The Legion - Awakened Fury
Chronique
The Legion Awakened Fury (EP)
Début 2003, alors que la canicule n'avait pas encore réglé le problème des retraites, le monde du black metal était en émoi. En effet, Fredrik Andersson qui venait de quitter un Marduk encore au sommet de sa gloire se voyait remplacé par un illustre inconnu au poste de batteur. On doutait alors beaucoup que quelqu'un puisse remplacer au pied levé le très rapide et précis Frederik, qui enchaînait les prestations magistrales comme le PSG enchaînait les défaites, mais la presse et les amateurs des suédois allaient vite se rendre compte qu'ils étaient dans l'erreur : un certain Emil Dragutinovic venait d'exploser à la face du monde. Alors que World Funeral nous rassurait sur ses qualités de batteurs, il a fallu attendre le premier méfait de The Legion pour envisager toute l'étendue du talent du gaillard. Peu avant la sortie de Unseen To Creation, le premier album du groupe, Awakened Fury voyait le jour.
La Suède avait déjà engendré à l'époque son lot de groupes géniaux, aussi divers que Sacramentum, Dissection, Lord Belial, Dark Funeral ou Marduk pour ne citer que les plus illustres. Mais alors que le black metal déclinait de plus en plus, et que seules les locomotives comme Marduk ou Dark Funeral faisaient encore parler d'elles, The Legion est venu se loger dans une niche encore très originale à l'époque (et soyons bien clairs, très peu groupes encore à l'heure actuelle ont le talent pour faire de même) : celle du black/death. Pas le black/death tel qu'on l'entendait au milieu des années 90 de Dissection ou Sacramentum, pas le black/death mou à breaks catchy tel qu'on l'entend à l'heure actuelle, pas plus que le black/death du Behemoth du début des années 2000 non, le vrai black/death, celui qui conjugue la froideur, la brutalité, la sauvagerie, la mélodie, la hargne, la vitesse et la technique, ou autrement dit, la quintessence des deux styles.
The Legion, c'est exactement cela : un condensé de haine, un monument de noirceur, des riffs absolument divins, des mélodies ravageuses, véloces et changeantes qui ne sont réalisables que grâce à une technique parfaite de la part de musiciens d'exception. Le style du groupe est naturellement plus orienté vers le black metal, tant par la voix et la plupart des riffs que le jeu de batterie, bien que le côté death metal ressorte souvent au détour d'un refrain, transgressant allègrement la mince frontière commune aux deux styles. L'aspect rapide et sans concession renvoie lui aussi aux extrêmes des deux styles, mais qu'importe l'étiquette, l'important c'est que Awakened Fury est fantastique de la première à la dernière seconde.
Bien entendu ceux qui préfèrent le black metal posé à l'avalanche de blast qui constitue l'essentiel de cet EP passeront leur chemin, The Legion ne fait pas de concessions, et bien que le groupe ait composé plusieurs mid-tempos par la suite, aucun ne figure encore sur Awakaned Fury. Evidemment, ce n'est pas pour autant que le style des suédois est linéaire : les tempos varient, et les quelques décélérations ne sont là que pour mieux souligner les accélérations, et ainsi renforcer la sauvagerie des compositions.
D'ailleurs, ceux qui possèdent déjà Unseen To Creation reconnaîtront sûrement les titres de trois des cinq morceaux de Awakened Fury, qui ont été repris pour le premier album. Comme vous vous en doutez, les mêmes critères de qualité sont à appliquer aux deux disques, vous ne pouvez pas apprécier l'un sans apprécier l'autre, et inversement. Qu'est-ce qui fait l'intérêt de cet EP alors me demanderez-vous ?
La production dans un premier temps, réalisée de main de maître par le divin Andy LaRocque, qui renforce plus encore l'aspect froid que la production de Unseen To Creation faite par Tommy Tägtgren, tout en conservant un grain naturel et une explosivité jouissive. Et bien sûr, ce qui fait le réel intérêt de Awakened Fury, ce sont les morceaux « Torment Divine » et « Legion », qui ne figurent pas sur les réalisations futures du groupe, ainsi qu'une version démo de « On Swift Wings » certes pas aussi délectable que la version définitive, mais qui donnait déjà une idée du potentiel de ce qui est un des tubes du groupe. Si « Torment Divine » s'avère être dans la même veine que « « Knee-Deep In Bloood » et « Retribution », « Legion » est un peu plus surprenant, c'est le premier instrumental du groupe, et probablement un des meilleurs morceaux du groupe, au riff final dantesque.
The Legion est pour moi le meilleur groupe de black metal (ou assimilé, je vous vois déjà jouer sur les mots bande de salopiots) qui a émergé dans les années 2000, déjà parce que leur style unique et difficilement imitable en fait un groupe d'exception (que l'on apprécie ou pas), mais aussi parce qu'il faut bien l'avouer, on a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent en matière de black metal typé suédois depuis lors. Après un Unseen To Creation à l'image de ce Awakened Fury, furieux, hargneux, et ultra véloce, The Legion a amorcé avec succès un virage un peu (mais vraiment un peu seulement !) plus posé et ambiancé avec Revocation, qui fait pour le coup souvent ressortir le côté death metal des compositions… Alors quid de A Bliss To Suffer, le troisième album à paraître fin avril ? Va-t-il être aussi bon que ses illustres aînés ? Même si les titres sur leur myspace laissent esquisser d'un début de réponse, je peux vous garantir, ayant écouté le promo pas plus tard que tout à l'heure, que vous êtes encore loin d'imaginer le résultat. Chronique courant avril !
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