Il y a quand même des groupes qui portent bien leur nom. Prenez The Furor. Dans le genre furieux, le projet quasi solo de Louis Rando aka Dizazter (Impiety, Mhorgl...) se pose là. Mon postérieur garde encore les traces du précédent album de l'Australien,
Impending Revelation, avec lequel j'avais découvert la machine de guerre en 2014. Fidèle à Transcending Obscurity, celle-ci s'est récemment remise en marche. Et à en juger par la pochette géniale toujours aussi clichée et le titre
Cavalries Of The Occult pas plus finaud, difficile de penser que The Furor s'est reconverti dans le bal musette.
C'est évidemment à un metal extrême infernal et belliqueux que s'adonne toujours le groupe.
Cavalries Of The Occult s'avère cependant plus thrash que son prédécesseur, sans pour autant oublier le gros blackened death qui tâche. On se retrouve donc avec un mélange détonnant de death, de black et de thrash dans un joyeux bordel qui part dans tous les sens. D'autant que la production, toujours dans ce souci d'en foutre plein les oreilles, ne fait pas dans la dentelle, avec notamment une batterie qui prend beaucoup de place dans l'espace sonore. Normal vu que c'est l'instrument principal du mercenaire Louis Rando, qui a récemment enregistré deux titres pour les fort sympathiques Cambion. Et le bonhomme aime beaucoup les blast-beats, surtout en courtes rafales, les blasts "mitraillette" à la sud-américaine ou le tchouka-tchouka thrashy. Il sait aussi faire dans le mid-tempo, l'opus se montrant plutôt généreux en changements de rythme, mais globalement ça avoine bien comme il faut. L'intensité, voilà ce qu'aime The Furor qui ne rechigne pas devant la besogne. Angelcorpse, Impiety, Krisiun, si ces groupes vous parlent, The Furor ne devrait pas non plus vous rester muet.
Car bien heureusement, il n'y pas que la batterie sur-mixée et au son un peu trop synthétique du sieur Dizazter, même si celle-ci a un côté assez jouissif dans son caractère expansif. Encore une fois, ce sont les guitares qui font bien la différence. Le riffing, entre tremolo death ou black et techniques plus thrash et groovies, reste en effet le point fort essentiel de l'album. C'est affûté, inspiré et plutôt varié. Si tous ne sont pas mémorables (quelques motifs plus passe-partout), il y en a suffisamment par morceau pour que le ratio finisse largement en positif. Et si je dis que le riffing est une des forces de The Furor, c'est aussi parce qu'on y trouve un bon sens de la mélodie. Les solos se taillent d'ailleurs une bonne part. On pourrait s'attendre à du vibrato n'importe quoi vu le genre mais pas du tout. Si on retrouve bien un côté chaotique dans l'urgence d'exécution, les solos se font la plupart du temps construits et bien mélodiques. On a même le droit à de beaux sweeps ("Second Coming Slaughtered", "Rampage Upon The Rational").
Je vous l'ai dit, Louis Rando est un homme généreux qui donne tout ce qu'il a. Quitte à gaver car oui, l'opus s'avère tout de même un peu long malgré toutes ces qualités. Cinquante-quatre minutes de satanic chaotic brutal thrashy blackened death metal, c'est assez rude, vous en conviendrez. Sur une telle longueur, difficile de rester excellent tout le temps. On note ainsi des petites baisses de régime à l'intérieur même des meilleurs morceaux ("Second Coming Slaughtered", "The Flames Of Fate", "Storm Of Swords", "The 30 Year War", "Rampage Upon The Rational") ou des titres très corrects mais un peu moins passionnants que je mettrais au début ("Death Manifest" et "Cavalries Of The Occult") et à la fin ("Fomes Peccati" et "Totaliterror"). Et puisqu'on en est à critiquer, les claviers ne servent à rien, comme d'habitude. Ils restent relativement discrets, laissant surtout s'exprimer les guitares et la batterie, mais ils n'ont pas leur place. Pas de claviers sur une musique bestiale, infernale et haineuse, bordel! Ça peut coller sur du doom/death ou des titres plus atmosphériques mais quand ça bourre, quel intérêt? On est encore une fois dans cet esprit d'en foutre partout. Idem pour le chant râpeux black/death, très bon mais auquel on colle souvent du dédoublement ou de la superposition de couches superflus.
Cela fait partie du charme de The Furor on va dire, lui qui va fêter ses quinze ans d'existence en septembre prochain. Et c'est vrai après tout. Il y a ainsi des bons et des mauvais cotés. L'intensité et la brutalité foutraque jouissives de ce death/black/thrash guerrier côtoient ainsi un sentiment de fouillis chaotique pas toujours maîtrisé, renforcé par la longueur excessive de l'œuvre qui aurait mérité un bon quart d'heure en moins malgré un propos relativement varié car certains titres se montrent plus dispensables et moins inspirés que d'autre (le début de "Fomes Peccati" est même carrément mollasson). La batterie sur-mixée et trop synthétique fait aussi partie de ces choses qui peuvent vite rendre irritable l'auditeur exigeant. Globalement, je garde donc une préférence pour le précédent
Impending Revelation que je trouvais un peu plus homogène.
Cavalries Of The Occult possède néanmoins tout un tas d'atouts à faire valoir, à commencer par un sens du riff et de la mélodie appréciable (certains tremolos vous hanteront un moment), restant un album tout à fait recommandable pour ceux dont les poils se hérissent quand on évoque des formations romantiques comme Impiety, Angelcorpse ou Krisiun. La guerre nucléaire en Enfer, c'est quand même vachement sympa!
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