En 2015, les Suisses d’Antiversum sortaient une excellente première démo via le label irlandais Invictus Productions. Le groupe y distillait alors un Black/Death opaque dont une partie des influences étaient à chercher du côté de leurs compatriotes de Bölzer (pour l’aspect mélodique de certains riffs ainsi que la production) ou de Darkspace (ces mêmes atmosphères froides et spatiales). Deux ans plus tard, Antiversum reprend du service et nous revient avec un premier album intitulé
Cosmos Comedenti paru une fois de plus via Invictus Productions.
A première vue, il n’y a pas grand-chose qui distingue ce premier album de
Total Vacuum, première démo déjà bourrée d’arguments des plus convaincants. De cet artwork sombre qui laisse apparaître une espèce de matière étrange probablement issue d’une planète lointaine au nombre de titres proposés, on se dit que les Suisses se sont contenter de faire un simple copier / coller. Mais après quelques écoutes, il s’avère que cela n’est pas tout à fait vrai. Certes, le groupe n’a pas radicalement revue sa copie mais on note assez rapidement qu’il a su s’affranchir des quelques références citées ci-dessus.
Ce désir d’émancipation est essentiellement porté par une production bien différente de celle choisie pour
Total Vacuum. Le son de guitare famélique et plutôt abrasif qui rappelait celui de groupes tels qu’Abyssal ou Portal voir Bölzer a aujourd’hui disparu au profit d’une production beaucoup plus épaisse et imposante. Mais loin de porter atteinte à l’atmosphère et même à l’identité du groupe, celle-ci a le bon goût de conserver un minimum de ce caractère froid et hypnotique. A travers ce choix, les Suisses ont ainsi souhaité revoir la forme pour que la musique qu’il propose puisse gagner en personnalité. Certes, les productions rachitiques ont souvent du caractère mais pour le coup, le Black/Death d’Antiversum a ici gagné en puissance et en impact. Tout au long de ces trente-huit minutes, on se retrouve complètement écrasés par une batterie aux roulements menaçants faisant ainsi de ce premier album particulièrement lourd en comparaison du plus maigrelet
Total Vacuum.
Toutefois, si le son des guitares a effectivement changé, le jeu est lui resté totalement identique. On retrouve ainsi ces mêmes riffs éreintant qui, en arrière-plan, ne cessent de bourdonner à nos oreilles telle une nuée d’avions prêt à décharger leurs bombes sur nos tronches apeurées. Antiversum nous agressent ainsi d’une manière particulièrement sournoise et diffuse en donnant à l’auditeur la sensation d’assister à un tempête infernale alors qu’il en est lui-même prisonnier, incapable de s’en apercevoir, incapable d’en sortir indemne. On retrouve également ces quelques dissonances jusque-là plutôt discrètes mais qui, grâce à cette production qui les exposent davantage, prennent bien plus d’importance qu’autrefois. Deathspell Omega, la jeune scène islandaise... Oui, un peu tout cela à la fois sans pour autant tomber dans l’excès ou la parodie.
Cette production massive et ces riffs hypnotisant vont une fois de plus servir une ambiance spatiale particulièrement angoissante. Une atmosphère qui va également se nourrir de ces samples qui, bien qu’ils soient tout à fait audibles, témoignent également de l’immensité de ce vide et de ce sentiment de solitude qui y règne.
Avec moins de parallèles à tracer et une identité un peu plus affirmée, les Suisses d’Antiversum livrent un premier album plus abouti que leur première démo dont les nombreux atouts ont déjà été vantés ici-même. Certes, il n’y rien de bien nouveau dans ce que propose le groupe aujourd’hui mais ces derniers ont su apporter une nouvelle dimension à leur mélange de Black/Death notamment à travers une production beaucoup plus massive qu’auparavant. Plus lourds et imposants, ces quatre nouveaux morceaux sauront en tout cas ravir les amateurs du genre. Une musique dense faite d’accélérations soutenues et de ralentissements plombés servi par un immense trou noir qui n’existe que pour dévorer et engloutir ce qui se trouve sur son passage. Noir et sans espoir.
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