aveugle de l’explorateur curieux. Un
black death réellement intelligent, éternellement en quête de grandiose et complètement libéré des basses contingences matérielles. Le groupe recherche son salut dans la spiritualité, cela est parfois hautement perturbant sur « Crowned in Fire » par exemple où les synthétiseurs empruntent au psychédélisme acide avant de plonger dans une incantation ritualiste angoissante… Difficile à suivre.
Pourtant, en dépit du caractère abscons de cette sortie, elle est probablement aussi l’une des plus lumineuses que j’ai pu écouter cette année. Pas une lumière chaude, rassurante, plutôt celle, glacée, des astres lointains, des constellations zodiacales au sein desquelles l’œuvre puise sa connaissance. Mais comment ne pas se laisser subjuguer dès les premières mesures de « Even Light Decays » dont le lyrisme égale les meilleures formations de
black symphonique ? En définitive, nous retrouvons dans cet EP autant de facettes polies par le frottement de l’air que le
metal compte de styles nobles :
prog,
doom death,
black atmo, sans jamais y perdre son identité.
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par xworthlessx
Par Ikea
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Lestat
Par Krokodil
Par Niktareum
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène