Antiversum - Total Vacuum
Chronique
Antiversum Total Vacuum (Démo)
Entité suisse des plus mystérieuses, Antiversum exerce depuis déjà quelques années avec la plus grande discrétion, prenant ainsi tout son temps avant d’avancer ses pions. Formé à Zurich en 2010, le groupe vient de sortir sa toute première démo via le label irlandais Invictus Productions. Intitulée Total Vacuum celle-ci se présente sous la forme d’un digipack à deux volets tout ce qu’il y a de plus sobre et épuré puisqu’en dehors du line-up et des informations relatives à l’enregistrement, il n’y a pas grand chose d’autre à lire.
Aussi, malgré sa récente signature sur le label de Ranelagh, peu d’éléments ont finalement filtré au sujet d’Antiversum. La seule chose que je tiens aujourd’hui pour acquise est que l’on y retrouve des membres de Bölzer, Deathcult, Blakk Old Blood, Asag et Goatfukk. Un pédigrée plutôt alléchant et surtout plein de promesses.
Néanmoins, n’attendez pas d’Antiversum qu’il mène ici une quelconque révolution. C’est même sans trop de surprise que le groupe s’adonne à la pratique d’un Black/Death épais et obscure tout à fait dans l’ère du temps. Pour autant, la musique des Suisses ne manque pas de personnalité, dévoilant à travers ces quatre titres une atmosphère cosmique assez bien ficelée rappelant même par moment le travail de leurs compatriotes de Darkspace qui, rappelons-le, ont fait de ce type d’ambiances leur fond de commerce.
A l’image de cet artwork plutôt évocateur, Total Vacuum donne à l’auditeur la sensation d’être happé par un énorme trou noir, vorace et destructeur. Ce sentiment de vide passe en premier lieu par une production décharnée où les guitares au son très cru, d’une froideur impitoyable, balancent des riffs noirs et corrosifs dénués de toute humanité. Une impression de vide insondable mise en exergue par un léger et très discret effet de résonance. On se sent alors tomber dans un abîme sans fond, avec l’impression de devenir complètement fou (en partie à cause de ces riffs aliénants) et en même temps écrasé de toute part par la densité qui émane de ces quatre titres. Si la production et les riffs sont donc pour beaucoup dans la mise en place de cette atmosphère spatiale digne des moments les plus angoissants de Dead Space, les quelques samples utilisés par Antiversum en guise d’introduction et de conclusion (de 0:00 à 1:09 sur "Finis Aeternitum" et de 5:34 à 7:10 sur "Adventus Finis") contribuent eux aussi à instaurer un climat nébuleux et inquiétant façon 2001 : A Space Odyssey.
Mais au delà de cette atmosphère si particulière, c’est encore la qualité des compositions d’Antiversum qui fait tout son intérêt. Si cela ne saute pas forcément aux oreilles lors des premières écoutes, l’affiliation avec Bölzer semble finalement assez évidente dans la manière dont sont construits et amenés certains riffs d’Antiversum. Car outre la production relativement similaire, il n’est pas rare que l’on retrouve quelques sonorités, notamment mélodiques, rappelant l’auteur des excellents Aura et Soma ("Finis Aeternitum" à 1:09 et 3:06, "Vetus Angelus" à 1:44, le début et la conclusion de "Total Vacuum", le début de "Adventus Finis"). Ce lien de parenté apparaît lorsque le groupe baisse la cadence au profit de séquences mid-tempo redoutables qui viennent rompre avec le rythme souvent plus soutenu imposé par les Suisses.
Et lorsque la musique d’Antiversum ne rappelle pas celle Bölzer, elle donne le sentiment d’un croisement improbable entre Deathspell Omega (les riffs Black faméliques, mélodiques et lumineux, le rythme soutenu imposé par cette batterie à la production naturelle) et Antediluvian (l’aspect chaotique, dense et organique, le growl caverneux et lointain). Un mélange d’influences et de sonorités bien retranscrites et surtout proprement digérées qui offrent à Antiversum le luxe de ne pas apparaître comme un simple clone sans saveur. La construction de ses morceaux, alternant équitablement les passages intenses et lumineux menés tête baissée et les séquences plus obscures et menaçantes, mêlée à cette ambiance cosmique et diffuse font de Total Vacuum un premier essai on ne peut plus concluant.
Si Antiversum aime entretenir le mystère autour de son identité, ceci est bien moins vrai concernant les influences qui marquent sa musique. Mélange de Death et de Black Metal, la recette d’Antiversum n’a rien de particulièrement original, notamment sur le papier. Toutefois, les Suisses réussissent à tirer leur épingle du jeu grâce à une certaine identité et une capacité à recracher ce qu’il a pu ingurgiter. Petit à petit, la Suisse continue donc de s’imposer comme une valeur sûre, capitalisant pour le coup sur le succès d’un autre groupe (Bölzer) tout en naviguant vers d’autres horizons. Un début convaincant qu’on espère voir confirmer dans un futur plus ou moins proche.
| AxGxB 22 Juin 2015 - 577 lectures |
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