J'ai découvert Nevermore sur le tard avec leur dernier album
This Godless Endeavor. C'était il y a plus de quatre ans déjà. Je me suis empressé d'acheter la discographie des Américains et d'écouter en boucle leurs oeuvres grandioses qui me transportaient où nul autre n'avait accès. Le gang de Seattle est vite devenu un groupe à part pour moi, considérant que Nevermore était peut-être ce qui était arrivé de mieux au metal depuis quinze ans. Un metal résolument moderne, à la fois puissant et catchy mais aussi sombre, mélodique, classieux et torturé, porté par la voix unique de Warrel Dane, rien de moins que le meilleur chanteur metal que la Terre ait jamais porté. Après des dizaines et des dizaines d'écoutes, difficile encore de citer un album en particulier tant la discographie de Nevermore est remplie de trésors.
The Politics Of Ecstasy,
Dreaming Neon Black et
Dead Heart In A Dead World semblent être le trio gagnant toutefois. Et
Dead Heart In A Dead World peut-être l'heureux élu, d'autant qu'il ne fait pas vraiment l'unanimité parmi les fans...et moi j'aime quand quelque chose ne fait pas l'unanimité!
A part un artwork assez horrible de Travis Smith,
Dead Heart In A Dead World est pourtant quasiment exempt de tout défaut, de mon point de vue du moins. Car en essayant de m'abaisser au niveau des misérables n'aimant pas cet opus, je peux comprendre qu'il ne soit pas toujours encensé.
Dead Heart In A Dead World suit l'évolution entamée sur le génialissime
Dreaming Neon Black sorti l'année précédente, c'est à dire une musique moins frontale que sur les deux premières réalisations et aux structures plus complexes et travaillées. En gros Nevermore s'enfonce dans le "progressif" en délaissant un peu le "thrash". D'où une musique sans doute moins facile d'accès de prime abord. Pourtant il n'en est rien et si
Dead Heart In A Dead World est effectivement un peu avare en passages rapides, il conserve toujours une forme de groove. La base de la musique des Américains reste après tout ce metal moderne, donc fortement saccadé, avec ces riffs puissants et accrocheurs nés du manche magique de la sept-cordes du grand Jeff Loomis dont l'impact se trouve renforcé par la production claire et massive d'Andy Sneap, et portés de main de maître par le jeu du batteur Van Williams, habile et plein de feeling comme à son habitude, le bassiste Jim Sheppard ne s'engageant lui pas souvent par contre ("Believe In Nothing" doit d'ailleurs être la seule exception notable). Il n'y a qu'à écouter "Narcosynthesis", "Inside Four Walls", "The River Dragon Has Come" ou "Engines Of Hate" pour s'en rappeler. Il y a même ce "The Sound Of Silence", piste la plus brutale et la plus thrashy du lot qui est en fait une reprise méconnaissable de Simon & Garfunkel, reprise absolument géniale d'ailleurs tant elle diffère de la version originale (magnifique, en passant) et s'incorpore parfaitement dans le registre du quatuor. Hé oui quatuor, Tim Calvert s'en est allé et n'a pas été remplacé. Un poste vacant de second guitariste que Nevermore a toujours eu du mal à combler de toute façon. Jeff Loomis ferait-il peur?
Bref, on reconnait sans peine la patte Nevermore qui ne change pas non plus du tout au tout. Juste que
Dead Heart In A Dead World est globalement moins rapide, moins agressif, moins immédiat que ses autres réalisations. L'opus a cela dit bien d'autres qualités le rendant spécial à mes yeux. Chacun des onze titres possède une aura particulière, bien à lui. C'est toujours le cas pour les albums de Nevermore mais c'est sur ce disque que c'est le plus flagrant, faisant de ce
Dead Heart In A Dead World l'opus le plus varié du combo outre-Atlantique. L'heure que dure l'oeuvre est ainsi sans doute la plus "rapide" quand je l'écoute tant il y a matière à rêver et oublier la réalité. Et des fois, ça ne se joue qu'à un petit détail comme sur le final "Dead Heart In A Dead World", power-ballade émotionnellement très puissante qui commence comme si on la jouait sur une vieille platine vinyle. Ca n'a l'air de rien mais moi, ça me donne des frissons à chaque fois!
