Il est des labels dont je parcours régulièrement le catalogue en quête d’une entrée qui attirerait mon œil, par simple curiosité, me fiant à la chance, et ainsi en va-t-il pour
Profound Lore Records. En l’occurrence, ce qui a retenu mon attention, c’est avant tout la pochette de ce «
Promethean Pathology », bien avant de connaître le CV des protagonistes. Il faut dire qu’elle est sensuelle cette illustration, fonctionnant parfaitement selon le principe d’attraction – répulsion. Ce n’est qu’après que j’ai appris que la formation américaine contenait des membres, entre autres, de
BLOOD INCANTATION (batterie) et
WAYFARER (basse, guitare), chose qui m’a immédiatement rendu le quatuor éminemment sympathique.
De grands noms ne font pas forcément un grand disque, c’est une certitude. Mais quand le label canadien s’en mêle, cela sent généralement très bon, même si comme à chaque fois ses signatures nécessitent une certaine ouverture d’esprit pour les apprécier pleinement. Ainsi,
LYKOTONON se situe à la croisée des chemins :
death expérimental,
metal industriel,
black avant-gardiste, les étiquettes peinent à adhérer sereinement à ces sept compositions dont l’originalité se trouve aussi clivante que fédératrice. Clivante car il est fort probable que les amateurs des formations précédemment citées ne se retrouvent absolument pas dans «
Promethean Pathology », ni de près ni de loin. Fédératrice car, dès lors que l’on est un peu versé dans les musiques bizarroïdes, bah là mon gars tu tiens un truc qui pourrait bien te faire friser la moustache. Certes, il ne faudra pas craindre les sonorités électroniques, ces dernières étant présentes tout au long des compostions, pas prépondérantes mais tout de même suffisamment marquées (« The Primal Principle ») pour légitimer une possible régurgitation franche. De mon côté, cela a rarement été un élément rédhibitoire, aussi je me goinfre allègrement de ces un peu moins de quarante minutes étranges que je peine sincèrement à rattacher à une quelconque mouvance stylistique.
Il reste que l’on pourra toujours trouver la démarche un peu trop
arty, branchouille, un truc pour émoustiller les coiffeurs mais, en l’occurrence, je trouve que la musique transpire une espèce de malaise quasiment palpable sans pour autant surenchérir dans des éléments extra-musicaux : pas de samples, pas de techniques outrancières, la musique s’avère finalement assez brute, simplifiée si on la compare aux groupes dont sont issus les instrumentistes, mais c’est justement ce dépouillement qui rend l’approche de
LYKOTONON si spécifique, si étrange également, ressentant à l’écoute une identité forte où le fond principalement orienté
death metal se voit transfiguré par des transfusions impies de musiques électroniques ou de
black déstructuré,
DHG étant cité en référence, mais peut-être plus sur la période
« 666 International », sans la folie technique inhérente aux Norvégiens.
Compte tenu de l’ampleur qu’a désormais pris
BLOOD INCANTATION, je doute que le quatuor trouve encore le temps d’offrir une suite à cette unique production (je ne compte pas la démo «
Ony Our Eyes Are Alive » de 2020), je ne sais d’ailleurs même pas si le concept mérite d’être développé outre mesure mais voilà dans tous les cas une sortie atypique, foncièrement en marge des scènes extrêmes que l’on connaît, mais manquant cependant peut-être de tranchant. Je veux dire, soit l’on pourrait attendre davantage d’expérimentations électroniques, soit le reliquat de
black death intellectualisé manque encore un peu de déstructuration pour jouer totalement son rôle d’explorateur, d’électron libre. Il reste que «
Promethean Pathology » s’installe en tant qu’album marginal, la séduction du quidam semblant être la dernière de ses préoccupations. Pour ma part, je me contenterai de ces sept titres aguicheurs qui, à mon avis, ne font qu’effleurer la pleine potentialité de cette réunion de compositeurs ambitieux.
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