Thron - Abysmal
Chronique
Thron Abysmal
Comme d’autres formations avant elle THRON cultive le mystère afin de ne laisser place qu’à la musique et à rien d’autre, car à l’instar d’UNDEAD PROPHECIES on ne sait rien sur l’identité des cinq membres qui la compose, hormis qu’il s’agit de vétérans ayant fait leurs armes dans différentes entités très connues. Ayant démarré en 2015 en Allemagne celle-ci a ensuite sorti un premier opus deux ans plus tard sur un tout petit label, avant de franchir un cap avec sa signature chez les nordistes de Listenable, et d’imposer une musique plus travaillée qui sent bon les années 90. Car ici on se retrouve plongé dans la Suède d’il y’a deux décennies tant leur Black/Death nous renvoie aussi bien vers DISSECTION, SACRAMENTUM et NECROPHOBIC, que vers IN FLAMES ou AT THE GATES pour le côté mélodique légèrement prononcé. Sans tomber dans la redite de ses grands noms le quintet s’inspire néanmoins fortement de ses aînés tout en y ajoutant sa patte personnelle où l’on trouve également un soupçon de Heavy à l’ancienne, bien troussé et qui fait plaisir à entendre.
Car dès que démarre les notes douces et aériennes de « Beyond The Gates » on se fait embarquer dans un voyage agréable vers un passé pas si lointain, où le combo nous sort ici toute sa panoplie d’influences passant ainsi facilement des blasts les plus énervés à des passages plus posés d’où émerge un solo mélodique fort agréable. Avec en prime une voix qui n’est pas sans rappeler celle du regretté Jon Nödtveidt ce premier morceau se montre très varié et ose aérer son propos afin de ne pas tomber dans la redondance trop rapidement. Après le génial chanteur/guitariste c’est au tour du groupe de Joakim Sterner d’être mis à l’honneur via l’excellent « Bloodred » car on y entend des plans de batterie typiques de son jeu tout en vitesse, conjugués à d’autres moments plus lents, et où des riffs imparables s’intègrent avec facilité afin d’obtenir un résultat imparable et équilibré. D’ailleurs on peut faire le même constat sur le tout aussi bon « Dead Souls » qui laisse également la part belle aux variations, et se voit réhaussé par une longue introduction et un entrain communicatif, tout comme « A Spark Of Divinity » dont l’introduction acoustique n’est pas sans rappeler les interludes de « The Somberlain » et « Storm Of The Light’s Bane ». Mais la ressemblance avec le mythique quatuor s’arrête ici car le reste de la compo verra l’apparition d’un riffing Heavy remuant à souhait et qui rajoute à la puissance générale, et voit le mid-tempo prendre plus de place.
Cette bonne impression présente jusque là continue encore un peu sur le plus accessible « Hidden In Shadows » à l’ambiance plus froide et sombre qu’auparavant et à la mélancolie plus affirmée, notamment par un boulot superbe des guitares qui là-encore lorgnent vers la paire Nödtveidt/Zwetsloot (tant ça sent le morceau-titre de leur premier opus). Rapide et entrainant sans jamais être d’une brutalité extrême celui-ci se montre bien différent de ce qui a été entendu jusqu’à présent, mais reste en revanche au même niveau. Cependant alors que la première moitié vient de se conclure de très bonne manière la seconde va en revanche être moins inspirée, car « A Glorious Ride » se traine inutilement en longueur, se contentant de répéter en boucle les mêmes plans qui sont également moins accrocheurs. Si la durée de chacune des plages n’était pas un souci auparavant cela va plus ressortir dans cette deuxième partie de galette, sans doute à cause d’un effet de surprise moins présent et d’une écriture qui se montre plus passe-partout et moins originale. Heureusement après une petite pause bienvenue les choses vont rentrer dans l’ordre (sans pour autant atteindre le niveau entendu au départ), car le très bon « Blood Of Serpents » va montrer que les gars en ont encore sous la semelle. Jouant le grand-écart entre brutalité et lourdeur il passe tout seul et se montre agréable, même si la sensation d’avoir à faire à du recyclage de plans est toujours là, sentiment qui va se confirmer sur le sympathique « The Wrath Of Gods » qui passe bien à défaut d’être mémorable. Mais finalement l’ensemble se termine très bien avec l’équilibré « The Shrines » qui privilégie des relents tribaux durant sa première partie très lente, avant que la seconde ne se déroule à fond les ballons histoire de conclure par un tabassage en règle afin de retrouver une accroche.
Car avec presque une heure de musique il est difficile de ne pas laisser un peu d’attention en route, chose qui est dommage vu la qualité générale de chacun des membres. Ceux-ci dévoilent leur talent sans chercher à en faire des caisses et privilégient le feeling au trop-plein de technique, cependant à ne jamais vouloir descendre sous les cinq minutes (à une exception près – interlude mise à part) ils ont pris un risque qui se retourne un peu contre eux à un moment donné. Si le tout est de très bonne qualité il aurait gagné à être plus direct et concis ce qui aurait ainsi évité ces baisses de régime évitables et regrettables, mais malgré cela il ne faut pas faire la fine bouche car l’ensemble est plus que positif (même la pochette sujette à toutes les interprétations). Sans être le disque de l’année il mérite quand même que l’on s’y penche un peu car il est toujours sympathique de se replonger dans un passé apaisant et plein de souvenirs, d’autant plus quand le tout est exécuté avec conviction et plaisir, ce qui est ici totalement le cas.
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