Mais encore une fois, c'est surtout grâce au duo inégalable Loomis/Dane que les compositions prennent une autre dimension. Je ne le répèterai jamais assez mais Jeff Loomis est probablement l'un des guitaristes les plus doués de sa génération, sublimant un shredding parfois froid et distant en lui donnant chaleur et émotion grâce à un toucher et un feeling sans pareil. Leads, soli, c'est du grand art, difficile d'en citer un échantillon tant tous paraissent magnifiques. Et comment ne pas succomber quand le bonhomme prend sa guitare acoustique sur "The River Dragon Has Come", "The Heart Collector" ou "Believe In Nothing"?! Quant à Dane, c'est vraiment lui qui fait de Nevermore un groupe unique grâce à son timbre particulier et son registre aussi varié qu'envoûtant. Lui qui recueille le plus de critiques aussi. Car ses vocaux atypiques et inclassables en détournent plus d'un de la musique du groupe. On pourrait le rapprocher d'un chanteur heavy mais ce n'est pas vraiment ça (ça l'était quand le bonhomme sortait sa voix de fausset dans Sanctuary), c'est beaucoup plus que ça. Si vous n'aimez pas les voix heavy ou le chant clair en tout cas, il y a peu de chance que vous accrochiez à Dane. Tant pis pour vous! Moi je me régale à chaque mot prononcé, ses paroles souvent sombres et amères sur l'homme et la société étant aussi foutrement bien écrites que chantées. Elles sont certes ici moins poignantes que sur le très triste et sombre (limite gothique)
Dreaming Neon Black mais on a quand même le droit à des refrains énormes, "We Disintegrate", "Inside Four Walls", "Evolution 169", "The Heart Collector", "Insignificant", "Dead Heart In A Dead World" remportant les lauriers et faisant de ces morceaux mes préférés de l'album et parmi les meilleurs titres de la discographie du groupe.
Alors oui
Dead Heart In A Dead World n'est pas l'album le plus véloce de Nevermore, oui la production d'Andy Sneap peut paraître un peu stérile car trop mécanique et oui certains morceaux ou du moins passages sont un peu en-dessous du reste mais pour moi il est clair qu'il fait partie des meilleurs opus du groupe, au même titre que
The Politics Of Ecstasy,
Dreaming Neon Black ou
This Godless Endeavor. Je l'ai d'ailleurs longtemps considéré comme mon favori. De toute façon, quand on décide de plonger dans Nevermore, difficile de se tromper. Sorte de heavy/thrash mélodique moderne aux structures et aux ambiances tirant parfois sur le progressif, Nevermore est un groupe unique qui joue dans sa propore catégorie. Un groupe qui mélange à merveille groove et agressivité d'aujourd'hui à des mélodies intemporelles, aussi belles et envoûtantes qu'elles peuvent se faire sombres et désespérées. Mais la plus belle victoire de Nevermore, c'est sans doute de rassembler des métalleux de tous horizons, fans de heavy, de thrash ou même de death. Voilà comment devrait toujours sonner le metal moderne!
8 COMMENTAIRE(S)
30/11/2009 09:16
29/11/2009 17:57
Les deux suivants sont heureusement d'un tout autre niveau.
29/11/2009 16:58
Sinon suis-je le seul à avoir remarquer que le riff thrashisant sur le titre éponyme a été repris plus tard sur la chanson This Godless Endeavor? :8
29/11/2009 14:58
29/11/2009 13:14
Bref sacré album!
T'as pas dû bien lire alors, j'y fais allusion (brièvement certes)
Oups...euh...ouais mais t'en parles pas assez! Voilà!
29/11/2009 13:12
29/11/2009 12:57
Bref sacré album!
T'as pas dû bien lire alors, j'y fais allusion (brièvement certes)
29/11/2009 12:33
Bref sacré album!