Athiel - Destroy The Laws Of God
Chronique
Athiel Destroy The Laws Of God
Si l’on ne cesse de répéter que la nouvelle scène extrême Italienne ne manque pas d’atouts ni de piquant en revanche la Sardaigne contrairement au reste du territoire restait jusqu’à présent bien silencieuse, alors qu’elle a pourtant des atouts à offrir en plus de ceux évidemment touristiques. Car c’est sur l’île qu’a vu le jour en 2020 le projet solo mené par le mystérieux Dann et intitulé ATHIEL, qui se montre particulièrement actif et qui en a peine une année a déjà publié un Ep et un single avant l’arrivée de ce premier album enregistré dans la foulée des précédentes sorties. Revendiquant sa musique comme étant influencée par WATAIN et DISSECTION - et portée par des textes que n’aurait pas renié Jon Nödtveidt, ce long-format va durant trente-quatre minutes embarquer l’auditeur dans un voyage cosmique tourmenté où le froid et la glace sont de rigueur, mais où la mélodie n’est pas absente portée par une rythmique relativement posée la plupart du temps. Car si la violence n’est pas absente celle-ci va se dévoiler de manière éparse au profit d’ambiances rampantes et lancinantes où la basse chaude va se faire bien entendre dans le mixage, et ce malgré une batterie faiblarde sonnant un peu plastique et manquant parfois de justesse (surtout sur les parties blastées et énervées). Cependant ce défaut bien que présent ne va pas nuire fortement à la qualité de cet opus, qui malgré ses erreurs de jeunesse offre des bonnes perspectives pour l’avenir de son créateur, qui ne demande qu’à mûrir pour exploser totalement et dévoiler tout son potentiel.
En effet on va immédiatement être plongé dans un océan de froideur et de noirceur dès les premières secondes de l’impeccable et dense « Sitra Achra » à la météo tempétueuse où orage et neige se côtoient en bonne intelligence, portée par une alternance rythmique continue entre un break acoustique plein de mélancolie et un solo rempli de tristesse et nostalgie. Lorgnant vers les ambiances typiquement Norvégiennes ce premier morceau semble s’être inspiré du fameux « Life Eternal » de MAYHEM de par ce côté rampant et hypnotique (à l’instar de plage suivante « Destroy The Laws Of Gods » brumeuse au possible et expédiée de façon plus directe que la précédente), avant que la suite proposée ne passe la frontière à l’est pour rester installée en terre de Suède durant toute la deuxième moitié de cette galette. Car celle-ci va démarrer sur un interlude (« Mahapralaya ») à la guitare sèche pleine de douceur (telle qu’on pouvait l’entendre en transition sur « The Somberlain » et « Storm Of The Light’s Bane ») avant que ne déboule ensuite l’excellent et épique « Serpent Crown » où le grand-écart va se faire entendre, tout comme des riffs et une construction qui ont été presque repiqués à partir du magnifique « Night’s Blood » sans que cela ne nuise au rendu final. En effet tout ici est parfaitement exécuté et convaincant sans tomber dans le plagiat, et de fait on est embarqué par ce ressenti guerrier et combattant où se greffe de la tristesse et des larmes une fois la bataille finie et qu’on constate les pertes... tout ça sur un tempo lent qui joue les montagnes-russes pour y gagner en émotions. Et toujours pour rester sur les harmonies de ces disques mythiques précités plus haut « Chant For Azagthoth » sent à plein-nez le « In The Cold Winds Of Nowhere », de par ses ambiances glacées et son riff principal lancinant ponctué de passages mid-tempo ravageurs et entraînants. Et comme si cela ne suffisait pas l’instrumental « Nocturnal Mysteries » qui clôt les hostilités ressemble comme deux gouttes d’eau au morceau « Lawless Darkness » avec son lead plaintif et son recueillement infini rempli d’obscurité, mais qui n’atteint pas l’original en traînant trop en longueur et en ayant trop de cassures rythmiques... même si son géniteur se montre à l’aise dans cet exercice toujours périlleux.
Du coup malgré ces imperfections liée à son manque d’expérience il faut quand même saluer la qualité de son travail effectué qui malgré son absence totale d’originalité se révèle déjà très affûté et sérieux, tout en donnant la sensation légitime qu’il n’a pas encore tout dit et en a gardé sous la semelle. A lui désormais d’améliorer ces points de détails ici car son potentiel semble impressionnant et il fait peu de doutes qu’avec un peu plus de vécu supplémentaire il va faire très mal dans le futur, et l’on ne peut que lui lancer une salve d’encouragements nourris pour le motiver à continuer sur cette lancée et faire mûrir un peu plus ses idées qu’elles soient personnelles ou inspirées par les plus grands. Dans tous les cas il y’a de la marge et l’on a déjà hâte de voir ce que lui réserve la suite, et ce sur n’importe quel format tant ça fera forcément l’affaire et plaira au plus grand nombre qu’il soit nostalgique ou pas d’une certaine époque.
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