Death Worship - Extermination Mass
Chronique
Death Worship Extermination Mass (EP)
« Conqueror was Hatred and Superion, where we had a glimmer of hope for mankind to rise above this and become what they are intended to be. But in Death Worship I see nothing but Death, only Nihilism. There is no hope for mankind anymore in my opinion. »
Si Ryan Förster confie avoir perdu toute foi en la salvation de notre race – en s’élevant suivant la voie de Superion – depuis ses premiers assauts sonores avec Conqueror, en revanche son extrémisme musical n’a pas changé. Sa vision créatrice pour ce disque ne pouvait être on ne peut plus claire : transcrire musicalement une volonté de mettre à mort les cancrelats qui peuplent notre chère planète à l'agonie. La guerre nucléaire, maintenant.
De nombreuses entités ont entretenu ce combat depuis la disparition de Conqueror, avec plus ou moins de résonance pour leur message et surtout de talent artistique, mais il n’y a guère qu’une poignée d’élites parmi l'élite ayant su porter le brasier de la haine humaine aussi haut que Ryan Förster et James Read. C’est en ce sens que le retour au front de ces deux lascars sous l’entité Death Worship est une bénédiction pour la scène couramment appelée « war metal ». Cette fois, Förster est seul maître à bord et responsable de la totalité des compositions, ce qui pourrait expliquer la raison pour laquelle Extermination Mass écrase beaucoup de ses confrères.
Si j’en crois une réponse donnée par son créateur dans l’interview de 30 minutes placée en fin d’album, tout tient en ce qui peut paraître dispensable pour bon nombre de fans de ce style black/death totalitaire et sans concession. Le talent d’écriture et le sens de l'accroche, seulement et simplement. Certes, s’acharner avec frénésie sur une batterie pour rythmer une avalanche de riffs chaotiques sur tout un morceau sans discontinuer est un vecteur de choix pour exprimer son nihilisme. Mais ce qui trace la ligne artistique entre les bons groupes et ceux ayant leur place au panthéon du style, c’est la capacité à tirer des balles de plus gros calibres au moment propice et/ou de savoir quand alterner la fréquence de tir. C'est exactement ce que l'on constate sur « The Chaos Trance » qui finit le travail comme pour mettre un point d'honneur à donner un exemple définitif. Gros pilonnage au mortier pour préparer le terrain avant de charger pendant une ligne de guitare qui fait bouillir le sang, sur laquelle les deux voix se mêlent pour vomir leurs commandements de mort, jusqu'à les couronner sur l'autel sacrificiel au son des cloches, dans une transe de berserker frappant au milieu du morceau. Apporter la Mort est une chose, mais savoir l'ériger de la sorte comme principe supérieur en est une autre. Le Culte de Ross Bay est éternel paraît-il.
Extermination Mass en est la preuve, car il fait partie des disques à l’instar d’un Doom Cult ou de la prometteuse démo de Ululatum Tollunt, dont l’alternance implacable et soignée de blasts, de breaks ainsi que de progression naturelle de riffs – « Also called songwriting » pour citer un Fenriz un brin moqueur – le place au dessus du lot. C’est une question de dynamisme et de sens de l’accroche, mis en opposition à une linéarité dans laquelle trop de groupes se complaisent, par posture de classicisme ou manque de talent, finissant par nuire à la puissance de feu d’une musique censée attaquer sur tous les fronts. Si évidemment cet album regorge à majorité écrasante de blasts dans la grande tradition du style, « Superion Rising » illustre les changements abrupts de cadence et méthode de matraquage qui font tout le sel du « mieux » que je recherche dans cet art de la guerre qu'est le black/death. Il faut dire que James Read n'a que très peu de concurrence dans son milieu, mais l'enchaînement entre les riffs du refrain et celui du break bagarreur confère lui aussi cette force de haïr toujours plus intensément. On peut trouver sur chacun des titres un petit quelque chose qui marque son nom au fer rouge, que cela soit un ralentissement comme vers la fin de « Abomination Storm », le placement du double chant amené par Black Winds – chanteur de Blasphemy – ou bien un riff plus évocateur qu'un autre au milieu de ce déchaînement frénétique.
Extermination de masse ou messe prônant l’extermination, la distinction ne tient que du détail car la finalité de ces 6 morceaux est la même. Ouvrir la porte au chaos, laissant entrer la pire menace pour l’Homme : son intolérance pour autrui, rejaillissant violemment sur lui-même dans la haine de son existence futile. En tant que bande son pour cette guerre fratricide, voilà ce que représente Extermination Mass, le clairon sonnant l’autodestruction imminente par sa propre main de tout ce que l’humanité avait construit de haut jusqu’à présent.
Homo homini lupus est.
| KPM 16 Janvier 2017 - 1495 lectures |
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