Chronique
Thron Vurias
Ayant désormais pris l’habitude de revenir aux affaires tous les deux ans la formation de Forêt-Noire n’a cessé de gagner en régularité comme en qualité, tout en s’affranchissant progressivement un peu de son influence NECROPHOBIC qu’on a pu lui reprocher. Si elle conserve une base musicale du mythique combo Suédois elle s’est progressivement détachée de celui-ci afin sans doute d’éviter un sentiment de copier-coller assez marqué, et finalement dommageable qui ne lui permettait pas d’exprimer tout son potentiel. Ayant clairement pris du galon avec l’excellent
« Dust » le quintet a lui aussi gagné en stabilité vu que pour la première fois il enregistre deux disques de suite avec les mêmes membres, preuve donc que les choses vont pour le mieux en interne et qu’une vitesse de croisière a été trouvé. On ne sera donc pas surpris que ce cinquième opus reprenne en tous points ce qu’il a produit par le passé - et surtout du côté du prédécesseur de ce nouveau chapitre, car si l’on pourra comme d’habitude reprocher aux Allemands d’étirer inutilement leurs compos il faut bien reconnaître que cela passe néanmoins très facilement en étant immédiatement accrocheur... vu que l’on sait de suite où l’on met les pieds, histoire de ne pas être déphasé dès les premières notes.
C’est le cas de « The Serpent’s Path » qui propose d’entrée un panel classique et varié de ce qu’ils savent faire de mieux, entre violence incisive et passages lents rampants ponctués d’un solo aux accents mélodiques mais en total accord avec le contenu proposé... même si quelques relents atmosphériques et spatiaux vont apparaître au milieu de tout cela, cassant légèrement la dynamique mais restant néanmoins relativement discrets. Car comme on va le voir plus tard ces ambiances étrangères vont progressivement s’imposer de plus en plus, au détriment de l’attractivité globale qui va décliner doucement mais sûrement... mais pour l’instant on reste sur une vision basique mais redoutable comme le prouve le virulent et frontal « Astral Materia » aux trois parties distinctes, et où la brutalité s’impose aux deux extrémités pour laisser la lourdeur se faire entendre en son centre. C’est sans concessions et ça envoie le bousin tout en étant particulièrement propre et efficace, à l’instar de l’excellent « Hubris’ Crown » très court mais aussi remuant et épique en jouant habilement sur le mid-tempo et quelques accents Heavy hyper efficaces, mettant ainsi la violence un peu sur le côté pour laisser de la place aux relents guerriers avec l’envie immédiatement de headbanguer. Mais après cette triplette très agréable on va ressentir un vrai trou d’air via tout d’abord le laborieux et mitigé « A Paradox » qui ne va jamais décoller, la faute à des accents tribaux et cosmiques pas vraiment du meilleur goût (entre notes en réverb’ et durée excessive conjuguées à un rendu qui avait du potentiel mais qui a été mal mis en place). Cela sera un peu le cas aussi pour « Ungemach (Stilles Ende) » désespéré et atmosphérique où de doux arpèges mêlés à des relents jazz (et quelques notes d’orgue) viennent apparaître au milieu d’accélérations et de riffs dignes de l’entité de Joakim Sterner... et qui font mouche immédiatement. Mais cela ne sauve pas le rendu général qui a certes de bonnes intentions et quelques idées créatives mais ces dernières n’arrivent à s’agglomérer correctement pour être cohérentes, montrant ainsi les deux facettes de ses auteurs pour cette galette. Car ils essaient de nouvelles choses pour surprendre leur auditoire en ralentissement l’allure pour densifier une musique, et emmener l’esprit vers de nouvelles contrées mystérieuses et inexplorées loin dans le cosmos... mais pour un bilan chaotique et bancal.
Sans doute faudra t’il à la bande de persévérer dans cette veine à l’avenir (si cela arrive) en étant plus fluide et immédiat, au lieu de cela on décroche franchement en cours de route et c’est dommage car quand ça revient aux fondamentaux l’effet de plaisir est immédiat. Les équilibrés et frontaux « One Truth, One Light » / « Griefbearer » vont le prouver en étant particulièrement bons et aguicheurs en jouant les montagnes russes sur fond de tabassage intense, d’agressivité constante et de ralentissements pachydermiques. On aurait donc aimé que cela continue dans cette voie (même si on a le sentiment de recyclage permanent) vu que le barré « The Hunter And The Pray » va faire perdre le fil à ses auditeurs à vouloir trop en faire, car entre les cassures à foison et l’apparition de notes de trompette (certes agréable mais dont on ne voit pas l’intérêt) on décroche totalement des débats, d’autant plus que le bridage continu est propice à la somnolence. Et même si la conclusion (« The Metamorph’s Curse ») aux deux facettes opposées va faire retrouver un peu d’attention à tout le monde (même si c’est imparfait) on arrive au bout de cet enregistrement avec un drôle de sentiment celui d’un projet ambitieux mais inabouti, et qui à force d’avoir voulu pousser les choses trop loin tombe souvent à côté.
Dommage effectivement qu’on en arrive à cette conclusion car les efforts effectués méritaient un meilleur sort, au lieu de cela on a donc une réalisation imparfaite où des moments très réussis succèdent à d’autres presque ennuyeux... et réciproquement. Si on saluera donc le fait d’avoir osé et testé de nouvelles choses en revanche celles-ci devront être mieux en place dans le futur, au risque pour ses géniteurs de perdre en visibilité... ce qu’ils ont déjà du mal à avoir de façon générale. Sans être donc totalement un loupé ce nouveau cru est quand même une déception qui sait se mettre en valeur la moitié du temps... la meilleure, car pour le reste on oscillera entre envie rapide de zapper et décrochage de l’attention, et il faudra à ses créateurs se reprendre rapidement afin de savoir si cela n’est qu’un accident de parcours ou la fin du cycle qui n’annonce rien de transcendant pour plus tard, on verra bien !
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