Daäth Shadow - Crowns For Kings
Chronique
Daäth Shadow Crowns For Kings
Au chapitre des groupes inconnus mais pas piqués des hannetons, Daäth Shadow en tient une bonne couche. Ne donnant plus un seul digne de vie depuis la sortie de leur unique réalisation et ayant en plus animé les passions dans les interviews de 2009 à cause de leur comportement très « Va te faire foutre, on est les meilleurs, vous êtes tous des putes », le septuor (ouais, ouais,… sept… mais mon petit doigt me dit que c’est hautement symbolique…) néerlandais aura eu l’air d’un vaste de feu de paille pour qui n’aura pas posé une oreille sur « Crowns For Kings ». Une bande de petits cons arrogants bien vite renvoyés à leurs études, c’est effectivement ce qu’on pourrait en penser si on s’arrêtait là.
Sauf que Daäth Shadow aura eu raison d’être arrogant… « Crowns for Kings » est effectivement un album réussi de A jusque Z. Malgré quelques défauts sur lesquels je reviendrais après (encore que ce ne sont pas vraiment des défauts au final…), j’en viens globalement à regretter que Daäth Shadow soit à la limite de la mort musicale. Contrairement à ce qu’aurait pu présager leur attitude visible dans les interviews, la pochette est tout le contraire. Sobre, simple, noyée dans la masse des pochettes de Black/Death, elle n’attire absolument pas l’œil et si on ne m’avait pas orienté vers ce disque, je n’y aurais sans doute jamais porté attention. Un nom imprimé en rouge faiblard sur du noir, un titre d’album invisible et un chandelier tout-ce-qu-il-y-a-de-plus-basique : ça c’est sûr, on est bien loin de l’appât visuel lancé dans la mare des amateurs du genre, mais celui qui achètera ce disque sera pour autant bien récompensé. Par ailleurs, Daäth Shadow est tout sauf une bande de petits cons. Oui monsieur, le groupe maîtrise très bien son occultisme et nous sort des références qu’il faudra creuser si vous désirez en savoir plus, le tout en symbolique numérique et en raccord à des textes occultes venant du monde entier…
Il y a deux aspects musicaux dans cette œuvre. Le premier se remarque dès la première écoute, c’est le côté fondamentalement « classique » de cet opus. Des solos limite heavy (« 1888 Nicolstreet »), des riffs death ultra-classiques à la pelle (« The great Sabbath »), une double voix (une black et une death). Ajoutez à tout ça des éléments de productions un peu convenus comme une double pédale bien triggée ou une distorsion bien connue des amateurs du genre… Bref, tout ça pour dire que le chaland ne sera pas perdu. Mais c’est justement cet aspect qui m’a au départ un peu freiné dans mon ardeur. Pour tout dire, j’ai passé le disque une première fois et ça m’aurait presque ennuyé. « Du classique en veux-tu en voilà sans aucun fond quoi… », me disais-je bêtement…
Sauf que voyez-vous je prends beaucoup le train et dans le train quand on a un T-Shirt Glorior Belli, on a deux choix : subir les discussions de gamins/gamines-à-T-Shirt-Metallica vous accostant en vous parlant du dernier Ultra Vomit ou Cannibal Corpse (sujet au combien irritant pour la personne que je suis, vous en conviendrez… et y’a toujours un de ces sales gosses pour venir me parler, dans chaque train…) ou alors écouter des disques au casque. C’est lors d’une de ces écoutes au casque que j’ai découvert les multiples subtilités de Daäth Shadow qui forment ensemble le deuxième aspect de cette production. Premièrement chaque titre de l’album recèle au milieu un passage plus ambiancé et toujours réussi. D’ailleurs les passages un peu plus simplistes sont là pour amorcer la montée vers les passages plus lent (et au passage, bien plus réussis…). Celui de « The Great Sabbath », de « Servants of LuCiFer » ou du titre éponyme sont vraiment d’un niveau rarement atteint dans le genre. Deuxièmement, en écoutant avec un matériel audio digne de ce nom, vous remarquerez avec joie une kyrielle de trucs totalement hors-sujet et fous : Des claviers psychédéliques qu’on croirait sortir d’un groupe de rock-prog des 70’s, des bends de guitares bizarrement foutus mais carrément jouissifs, des guitares sèches en arpèges ou encore des rythmiques un peu groovy. Tout ceci apporte au final une grande richesse à « Crowns For Kings », une vibration pour ainsi dire très particulière que je n’ai retrouvée dans aucun autre album de Black/death. De plus, parlons un peu des interludes très étranges, ayant un rendu proche de la transe psychoactive expérimentée par les cultures d’Amérique du Sud. Il vous suffit d’écouter « Blood for Qayin » pour vous situer le décor : Un temple maya et un maya en tenue de cérémonie vous apportant une mixture de plantes écrasées dans un petit bol rituel. Quelle excellente idée d’avoir incorporé cette dimension rituelle à un disque très direct car elle forme une petite pause ambiance sympathique et pleine de sens.
Au final, on oublie bien vite les quelques plans un peu lourdingues du groupe pour se concentrer sur les phases plus émotives. Et encore, quand on connaît bien le disque on se met à apprécier certains riffs assez simples car ils forment une sorte d’ascension rondement menée. Les solis un peu bizarres de « 1888 Nicolstreet » deviennent même très agréables quand on les connaît, car ils apportent un grain de folie au titre (au même registre que les claviers par exemple, dans d’autres titres…). « Crowns for Kings » est un grand album. Partagé entre classicisme efficace (et surtout ne rebutant pas les allergiques au solo heavy ou au riff bateau dont je fais partie…) et opus halluciné pour adeptes des transes ritualistes, voilà un album qui aura le mérite de satisfaire deux clans souvent opposés : ceux qui aiment le classique et ceux qui adorent les passages plus expérimentaux.
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