Stress Angel - Bursting Church
Chronique
Stress Angel Bursting Church
De plus en plus régulièrement on voit débarquer de nulle part d’obscures formations bourrées de talent, qui ne demandent qu’à voir la lumière afin sortir de l’underground où elles sont confinées et qui souvent regorge de bonnes surprises, et de ce point de vue-là ce duo de Brooklyn est en total accord avec ce ressenti même si l’on ne sait rien ou presque sur lui hormis que cette sortie est son premier album. Finalement on se fout un peu de tout cela car ce qui compte c’est la musique et pour ça aucune déception n’est à prévoir, tant cet opus est une réussite totale de bout en bout qui nous fait faire un voyage jouissif et agréable dans un passé de plus en plus lointain. Car évoluant dans un Blackened Death Metal primitif à souhait et joué majoritairement à cent à l’heure le binôme va nous renvoyer autant vers les SLAYER des débuts quand il lâche les chevaux, que vers BLACK SABBATH quand il lève le pied et y ajoute une touche de synthé angoissant et d’une noirceur extrême. Si ce mélange des genres peut se montrer de prime abord assez casse-gueule on va se rendre compte dès la plage d’ouverture que les différents éléments proposés vont s’agglomérer à merveille les uns avec les autres.
En effet d’entrée avec « Flaming Kingdom » le combo va nous sortir tout un condensé de ses différentes rythmiques et influences, entre vitesse élevée (ponctuée de nombreux roulements de batterie et descentes de toms) et cassures Doom suffocantes d’où émerge des riffs ultra-simples et cradingues aidés par une voix en réverb’ qui donne la sensation que tout a été enregistré live et en une seule prise. Sous ses airs bas du front l’écriture des deux acolytes se montre cependant plus fine qu’il n’y paraît, gardant tout du long une fluidité imparable malgré une certaine redondance générale, un défaut difficilement évitable avec un genre si dépouillé. Néanmoins on va se rendre compte que tout cela n’est pas un souci majeur vu que les compos ne s’éternisent jamais vraiment en longueur afin de conserver leur force de frappe et leur entrain contagieux, tant ça donne envie de souvent remuer la tête et de pogoter comme un fou à l’instar des équilibrés et énergiques « Bursting Church », « Godless Shrill », « Angel Of Stress » ou encore « Final Doom » qui misent sur l’alternance des tempos tout en gardant une haute vitesse de croisière. Cependant malgré sa simplicité de façade la bande va aussi montrer qu’elle est capable de créer quelque chose de plus épais et consistant, comme avec le rampant et écrasant « Exposure To A Disease » où la violence augmente d’un cran ou le plus lent « Life Alert » qui met le pied sur le frein de façon plus présente afin de noircir un peu plus le sentiment global de ce disque. D’ailleurs pour y arriver correctement les américains vont ajouter du clavier par petites touches mais suffisamment pour y créer une ambiance plus occulte et quasiment religieuse, tant sur « Starving In A Closet » on a l’impression d’entendre de l’orgue à son début comme sur sa conclusion… cette ambiance théologique se retrouvant également sur le très bon « Providence » qui prend son temps avant d’exploser complètement et de revoir le tempo poussé au maximum.
Sentant l’humidité, la sueur et la crasse par tous les bouts ce long-format ne réinvente pas la roue mais fait passer un excellent moment, propice au défouloir et à la mise en sommeil du cerveau durant un peu plus de quarante minutes. Ne cherchant en aucun cas à être moderne ni politiquement correct (il suffit de voir cette pochette délicieusement rétro et parlante pour en être convaincu) l’ensemble balance la purée sans chercher plus loin, hormis rendre hommage aux pionniers du Metal extrême. Si quelques longueurs dues à une répétition des riffs et des patterns peuvent se faire entendre sur sa seconde moitié il n’en reste pas moins que cette galette a de nombreux atouts à faire valoir, et il est sûr que les amateurs de radicalité primitive vont être servis et ravis confirmant qu’ils ont tout intérêt à se pencher dessus, au risque pour eux de rater une excellente découverte que l’on appréciera réécouter régulièrement. Tout à fait le genre de truc parfait pour l’été et ses hautes températures qui feront d’autant plus ressentir le souffle du Démon et de ses légions qui ne sont jamais bien loin, tant ce disque sent le soufre en permanence pour un plaisir auditif intégral.
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